Le musée national du Burkina Faso est un espace culturel où sont mises en lumière les valeurs culturelles des différentes communautés du pays. Il a vu le jour en 1962. Le temple du patrimoine culturel est actuellement dirigé par Sabari Christian Dao, un homme de culture. Aujourd’hui, comment se porte le musée ? Réponse dans cette interview.
Pouvez-vous nous présenter le musée national ?
Sabari Christian Dao : Le musée national du Burkina Faso est une institution qui a été créée en 1962. C’est l’une des premières institutions culturelles du pays. Sa mission principale est de veiller à la collecte et la conservation des témoins matériels et immatériels des différentes communautés ethnoculturelles qui constituent notre pays, le Burkina Faso. Notre rôle essentiel, c’est aussi d’éduquer les Burkinabè à la connaissance de leur patrimoine culturel, et aussi travailler à faire connaître notre patrimoine culturel aux autres peuples.
Les autorités actuelles font la promotion de nos valeurs endogènes et du retour aux sources. Est-ce que, aujourd’hui, les jeunes s’intéressent au musée national ?
Effectivement, avec le gouvernement actuel, nous avons le message essentiel qui est le recours aux sources. En tant qu’institution culturelle, c’est une aubaine pour nous de voir ce message qui est porté au plus haut niveau de la gouvernance de notre pays. Nous nous rendons compte que, de plus en plus, la jeunesse s’intéresse aux valeurs endogènes. Pour preuve, nous avons aujourd’hui plusieurs activités qui s’organisent sous le label de l’endogénéité où du retour aux sources. Au niveau du musée national, nous notons une hausse concernant les visites. Il faut aussi signifier que depuis le passage du président du Faso le 15 mai au musée, nous avons assisté à un boom au niveau des visites. Actuellement, nous sommes à plus de 30 000 visites depuis le mois de janvier. Cela signifie que, de plus en plus, les Burkinabè sont en train de chercher à mieux connaître leur patrimoine.
Peut-on dire qu’aujourd’hui, les élèves et étudiants s’intéressent également au musée national ?
Les élèves et les étudiants s’organisent pour venir au musée. Nous avons plusieurs visites organisées par les élèves et les étudiants. C’est la rentrée scolaire, et nous allons commencer à enregistrer beaucoup de demandes pour les visites. Depuis un certain temps, les établissements scolaires s’organisent pour nous adresser des demandes de visite. Dans les jours à venir, nous devons accueillir 300 élèves d’un établissement scolaire. C’est vrai que le nombre de visites est en hausse, mais il y a encore des efforts à faire. Si tous les établissements scolaires de la ville de Ouagadougou s’intéressent au musée, je pense qu’on pourrait réaliser un taux de visite qui fera écho dans le monde.
Est-ce qu’on peut avoir les statistiques des visites dans le mois ?
À l’approche des congés ou des vacances, nous avons vraiment une hausse au niveau des visites concernant les établissements scolaires. Les visites se font en fonction des périodes. Il y a des périodes où on peut enregistrer mille, deux mille ou trois mille visiteurs. Cela dépend vraiment de la période.
Combien d’œuvres peut-on trouver au musée national ?
Nous avons environ 14 000 objets dans notre réserve. Nous avons des objets archéologiques. Nous avons des objets d’art contemporain et des objets ethnographiques. Voici un peu ce qui constitue notre collection. Sur les 14 000 objets, une centaine sont exposés. Nous avons deux salles d’exposition et nous sommes en train de travailler pour la construction d’une grande salle d’exposition qui va nous permettre de mettre en valeur les objets que nous avons dans la réserve. Notre exposition principale est une exposition sur les masques. Cela parce que nous voulons faire ressortir l’histoire du masque dans les différentes communautés de notre pays. Nous avons aussi une exposition sur le masque dans sa contemporanéité, c’est-à-dire que ce sont des masques sculptés par nos artistes. Ils se sont inspirés des masques de nos ancêtres. Nous avons aussi l’exposition des habitats du Faso qui est une exposition permanente, une dizaine d’habitats des différentes communautés de notre pays. Dans la cour du musée, il y a un peu partout des œuvres d’art également.
Est-ce qu’il y a une collaboration entre le musée national et le SIAO ?
Oui, on peut se dire qu’il a une sorte de collaboration. Nous avons eu l’honneur d’être reçus par la directrice générale du SIAO. Nous avons échangé sur une possibilité de partenariat entre les deux structures. Le musée va se déporter au SIAO pour inviter les festivaliers à faire un tour au musée national. C’est un partenariat qui va de soi. Il faut dire que cette 17e édition est une opportunité pour nous d’enregistrer encore plus de visiteurs.
Quel message avez-vous pour les Burkinabè, surtout la jeunesse ?
Je pense qu’il faut bâtir notre développement essentiellement sur nos valeurs endogènes. Partout où il y a développement, c’est qu’il y a enracinement. Et l’enracinement, c’est forcément ce que nous sommes. C’est regarder ce que nous avons été pour enrichir notre présent et nous projeter dans le futur. Il est essentiel pour notre jeunesse de prendre conscience de l’importance du patrimoine culturel dans le processus de développement. Il faut prendre l’exemple des pays asiatiques. Il faut voir comment ils ont su mettre en valeur leur patrimoine culturel pour pouvoir se positionner parmi les meilleurs dans le monde. C’est à nous d’inculquer cela à notre jeunesse pour que cette génération ne cherche plus ses repères ailleurs. Parce que les repères sont déjà là. J’appelle les uns et les autres à aller à la recherche des connaissances et des savoirs ancestraux pour pouvoir mieux se positionner dans le présent et bien s’orienter dans le futur.
Interview réalisée par Rama Diallo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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