Le front social est plus que jamais animé. A côté des agents de la fonction publique et de certaines entreprises privées, il faut désormais compter parmi les mécontents, les travailleurs de la commune de Ouagadougou. Ils observent depuis 6 octobre 2016, un sit-in de 48h pour demander la relecture rapide de la loi 027, sensée améliorer leurs conditions de vie et de travail.
« Non au statut de sous-fonctionnaire », « non aux avancements suicidaires de 925f tous les deux ans », ce sont autant de messages que l’on pouvait lire sur les pancartes brandies par les manifestants, visiblement remontés.
Le côté ouest de la marie centrale de Ouagagougou, juste devant la radio municipale était animée en cette matinée du 6 octobre au premier jour du sit-in des agents de la commune. Ils étaient nombreux, les agents communaux sortis manifester leur ‘’exaspération » et dénoncer les conditions de vie et de travail malheureuses auxquelles ils sont astreints. Les locaux de la radio étaient vides, la salle de rédaction n’enregistrait aucun journaliste.
« Nous réclamons l’aboutissement très rapide et la mise en œuvre de la loi 027 qui est présentement en relecture », explique John Bernardin Nikiéma, secrétaire général du SYTRAO (syndicat de travailleurs de la commune de Ouagadougou).
Ladite loi est sensée revaloriser la grille salariale et indemnitaire des agents de la commune, partant de l’ensemble des travailleurs des collectivités territoriales.
« Le conseil des ministres du 28 septembre a adopté deux décrets portant revalorisation du régime et grille salariale du personnel de la police municipale. Ces deux décrets avaient fait l’objet de revalorisation en 2013 au détriment de l’ensemble des agents des collectivités territoriales. En 2013 nous avons dit que nous allons patienter en espérant être pris en compte… », a poursuivi le secrétaire général qui dénonce et regrette une discrimination.
Pour trouver une solution à ses revendications, le syndicat dit avoir demandé une audience au ministre de tutelle. Mais Simon Compaoré, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure n’a pas daigné les recevoir. Mais par une lettre, il a fait savoir aux agents « que le dossier était toujours dans le processus sans pour autant donner une échéance ».
Par contre, plus tard, à la demande du ministre lui-même, le syndicat a été reçu à son cabinet avec le maire de la ville de Ouagadougou, les représentants des associations des municipalités du Burkina et l’association des régions du Burkina. « Le ministre (Simon Compaoré) a réaffirmé son engagement et sa disponibilité à ce que la relecture de la loi soit faite très vite. Malheureusement une échéance ne nous a pas été donnée, ce qui nous met dans l’embarras », note John Bernardin Nikiéma.
Le sit-in prend fin ce 7 octobre 2016. Et le Syndicat national des travailleurs des collectivités du Burkina Faso prendra le relais. Il a décrété une grève de 72 h à partir du lundi 10 octobre pour les mêmes raisons. « Il n’y a pas de raison que nous ayons attendu pratiquement 10 ans et que le problème n’est toujours pas réglé », fulmine le secrétaire général John Bernardin Nikiéma, pour qui le problème doit être pris à bras-le-corps par les autorités parce que la commune de Ouagadougou avec une trentaine de directions est plus grande que certains ministères.
« Notre ministre (Ndlr. Simon Compaoré ancien bourgmestre) de tutelle a passé 17 ans à la tête de la mairie centrale de Ouagadougou. Il est sorti grandement, par la grande porte et c’est grâce aux agents qui l’ont servi dignement, avec loyauté », commente un manifestant micro en main. Dans cet environnement où la colère se conjugue au pluriel, il arrive à arracher le sourire des frondeurs en ces termes ; « Il y a des services à la mairie, avant de les occuper, il faut fonder un foyer, sinon après c’est impossible. J’ai personnellement commencé le travail souvent à 7h pour le terminer à 3h du matin et rentrer. Quand on rentre, fatigué, on est inefficace », hilarité générale, mais qui semble traduire la dureté de leur service au quotidien.
Source: LeFaso.net
Commentaires récents