Les Transporteurs routiers du Burkina sont de nouveau en grève depuis ce vendredi 4 août 2017 jusqu’à nouvel ordre. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de réclamer de meilleures conditions de travail à travers l’application de la convention collective signée en 2011, mais de condamner les bastonnades que certains d’entre ont subies mardi dernier à Tenkodogo lorsqu’ils ont refusé de payer au niveau de la douane une taxe du fait qu’ils n’étaient pas informés de son existence. Cette grève a paralysé quelques stations-services dans la ville de Ouagadougou. Constat !
Il est 6h00. Le soleil est prêt à faire son périple quotidien. Ouagadougou, la capitale burkinabè se réveille peu à peu. Les femmes de la brigade verte chargées de dépoussiérer la ville et la rendre plus belle au petit matin, s’étirent aux abords des routes pour reprendre du tonus et affronter le reste de la journée. A califourchon sur leur bicyclette, elles retournent à d’autres occupations. Les points de commerces s’ouvrent peu à peu et le calme de Ouaga est perturbé progressivement par le vrombissement et les klaxons des véhicules.
Aujourd’hui, c’est vendredi, c’est le début du week-end, mais c’est un jour bien différent des autres. C’est celui de la ruée vers le carburant. C’est un jour qui rappelle bien les dernières heures avant l’insurrection populaire d’octobre 2014 ou le coup d’Etat de septembre 2015, où des stations ont été prises d’assaut par les Ouagavillois. Aujourd’hui débute la grève des transporteurs routiers et ce jusqu’à nouvel ordre. Les transporteurs sont fâchés. Ils ont du mal à digérer les bastonnades de la gendarmerie qu’ont subies certains d’entre eux, le mardi dernier à Tenkodogo. Et pour cause, ils auraient refusé de payer une taxe de l’UEMOA dont ils disent n’avoir pas connaissance. C’est donc pour dénoncer cela qu’ils sont entrés en grève. Et comme l’on pouvait s’y attendre, cet arrêt de travail n’a pas tardé à se faire sentir sur les activités des stations-services.
Lorsque nous sommes arrivés à la station Petrofa située près de l’échangeur de l’Ouest, ce matin aux environ de 7h30mn, un cordon de sécurité avait été installé. Pas de service aujourd’hui. Le pompiste que nous avons rencontré nous a clairement expliqué qu’une commande a été lancée depuis le lundi dernier au centre de dépôt de Bingo mais qu’aucune citerne n’a plané dans les parages. Et ce n’est qu’hier (jeudi 3 août) vers 18h que le stock de la station s’est épuisé.
Pourtant la situation est quelque peu différente du côté de la station Total, à quelque 400 m près du marché de Gounghin. Même si les deux roues ne peuvent se ravitailler depuis la veille, aux environs de 19h, les véhicules, eux, peuvent toujours avoir le précieux jus. Le gérant de cette station, M. Meité Mansangué que nous avons rencontré nous a confié que le stock était d’à peu près 5000l ce matin, de quoi tenir toute la journée si l’affluence reste constante. Il nous a également soufflé qu’au niveau de la station Total Kadiogo, située près du pont Kadiogo, il ne restait qu’environ 2000l de stock de gazole.
Si la pénurie est imminente dans certaines stations, ce n’est vraisemblablement pas le cas des stations Oilibya près du monument de la Bataille du rail et Shell près de la Maison du peuple. Dans ces deux stations, l’on confie s’être ravitaillé la veille. Mais « on ne sait pas jusqu’à quand l’on pourra tenir car il suffit qu’il y ait rupture dans deux ou trois stations pour que l’affluence soit grande au niveau des autres. Et comme on ignore quand le mot d’ordre sera levé, c’est difficile de vous dire jusqu’à quand l’on pourra tenir », a indiqué Kabré Harouna, sous-gérant de la station Shell.
Du côté des clients, c’est le mutisme total. Aucun des usagers que nous avons rencontré n’a voulu s’exprimer sur cette pénurie dans les stations-services visitées. Ils avaient toujours l’air pressé à la vue de notre calepin et de notre stylo. En attendant donc que les Transporteurs routiers ne lèvent le mot d’ordre de grève, il y en a qui vont bien se frotter les mains. Il s’agit vendeurs de carburant dans les bouteilles dans les quartiers et aux abords des routes.
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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