Les autorités du Niger ont décidé de prendre des “mesures strictes” contre le phénomène de la mendicité qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans les villes du pays, notamment dans la capitale, Niamey. Lors d’une conférence de presse, 13 août 2024, le gouverneur de la région de Niamey, le général de Brigade Assoumane Abdou Harouna, a manifesté la volonté des autorités de mettre un terme à ce phénomène de mendicité qui « ternit l’image des autorités et du pays ».

Des mesures sont, à cet effet, annoncées contre le phénomène. Il s’agit notamment du regroupement des mendiants présents à Niamey et leur rapatriement vers leur village d’origine. « En cas de récidive, ces derniers seront envoyés dans les zones de grande irrigation, où ils seront soumis à des travaux obligatoires, mais non forcés. Cette approche vise à endiguer la mendicité dans la capitale nigérienne tout en cherchant des solutions plus dignes pour les individus concernés », cite le média local, ActuNiger, rapportant les propos du gouverneur de la région de Niamey, le général de Brigade Assoumane Abdou Harouna. Selon l’autorité, la mendicité est une forme de paresse et un danger pour la circulation routière.

« Cette activité ne reflète pas les valeurs de dignité et de travail que nous prônons », cite le confrère nigérien, selon qui, des instructions fermes ont été données aux services de la gendarmerie et de la police pour interdire leur retour dans la capitale, bien que la mendicité ne se limite pas à Niamey.

« En 2022, des opérations de rapatriement ont été organisées, avec plusieurs vols pour ramener des milliers de Nigériens depuis des villes comme Dakar, Abidjan ou Accra. Cependant, il est préoccupant de constater que ces mêmes individus sont souvent revenus dans ces pays, comme l’a observé un de nos correspondants au Sénégal. Cela illustre la persistance du problème au-delà des frontières nationales », rappelle le média.


« Ce constat est amer : la mendicité non seulement affecte l’image du pays à l’international, mais reflète également des défis socio-économiques profonds à l’intérieur des frontières. Il est crucial que les autorités trouvent des solutions durables pour aborder ce problème, tant au niveau national qu’international. Cela nécessite des efforts coordonnés pour améliorer les conditions de vie, créer des opportunités économiques et renforcer les systèmes de protection sociale afin de prévenir la mendicité à la source », commente ActuNiger avant de rappeler que le gouvernement de transition a déjà pris des mesures pour gérer la préoccupation de la mendicité à l’international, par la mise en place en avril 2024, d’un comité inter-ministériel de pilotage pour organiser le rapatriement des migrants nigériens à l’étranger.

Ce comité a pour mission de faciliter le retour, l’accueil, l’acheminement et la réinsertion sociale des citoyens nigériens en difficulté hors de leurs frontières, apprend-on de la même source, qui précise que ce dispositif cible principalement les mendiants nigériens présents dans plusieurs capitales de la sous-région et dans les pays voisins, et font qui l’objet d’interpellations et de rapatriements dans des conditions parfois inhumaines.

« Malgré les échecs des opérations précédentes, les autorités espèrent que cette nouvelle approche sera plus efficace et rigoureuse. Le but est de mettre fin à ce fléau qui ternit l’image du pays et de garantir un retour digne pour les citoyens concernés. Les mesures actuelles, bien que nécessaires pour gérer la situation immédiate, doivent être accompagnées de stratégies globales pour adresser les causes profondes de la mendicité », contextualise le confrère.


Cette annonce des autorités de Niamey, qui soulève de nombreuses réactions controversées, ne laisse pas indifférent de nombreux pays de la sous-région, pour ne pas en Afrique, tant cette réalité également est la chose la mieux partagée sur le continent. …Et chaque pays concerné va de sa proclamation ou de ses initiatives. Sauf qu’ici également, les résultats sont, jusque-là, et considérablement, en-déça des annonces et promesses. A Ouagadougou, Abidjan, Bamako ou à Dakar, pour ne pas faire long, les actions n’ont tenu que le temps d’un feu de paille ou de la durée du financement extérieur qui les a suscitées.

La mendicité, une réalité qui défie donc gouvernements et pouvoirs, et qui se singularise par la perception disparate que les populations concernées ont, elles-mêmes, du phénomène.

Oumar L. Ouédraogo

Lefaso.net


Photos d’illustration (Burundi Eco, ANP)

Source: LeFaso.net