La situation difficile dans laquelle sont empêtrés les établissements d’enseignement secondaire n’évolue guère dans le sens du dénouement : la preuve, les enseignants étaient en sit-in, le 8 janvier et en grève de 72 heures, à compter de ce mardi 9 janvier 2018.
« – S’il vous plait, Madame prenez nos dossiers [du BEP, et du BAC] Pas question tant qu’on ne va pas nous écouter »
Cet échange qui s’est produit au Lycée Technique National entre des élèves, dossiers en mains, et une enseignante, qui a vite fait de s’engouffrer dans son véhicule et de filer sous les encouragements de ses homologues, en ce jour de sit-in, est une parfaite illustration de la situation des établissements scolaires depuis le mois d’octobre 2017. Et pour le moment, rien ne semble annoncer la fin de ce bras de fer, bien au contraire. « Au cours du premier trimestre, nos sit-in étaient hebdomadaires. Nous avions choisi les jeudis pour le faire. Depuis la reprise, nous ferons des sit-in tous les lundis et mercredis de 07heures à 10 heures et comme le gouvernement ne propose rien de concret, nous irons en grève les 09, 10 et 11 janvier », explique Madame Sandwidi, Professeur de bureautique pour qui la balle est dans le camp du gouvernement.
- Pour Madame Sandwidi, professeur de Bureautique au Lycée Technique National, les enseignants sont disposés à faire des sacrifices pour sauver l’année si les revendications sont satisfaites
A quelques encablures de là, se trouve le lycée Azimut. Ici l’atmosphère est tout autre et les cours ne semblent pas perturbés par le sit-in. Pour le Censeur, Dieudonné Léopold Ouédraogo, les syndicats devraient saisir la perche tendue par le gouvernement, c’est-à-dire attendre le mois de février qui verra le Haut-conseil du dialogue social étudier les questions salariales dans leur ensemble. Il reste que les revendications des enseignants ne portent pas que sur les aspects du traitement salarial. Elles comprennent en effet quatre (04) principaux points à savoir : l’adoption d’un statut valorisant le personnel de l’Education et de la Recherche, l’amélioration de l’accès à l’Education, des conditions de travail pour une efficacité du système éducatif ainsi que la revalorisation de la profession enseignante.
Du coté des élèves, si on avoue suivre la situation avec inquiétude, le soutien aux revendications des syndicats est de mise : « Même si nous subissons la crise de plein fouet, nous menons aussi des actions pour parvenir à une solution. Actuellement, nous instruisons les sections à tenir des Assemblées Générales pour nous proposer des solutions. Les revendications des syndicats sont celles de tout le système éducatif et pas seulement celles des enseignants », analyse le président de l’Association des élèves du Secondaire de Ouagadougou (AESO), Dramane Sankara, pour qui l’alibi d’une probable année blanche ne peut pas emmener les élèves à se désolidariser de leurs enseignants.
Les enseignants, eux, estiment avoir tout de même des remèdes pour éviter le scénario catastrophe pourvu que leurs doléances soient satisfaites : « Nous sommes disposés à travailler plus que d’habitude pour sauver l’essentiel quitte à travailler les soirs et les fins de semaines », assurent quelques professeurs. Au lycée Azimut, l’administration a pris les devants : « Dès le premier trimestre, nous avons essayé de colmater les brèches en programmant des cours les après-midis », affirme le censeur Dieudonné Ouédraogo.
- « Notre plateforme est minimale » estime le SG du SYNATEB, François de Salles Yaméogo
En attendant, la grève du 09 connait une grande adhésion des quinze (15) structures syndicales affiliées à la Coordination Nationale des syndicats de l’Education (CNSE) même si la Primature ait mis sur pied un comité de réflexion à ce sujet. « Nous constatons que ledit comité a décidé d’aller lentement alors que la situation est d’une grande urgence. Notre aurait été que le comité en question parvienne à des conclusions heureuses. Or ce n’est pas le cas actuellement », s’insurge François de Salle Yaméogo du Syndicat national des travailleurs de l’Education de Base (SYNATEB). Pour lui, les doléances sont loin d’être hors de la portée du gouvernement.
Soumana Loura
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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