Les étudiants de 6ᵉ année de médecine de l’Université Joseph Ki-Zerbo en mouvement d’humeur, ce lundi 3 février 2025 à Ouagadougou, ont finalement accordé leurs violons avec l’administration. Ils refusaient la rentrée académique de leurs cadets de la 5ᵉ année qui vont les rattraper, alors qu’eux, ils n’ont pas encore terminé leur programme. Après trois heures d’échanges, les différentes parties semblent avoir trouvé un consensus.

Une chaude matinée pour les étudiants de l’Unité de formation et de recherche des sciences de la santé (UFR/SDS). Ce lundi 3 février 2025 à 7h marque le début des cours au titre de l’année académique 2024-2025 en licence 2, licence 3, master 1, master 2 et doctorat 1, à en croire la note d’information en date du 30 janvier 2025. Cette rentrée académique n’est pas effective.

Les étudiants de la 6ᵉ année de médecine (2023-2024) sont mécontents. Leur année académique n’est pas encore terminée. « Ce matin, mes camarades et moi sommes là pour revendiquer nos droits. Ils veulent faire un chevauchement avec la 6ᵉ année entrante. On n’a pas encore fini, même notre première session, donc ne parlons pas de la deuxième session. Si les six années rentrent, qu’est-ce qu’on va faire pour rattraper ce retard ? », questionne Jonas Ilboudo, étudiant en 6e année sortante.

Jonas Ilboudo, étudiant en 6ᵉ année sortante

Leur mot d’ordre est clair : leurs cadets ne doivent pas les rattraper. « On ne peut pas accepter qu’une autre promotion de 6ᵉ année entre pour s’ajouter à une autre 6ᵉ année qui est déjà là », tranche Jonas Ilboudo.

Privilégier le dialogue

Les étudiants ont prévu d’organiser une manifestation, mais l’administration a tenu à échanger avec eux pour trouver un terrain d’entente. Au cours d’une rencontre à l’amphithéâtre A600, l’administration a demandé aux étudiants de faire « des propositions concrètes » et de mandater leurs représentants qu’elle va rencontrer pour trouver un consensus.

Avant toute négociation, les étudiants ont demandé l’annulation de la note d’information marquant le début des cours de l’année académique 2024-2025 pour ce lundi 3 février 2025 à 7h00. L’administration, quant à elle, a été ferme : aucune note ne sera annulée sans consensus. Et de rappeler aux étudiants que « la négociation n’est pas un signe de faiblesse ».

Pendant que l’administration était en train d’échanger avec les étudiants de la 6e année entrante, les sortants sont réunis dans une autre salle pour faire la liste de leurs revendications. Leurs porte-paroles doivent rencontrer l’administration afin d’en discuter.

« Ça va pas finir, s’ils n’annulent pas la rentrée des petits », brandit un étudiant de la 6ᵉ année sortante dans la foulée

Une si longue attente…

Enfermés à 12h, à huis-clos pour les pourparlers, c’est finalement à 15h que les représentants des étudiants et l’administration ont pu terminer leur rencontre.

C’est avec des sourires aux lèvres que les différentes parties sont sorties de la salle de réunion. Des propositions de sortie de crise ont été faites et les représentants des étudiants (5ᵉ année et 6ᵉ année) doivent faire le point à leurs camarades qui piaffaient d’impatience.

Les représentants de la 6ᵉ année sont accueillis avec des coups de sifflets dans l’un des amphis par leur base. Le délégué de la promotion, Franck Ouédraogo, a fait le point de l’entrevue. Selon lui, il est ressorti que la 5ᵉ année va commencer les cours. Mais par des modules qui ne « contiennent pas beaucoup de difficultés de compréhension et de validation ». Les gros modules, beaucoup plus complexes, explique-t-il, seront programmés à la fin, après leur session de rattrapage.

Le délégué de la 6ᵉ année, Franck Ouédraogo, espère que les engagements seront respectés

Il a aussi indiqué que l’administration a pris l’engagement de fournir les résultats de la première session le 8 février 2025. Elle s’est engagée aussi, poursuit-il, à œuvrer au démarrage des stages au plus tard début mars.

L’engagement a été pris aussi pour rassurer les étudiants de cette promotion sortante qu’il n’y aura pas de difficultés dans le payement des frais de stage rural.

Après cette mise au point, les étudiants ont soulevé quelques inquiétudes et fait des propositions qui ont été, par la suite, portées par leurs mandataires auprès de la direction de l’UFR. Avant que leurs messagers ne quittent la salle pour soumettre les propositions, des voix s’élevaient pour mettre en garde l’administration en cas de non-respect des engagements pris. Il faut que la parole soit respectée, scandent-ils. « Si jamais le 8 février, nous n’avons pas les résultats, nous allons nous faire entendre », a prévenu une étudiante du fond de la salle.

Chez les étudiants entrants, notamment ceux de la 5ᵉ année, le compromis est accepté. « Il a été décidé lors de la réunion que nous allons commencer par des modules que la majorité de nos aînés ont validés. En plus, les évaluations se feront lorsqu’ils auront les résultats de leur deuxième session. Nous avons fait la proposition à nos camarades. Comme nous sommes une famille, ils ont dit qu’il n’y a pas de problème », a laissé entendre le délégué de la 5ᵉ année, Paul Coulidiati.

Le délégué de la 5ᵉ année de médecine, Paul Coulidiati, se dit favorable aux différentes recommandations formulées lors de la réunion

Un sens de l’écoute salué

C’est un directeur d’UFR soulagé que nous avons rencontré dans son bureau après la réunion. En attendant de recevoir les étudiants pour leurs propositions après consultations avec leurs différentes bases, il s’est réjoui du bon dénouement de la situation.

Le Pr Dieu-Donné Ouédraogo a profité de cette occasion pour saluer l’implication du président de l’université. « Il faut saluer le président de l’université. Nous sommes permanemment en communication depuis le début de cette crise à la recherche des solutions », a-t-il laissé entendre.

Le directeur de l’UFR/SDS, Pr Dieu-Donné Ouédraogo, a invité les étudiants à s’inscrire dans une démarche de recherche de solutions aux retards

Il a également félicité les étudiants pour leur disponibilité, rassurant que les engagements pris seront respectés. « Il n’y a plus d’inquiétude sur les frais de stage rural. Avant, il n’y avait pas de texte, mais maintenant il y a un décret qui a été pris dans ce sens. Pour les résultats de la deuxième session prévus pour le 8 février. La promesse sera tenue », a-t-il affirmé.

Il a rappelé par ailleurs que l’objectif est de rattraper les retards. Et toute initiative s’inscrivant dans cette dynamique est à encourager, a-t-il ajouté.

Cryspin Laoundiki

Serge Ika Ki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net