L’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a organisé une table ronde sur la mise en œuvre d’un programme d’éducation sexuelle inclusif de toutes les parties prenantes au cycle primaire du système scolaire au Burkina Faso. C’était le mercredi 31 juillet 2024, à Ouagadougou.

Cette rencontre a eu pour objectif de : Sensibiliser les parties prenantes sur l’importance des programmes d’éducation sexuelle intégré dès le niveau primaire de l’enseignement scolaire.

Aussi, d’échanger sur les bonnes pratiques et les défis rencontrés dans la mise en œuvre de ces types de programmes encore absents au niveau du cycle d’enseignement primaire.

En outre, de développer des stratégies (actions) concrètes pour l’intégration et la mise en œuvre effective de l’éducation à la bonne santé sexuelle et reproductive dans les curricula des écoles primaires au Burkina Faso. Enfin, d’établir des partenariats et engagements entre les différentes parties prenantes pour soutenir cette initiative.

Quelques données de l’étude

D’entrée de jeu, il a été présenté aux parties prenantes les conclusions de l’étude sur les : « Effets identitaires de la socialisation différentielle de genre sur les aspirations au premier enfant et au mariage des jeunes adolescent(e)s à Ouagadougou : une étude mixte ».

Elle a été réalisée par les chercheuses et chercheurs Alis Bambara, Madeleine Wayack-Pambè, Idrissa Ouili, Georges Guiella et Alexandre Delamou. 683 élèves dont 363 filles et 320 garçons ont été interrogés dans le cadre de l’étude. Ils sont tous en classe de CE2 et viennent de 10 établissements primaires publics. Ils sont âgés de 9 à 16 ans avec une moyenne de 10 ans. Ils viennent de zones économiquement défavorisées de la ville de Ouagadougou (4 quartiers non lotis).

Alis Bambara lors de sa présentation

Les résultats de l’étude

En conclusion, à travers les réponses de l’échantillon, il ressort que l’adhésion aux stéréotypes de genre augmente les risques pour les garçons d’aspirer plus précocement à la paternité. Chez les filles, cette adhésion augmente les risques d’aspirer plus jeune que les garçons au mariage.

De manière détaillée, l’étude menée dans le contexte du Burkina Faso révèle d’abord que les filles sont éduquées à être effacées. Par contre, les garçons sont éduqués à être autoritaire. Par la suite l’étude montre que les produits résultant de cette socialisation différenciée des filles et des garçons dans les sociétés sont associés à : d’une part à une aspiration au mariage plus précoce chez les filles que chez les garçons avec une antériorité du mariage sur le désir d’enfant. Et d’autre part, à l’inverse une aspiration plus précoce au premier enfant chez les garçons que chez les filles avec une antériorité du désir d’enfant sur le mariage.

Les parties prenantes ont formulé des recommandations afin d’améliorer l’étude

Des aspirations qui sont liées à des risques de mauvais comportements sexuels tels que le mariage et les grossesses précoces ainsi que la sexualité non protégée chez les filles. Du côté des garçons, cela peut les rendre actifs sexuellement à un âge précoce. Ils peuvent également être en multi-partenariat sexuel, ne pas se protéger sexuellement et être père précocement.

Ce mode de socialisation et ses effets sur les identités, aspirations et comportements des filles et des garçons peuvent être associés à des dérives de la part des garçons et les principales victimes de la violence sont les filles.

« Ces résultats révèlent que les aspirations des enfants sont liées aux normes et aussi aux attentes sociales liées aux femmes et aux hommes.

Nous avons réunis les parties prenantes pour échanger sur ces résultats, voir comment nous pouvons mieux inclure le respect mutuel entre les filles et les garçons. Il s’agit aussi du respect au niveau des relations sociales s’inscrivant dans le cadre de la politique d’éducation en santé sexuelle et reproductive qui est plus appelée éducation à la vie familiale (EVF) au Burkina Faso.

Notre objectif est de promouvoir le respect mutuel entre les deux sexes et renforcer l’estime de soi des filles. Les filles et les garçons doivent poser des actes responsables. Ils et elles doivent être conscients que les actes qu’ils et elles posent ont un impact sur leur bien-être et aussi celui des autres », a justifié la chercheuse en démographie, Alis Bambara.

Les recommandations de l’étude

À travers les résultats obtenus, il a été formulé des recommandations à savoir : rendre disponible les informations sur la santé sexuelle et les normes de genre positives dans les communautés ou vivent les jeunes adolescent.e.s en diffusant des informations à travers les médias de masse (réseaux sociaux, radios, télévision). Fournir une éducation sexuelle complète incluant le genre et rattachée au niveau primaire du système scolaire au Burkina Faso.

Les partenaires techniques et financiers ont été remerciés pour l’accompagnement

Impliquer dans la promotion du respect, de la protection et du soutien aux droits sexuels des jeunes adolescents toutes les parties prenantes à l’éducation et ce à tous les niveaux.

Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet Starting Right at School « StaRS » qui veut dire « bien commencer à l’école » qui a été réalisée entre 2019 et 2021 par l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) et financé par le Centre de recherche et de développement international (CRDI). Ce financement s’élève à près de 200 millions de FCFA.

Cette étude a été manuscrite et publiée dans le cadre du Programme de renforcement des capacités de l’Afrique francophone pour la production de connaissances en santé sexuelle et reproductive basée sur les droits (DSSR) du Centre pour la recherche en reproduction humaine et le développement (CERRHUD) en partenariat avec la revue Sexual and reproductive health Matters (SRHM) et avec le soutien financier de AmplifyChange.

Ces mêmes partenaires accompagnent la réalisation de cette activité de diffusion des résultats et de plaidoyer.

Les différents acteurs associés

A noter que les participants à cette rencontre sont :

Des représentants des ministères de l’Éducation et de la Santé, les ONG et organisations internationales travaillant sur les questions de la santé sexuelle et reproductive des jeunes, des spécialistes sur les questions de genre, des enseignants et directeurs d’écoles primaires, des associations des parents d’élèves, des représentants des communautés locales, des leaders religieux, jeunes, étudiants et élèves.

Au-delà de la présentation de l’étude, cette table ronde a été animée par des témoignages de cas de bonnes pratiques et l’intérêt de ces approches au niveau des écoles primaires. C’est l’Association Lydie qui a été choisie pour aborder cette thématique.

Les parties prenantes ont par la suite discuté sur comment les dimensions « établir des relations sociales et sexuelles respectueuses » ; « réfléchir à l’incidence de leurs choix sur leur bien-être personnel et celui des autres » qui visent la promotion du respect mutuel entre les personnes peuvent être prises en compte dans le programme d’éducation à la vie familiale. Un programme en cours d’élaboration au Burkina Faso pour le bien-être des enfants et des adolescent.e.s.

Pour les participant.e.s les défis majeurs liées à la mise en œuvre d’un tel programme sont liés au renforcement des capacités des enseigant.e.s, l’inclusion des parents, l’inclusion des établissements scolaires privés, l’adoption d’approches genre novatrices et contextuelles.

Ils ont aussi fait des suggestions pour des actions concrètes et inclusives de toutes les parties prenantes particulièrement les parents dans ces types de programmes.

Voir l’entièreté de l’étude ici : Termes de Référence (TDR) pour une table ronde : Plaidoyer pour la mise en œuvre de

programme scolaire d’éducation sexuelle complète-Genre inclusif au cycle primaire du système


scolaire au Burkina Faso

SB

Lefaso.net

Source: LeFaso.net