Présent à Accra au Ghana dans le cadre de l’investiture du président Nana Afufu-Addo, le président du Faso a rencontré la communauté burkinabè vivant dans ce pays voisin. Roch Kaboré s’est entretenu avec ses compatriotes sur différents sujets. De leurs problèmes dans le pays d’accueil, en passant par l’actualité du Burkina Faso, c’est sans langue de bois que les échanges ont eu lieu dans la soirée du 7 janvier 2016.
Avant le début des échanges, une minute de silence a été observée pour honorer la mémoire de tous les Burkinabè tombés suite aux attaques terroristes.
Selon l’ambassadeur du Burkina Faso au Ghana, Clémence Traoré, les problèmes de ses compatriotes se résument entre autres à la carte d’identité de l’étranger qui coute 120 dollars. Elle a également souligné les différentes tracasseries subies, le vote des Burkinabè de l’étranger et l’épineux problème de conflits entre éleveurs (surtout Burkinabè en transit) et les agriculteurs notamment ghanéens.
D’autres intervenants se sont penchés sur les conditions difficiles des étudiants au Ghana, les entraves à faire du business avec les hommes d’affaires burkinabè, et la problématique du retour au pays natal (selon certains, il est difficile de s’intégrer au Burkina quand ils y retournent, parce que traités de ghanéens).
Bien que loin de leur patrie, les Burkinabè sont au parfum de l’actualité du pays. Ainsi, ils ont saisi l’occasion pour en savoir davantage sur la question des koglweogo. « Nous allons les traiter dans le cadre de la police de proximité, ce qui permet d’éviter les problèmes de droits de l’homme », a répondu le président pour qui les Koglweogo et l’état de droit, c’est comme les dents et la langue. Elles s’écorcent souvent, mais sont condamnés à cohabiter.
Roch Kaboré a fait le diagnostic du pays à ses interlocuteurs. Il a noté la situation difficile du début de son mandat, marqué par des attentats. Sur le plan politique, le chef de l’Etat a fait cas de la nouvelle constitution en gestation, portée par la commission constitutionnelle.
Parlant de la réconciliation nationale, le président a noté la mise en place du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) qui a déjà reçu environ 5000 dossiers. « En cette matière, on ne peut pas enjamber des cadavres pour faire la réconciliation. Il y aura d’abord la justice et après on peut se réconcilier, parce qu’on sait de quoi les gens sont morts », a-t-il martelé en poursuivant que les autorités sont engagées pour que les procès se déroulent et que la justice soit dite.
Sur le plan économique, le président a mentionné la réussite de la conférence des partenaires pour le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES) qui s’est tenue à Paris en décembre dernier. Les promesses de financement de ce référentiel de développement du Burkina pour les 4 années à venir, sont une marque de confiance aux nouvelles autorités ; tout comme l’éligibilité du Burkina Faso pour un deuxième compact du MCA.
« La balle est dans notre camp. C’est à nous de montrer que nous méritons cette confiance. 2017 sera une année de travail et de réalisation et c’est ça qui va trancher avec tout le bavardage que nous faisons », a-t-il dit avant d’inviter les Burkinabè de l’étranger à s’investir pleinement pour le développement de la mère patrie, parce que, a-t-il poursuivi, « si vous dormez sur la natte d’autrui, vous dormez à terre ».
Concernant la carte d’identité imposée aux Burkinabè, comme aux autres communautés étrangères vivant au Ghana, Roch Kaboré a promis que des discussions seront entamées avec les nouvelles autorités « pour voir dans quelle mesure ces cartes peuvent être dispensées pour les pays membres de la CEDEAO, d’autant plus que nous avons une carte de la CEDEAO que nous sommes en train de développer(…) ».
Parlant du vote de la diaspora burkinabè, c’est un devoir parce que cela fait plus de 15 ans que cette éventualité est évoquée, a laissé entendre le président Kaboré. « Ce sera un échec pour nous si en 2020, nous n’arrivons pas à faire voter les Burkinabè ». D’ores et déjà, il a annoncé la venue prochaine de missions consulaires pour les enrôlements.
Et en ce qui concerne les conflits entre éleveurs et agriculteurs, le ministère des affaires étrangères du Burkina a déjà le problème sur la table et effectuera bientôt une mission auprès des autorités ghanéennes en vue de trouver des solutions.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Photos : Présidence du Faso
1- Expression en langue nationale mooré pour désigner les Burkinabè de la diaspora
Source: LeFaso.net
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