Les Kassena sont un peuple autochtone vivant dans le sud du Burkina dont une partie se trouve dans le nord du Ghana. Avec une population dense, les Kassena avaient un système exceptionnel d’organisation sociale, politique et culturelle. Le défaut d’une force politique centralisée n’a pas empêché le peuple Kassena, pourtant très nombreux, de vivre en harmonie et de satisfaire les besoins de ses membres. Dans notre chronique, nous reviendrons sur l’histoire des Kassena, leur origine et surtout leurs pratiques agricoles.

Selon Hans Peter Hahn, bien que faisant partie des cultures « Gourounsi », – une appellation venant des Mossis pour distinguer les autres peuples qui n’ont pas leur système de « Naba » (chef), explique-t-il, les Kassena ne sont pas à confondre avec l’ethnie Gourounsi. Ancien peuple du Burkina, les Kassena viennent de la montagne de Tiébélé. L’ethnologue Zewernemann Jürgen estime qu’ils sont plutôt originaires d’un village appelé Kassanga situé à une vingtaine de kilomètres de Pô, dans le sud. Quant à la chefferie de Tiébélé, il rattache leur origine à un immigrant mossi qui a livré bataille aux gens locaux et qui a su s’imposer comme chef. Tout compte fait, les Kassena se révèlent être les autochtones à travers l’influence des Mossis.

Les Kassena comprenaient une mosaïque de peuples repartis entre plusieurs zones du Burkina : les Kassena de l’ouest (village de Koumbili et de Guiaro) et ceux de l’est (dans les cantons de Tiébélé et Kampala) dont les pratiques agricoles sont d’une ingéniosité frappante. Il y a aussi les Kassena du sud, résidant dans la région du Chana, dans l’actuel Ghana.

L’agriculture chez les Kassena de l’est

Les Kassena de l’est se caractérisaient surtout par une démographie galopante et par une zone désertique. Dès lors, ils se sont mis à trouver des astuces pour satisfaire les besoins de cette abondante population par une agriculture efficace qui sied à leur environnement de savane. Ils ont inventé les cultures en terrasses qui leur permettent de pratiquer l’agriculture en permanence pour satisfaire leurs besoins de consommation. Aussi, ont-ils mis en place un système de fumure pour conserver la fertilité du sol soumis à une exploitation permanente. Cette fumure est alimentée au quotidien par les déchets de bovins.

Cette pratique agriculturale répond à la volonté des Kassena de dompter les aléas de la nature pour produire en quantités suffisantes en vue de satisfaire leurs besoins. De ce fait, cette agriculture, qui recommande un travail harassant, était limité à la consommation. C’était une agriculture de subsistance et non marchande. Les Kassena savaient bien qu’il était compliqué de pratiquer une telle agriculture pour le commerce.

Cependant, les terrasses des Kassena, témoignant de l’ingéniosité et de la rationalité de ce peuple face aux aléas climatiques, peuvent toujours inspirer des pratiques agricoles plus profitables et plus bénéfiques aujourd’hui.

Bibliographie

– Hans Peter Hahn, A propos d’une histoire régionale des Kassena, in Burkina Faso, Cent ans d’histoire : 1895-1995, P1432

Kiéthegha Jean Baptiste, La mise en place des peuples du Burkina Faso, 1990, éditions découvertes, V 1, P.9-29

Saint-Jalmes, Berhard, aspects historiques sociologiques d’un village Kassena, CVRST, Ouagadougou

Wendkouni Bertrand Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net