La situation sécuritaire au Burkina Faso a causé le déplacement de plusieurs centaines de milliers de personnes à l’intérieur du pays. En plus du gouvernement, des associations, ONG et personnes de bonne volonté apportent leurs aides aux Personnes déplacées internes (PDI). Au sein de l’Association pour le développement des communautés villageoises (ADCV) de Fada N’Gourma, un projet initié permet à ces personnes déplacées et à leurs hôtes de travailler dans le même jardin.

Le soleil est au zénith ce lundi 22 juillet 2024. Au secteur 9 de la ville de Fada N’Gourma, se dresse un champ où on aperçoit plusieurs personnes en train de labourer. Il s’agit d’un jardin qui est le fruit d’un projet coordonné par l’Association pour le développement des communautés villageoises (ADCV).

Selon le directeur général de l’ADCV, Dramane Ludovic Thiombiano, c’est depuis 2023 qu’avec leur partenaire, le PAM (Programme alimentaire mondial), ils ont initié ce projet. « La condition est d’accueillir 120 personnes dont 60 personnes hôtes et 60 PDI (Personnes déplacées internes) », nous confie-t-il.

Cependant, il tient à préciser que c’est l’action sociale qui dresse la liste des PDI car au Burkina Faso, c’est le ministère en charge de l’action sociale, seul qui est habilité à désigner qui est PDI.

Dramane Ludovic Thiombiano explique que l’ADCV n’opte plus pour l’assistance des personnes vulnérables ; elle préfère les aider à s’épanouir par le travail

Ce projet vise à rendre autonomes les personnes vulnérables. « En plus d’aider tout de suite et maintenant ces personnes, on se soucie de ce qu’ils deviendront dans un mois, six mois, un an ou deux ans. Les mettre dans les systèmes de production, c’est encore meilleur », dévoile le premier responsable de cette association, qui vise, par ailleurs, l’autosuffisance alimentaire des populations les plus vulnérables.

« Il y a beaucoup de gens qui cherchent à manger »

À l’instar de plusieurs œuvres, les premiers pas n’ont pas eu l’approbation de tous. « Au départ, ce n’était pas simple parce qu’il y a des gens qui s’étaient opposés à donner une partie de leur terre aux PDI », se remémore Dramane Ludovic Thiombiano.

Lamonia Thiombiano est un propriétaire terrien. Selon son témoignage, il n’a pas hésité à donner une partie de son terrain pour ce projet qu’il a jugé noble. « Donner le terrain a été une décision personnelle, il n’y a pas eu de négociation. J’ai donné ça de plein gré. J’ai compris que c’est difficile. Il y a beaucoup de gens qui cherchent à manger », indique celui qui a légué ses deux hectares.

Lamonia Thiombiano se félicite d’avoir cédé son terrain pour le bien-être de tous

Désormais, les PDI et les autochtones travaillent ensemble dans ce jardin. David Diakouna a quitté son Matiakoali natal, une commune rurale de la province du Gourma. Actuellement, il réside au secteur 12 de la ville de Fada N’Gourma. Il est l’un des bénéficiaires du projet de l’association. Pour lui, c’est une réponse face à la situation difficile dans laquelle il vivait. « Nous sommes contents parce que ADCV nous a aidés. Grâce à ADCV, on travaille, on gagne l’argent et on mange », se réjouit le désormais maraîcher.

David Diakouna en train de défricher son champ de maïs

Plus de problème d’eau

Cette harmonie qui règne dans ce jardin est le fruit d’un travail de coordination des initiateurs du projet. Nestor Thiombiano siège au comité de plaintes depuis une année. Il nous explique le rôle qu’il joue : « Notre travail consiste à réunir les gens pour qu’on puisse parler le même langage, s’entendre et faire le travail ensemble ». Il se souvient qu’au début, les plaintes sont axées essentiellement sur la disponibilité de l’eau. Mais en cette saison pluvieuse, il n’y a plus ce genre de plainte, nous rassure-t-il.

Nestor Thiombiano indique que les bénéficiaires travaillent dans une bonne ambiance

L’ADCV est une association à but non lucratif de droit burkinabè, ayant son siège social à Tambiga et son siège administratif à Fada N’Gourma, province du Gourma, dans la région de l’Est du Burkina Faso.

Créée en 1997 et reconnue officiellement en 2002, cette association s’est fixée pour mission de mobiliser les ressources pour contribuer au développement des communautés villageoises et améliorer les conditions de vie des personnes défavorisées.

Depuis plusieurs années, l’ADCV collabore avec les ONG et le gouvernement du Burkina Faso pour améliorer les conditions de vie des personnes défavorisées

Cryspin Laoundiki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net