C’est un bilan satisfaisant que les 54 délégations, organisations et institutions régionales et continentales africaines participant à la première conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique, tenue les 9 et 10 novembre 2024 à Sotchi, Russie, affirment tirer à l’issue de ces journées d’intenses activités. Entre plénières et rencontres bilatérales, le ministre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, Karamoko Jean-Marie Traoré, présente le séjour et ses perspectives.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces deux journées n’ont pas été de tout repos pour le chef de la diplomatie burkinabè et sa délégation, distinguables également dans les allées et coulisses de cette imposante infrastructure qui a abrité l’évènement, par le style en Faso Danfani. Clôture officielle du symposium certes, aussi visible le poids de la fatigue, mais le ministre Traoré a, à l’instant, une rencontre avec ses homologues de l’AES (Alliance des États du Sahel). En route donc pour cet aparté, un bilan-critique du séjour. « Nous repartons de cette première Conférence ministérielle Russie-Afrique, très satisfaits. Satisfaits, dans la mesure où les objectifs fixés au départ, qui étaient d’abord de procéder à l’évaluation des orientations qui avaient été données depuis Saint-Pétersbourg par les chefs d’Etat (juillet 2023 : ndlr), de discuter sur les perspectives de leur mise en œuvre et ensuite travailler à ce que nous puissions, au niveau bilatéral, avoir des échanges avec nos partenaires russes. Au terme donc de ce sommet, je dirais que, pour le premier point, nous avons effectivement pu, entre ministres des affaires étrangères des différentes délégations, travailler à apprécier le niveau d’avancement des orientations qui avaient été données. L’évaluation de la mise en œuvre des grandes orientations qui ont été données à Saint-Pétersbourg donne satisfaction ; puisqu’il y a des engagements qui ont été pris de part et d’autre, et nous constatons qu’il y a une mise en œuvre satisfaisante. La Russie avait promis de renforcer son architecture de présence au niveau de l’Afrique. Et comme vous le savez, depuis lors, l’Ambassade, pour ce qui concerne le Burkina Faso, a été ouverte, elle travaille toujours à renforcer la présence en termes de personnel et de diversification des prestations. Pour ce qui concerne la question des soutiens mutuels au sein des espaces multilatéraux, là aussi, nous avons tiré une grande satisfaction », a exposé le ministre Traoré.
Selon le ministre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, il est ressorti des concertations que, sur le plan commercial, un travail doit être fait, pour renforcer et améliorer le volume des échanges. A ce niveau, précise-t-il, les Etats doivent travailler à ce qu’il y ait le maximum d’échanges de délégations possibles entre les hommes d’affaires russes et burkinabè. Les parties burkinabè et russe ont également jugé nécessaire de « réfléchir sur une architecture financière mondiale qui innove et qui permette aux pays africains » d’avoir leur mot à dire dans le mécanisme des échanges commerciaux sur l’échiquier international.
« Concrètement, nous sommes convenus, et nous avons accepté, que nous devons travailler davantage à faire en sorte que les décisions mondiales ne se résument plus à un groupe de cinq pays, mais qu’il y ait davantage d’ouverture pour permettre aux Africains d’avoir leur mot à dire », a expliqué Karamoko Jean-Marie Traoré.
L’Union africaine interpellée sur la lutte contre le terrorisme
Sur le volet bilatéral, le ministre est également allé dans des détails. « Nous avons eu une audience très riche, fructueuse, avec notre homologue de la Russie. Audience qui nous a permis aussi de faire le point de l’état de la coopération entre la Russie et le Burkina Faso ; le niveau de mise en œuvre des accords, l’état d’avancement des négociations des différents instruments de coopération qui existent entre les deux. Et nous avons convenu de travailler à faire avancer aussi les choses à ce niveau. Naturellement, ce qui a été constaté au plan global, se ressent aussi au niveau spécifique du Burkina Faso, en ce qui concerne le volume des échanges commerciaux, que nous devons travailler à renforcer. C’est d’ailleurs dans ce cadre que l’Ambassade a travaillé d’arrache-pied ici, pour pouvoir tenir les premières journées économiques, qui ont tenu toutes leurs promesses et ont permis aux hommes d’affaires burkinabè d’avoir des contacts déjà au niveau de la Russie. Nous allons travailler en sorte que ces contacts puissent davantage produire leurs fruits dans la perspective », a-t-il relevé.
Relancé sur une question relative au renforcement de l’axe Ouaga-Moscou, à travers notamment leur représentation diplomatique, le ministre n’a pas fait dans la langue de bois. « Depuis son ouverture, et ça a fait partie justement d’une des préoccupations que nous avons soulevées durant l’audience avec la partie russe. Certes, l’Ambassade est ouverte aujourd’hui, il y a une partie du personnel qui permet déjà au niveau politique d’assurer un dialogue permanent entre la Russie et le Burkina Faso, mais ce n’est pas suffisant. Il y a la dimension coopération militaire sur laquelle nous travaillons, le Burkina a déjà un attaché de défense ici (en Russie), la Russie vient de désigner son attaché de défense, qui va certainement prendre fonction. Mais au-delà, pour répondre aux préoccupations au niveau du volet commercial, il est nécessaire de faciliter les échanges de délégations et pour cela, il faut forcement que les services consulaires soient fonctionnels de part et d’autre. Au niveau du Burkina, c’est le cas. Et nous avons soulevé la préoccupation, pour que la partie russe fasse en sorte que dans les meilleurs délais, nous puissions disposer, au niveau de l’Ambassade de Russie à Ouaga, d’un service consulaire. Cela permettra de rassembler l’ensemble des conditions pour faciliter les déplacements et les échanges entre les hommes d’affaires et les institutions du Burkina Faso et de la Russie », rend compte le patron de la diplomatie burkinabè.
Interrogé également sur le traitement réservé par la conférence au sujet du phénomène terroriste, Karamoko Jean-Marie Traoré a d’abord fait savoir que la préoccupation a été soulevée par beaucoup d’autres pays, parce qu’il n’est pas seulement qu’au Sahel. « Nous avons échangé dans un esprit d’ouverture, pour faire le constat qu’il n’est pas normal qu’il n’y ait pas davantage d’effort au niveau de l’Union africaine contre cette question sécuritaire. L’institution doit davantage travailler à non seulement mobiliser ses membres, mais aussi à prendre des mesures concrètes pour que nous puissions venir à bout de ce phénomène », a expliqué le ministre.
<p class="note" style="position: relative; color: #012b3a; margin: calc(23.2px) 0px; padding: calc(9.6px) 40px; border-left: 5px solid #82a6c2; background-color: #eaf0f5; border-top-color: #82a6c2; border-right-color: #82a6c2; border-bottom-color: #82a6c2; font-family: Montserrat, sans-serif;" data-mc-autonum="Note: « >Lire aussi : Fédération de Russie : Le Niger reconnaissant…, le Burkina exhorte également à valoriser le potentiel de coopération
Oumar L. Ouédraogo
De Sotchi
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents