Au Burkina Faso, le maraîchage fait partie des travaux agricoles dont dépendent plusieurs personnes. A Koubri, une commune rurale de la région du Centre, cette activité est pratiquée par plusieurs jeunes grâce au barrage de la ville. Et il fait partie des activités lucratives de la commune.
Le soleil se lève à Koubri dans la matinée du 7 décembre 2023. Le vent de l’harmattan souffle sur la ville. La circulation est dense, chacun vaque à ses occupations. Au bord du barrage de la ville, Hubert Tiendrébéogo, un natif de Ziniaré, est déjà au travail. Vêtu d’un tee-shirt jaune-rouge et d’un pantalon vert foncé, monsieur Tiendrébéogo désherbe une partie de son champ avec sept autres personnes. L’inspiration semble être au rendez-vous. De loin, des sifflements et des chants sont entendus.
Hubert Tiendrébéogo fait partie des grands maraîchers de la ville de Koubri. Le quadragénaire a à son actif trois parcelles sur lesquelles il pratique le maraîchage. Dans son premier jardin, là où nous l’avons trouvé, le « spécialiste » des légumes cultive du piment, de l’aubergine, du chou, du poivron, du maïs et du tangelo. Les années antérieures, il cultivait l’oignon mais cette année, à cause de l’augmentation du prix de l’engrais, le jardinier a décidé de laisser tomber. Sur les autres parcelles, le maraîcher cultive de la tomate, du gombo etc.
Hubert Tiendrébéogo commence à semer à partir du 15 août pour espérer être dans le temps. Il cultive deux types de chou. « Le chou simple fait 70 jours avant la récolte et le chou solo fait 90 jours avant la récolte. La différence, c’est que le chou simple se gâte au bout de trois jours après la récolte alors que le chou solo peut faire 10 jours après la récolte avant de se gâter mais lui, il consomme plus d’engrais que le chou simple », explique notre interlocuteur.
- Hubert Tiendrebeogo
L’aubergine et le poivron font 60 jours avant la récolte, selon le cultivateur. Quant au piment, il dure plus. Il faut au moins 120 jours avant la récolte, indique monsieur Tiendrébéogo. A l’entendre, le chou est plus rentable que les autres légumes.
« Ici je travaille sur une superficie d’environ un hectare et demi. Je travaille ici d’août à avril. Parce qu’en avril il n’y a plus d’eau, le barrage tarit. Du début des travaux jusqu’à la fin, je peux dépenser plus d’un million. Et aussi je paye cinq personnes avec lesquelles je travaille. Deux de mes enfants m’aident aussi. Eux je ne leur paye pas comme les autres mais je leur donne un peu d’argent », précise le jardinier.
Le maraîcher confie qu’à la fin des travaux il peut avoir plus d’un million comme bénéfices. « C’est parce que l’engrais est devenu cher sinon, avant, je pouvais engranger plus de deux millions de bénéfices », précise-t-il.
Grossiste, Awa Tiendrébéogo a fini de livrer les légumes à ses clientes. Elle est rentrée chez elle. Au moment où nous arrivions chez elle, la vendeuse de légumes était au téléphone pour lancer ses commandes du lendemain.
La grossiste a des clientes à Koubri, à Ouagadougou et en Côte d’Ivoire. Madame Tiendrébéogo est dans la vente de légumes depuis une dizaine années maintenant. Pour mieux ravitailler ses clientes, la commerçante se réveille tôt. « A 4h je vais chez les jardiniers pour acheter les légumes. Au plus tard à 6h je suis au marché pour livrer les produits aux détaillantes. Parfois je vais prendre les légumes dans la soirée pour pouvoir les livrer très tôt. Il y a des jours où je peux acheter 40 sacs d’aubergines, 30 sacs de courgettes. Quand j’ai beaucoup de commande de piments je peux prendre jusqu’à 70 sacs », a laissé entendre madame Tiendrébéogo.
La véritable difficulté que rencontre la jeune dame, c’est le non-paiement de crédits de certaines de ses clientes. Hormis cela, elle dit que grâce à son activité, elle se prend en charge et soutient sa famille.
Moussa Nana est originaire de Ziniaré. Après la saison hivernale, il se rend à Koubri pour aider les jardiniers à travailler. Le jeune homme quitte son village en octobre et y retourne en mai pour cultiver. Le travail d’aide-jardinier lui permet d’avoir un peu d’argent.
« Je travaille d’octobre à avril. Et je suis payé à 200 000 FCFA. Je profite aussi pour apprendre plus le travail de jardinage. D’ici quelques années, je vais essayer de travailler pour moi-même », dit-il.
Le cri de cœur
De son côté, Hubert Tiendrébéogo lance un cri de cœur à l’endroit des autorités : « actuellement j’achète le sac d’engrais à 30 000 FCFA. Or avant j’obtenais le même sac à 27 000 FCFA. Si le prix pouvait être revu à la baisse, cela allait vraiment atténuer nos souffrances. Car les dépenses sont trop nombreuses. Nous voulons aussi que le barrage soit réaménagé. Parce qu’il tarit vite maintenant alors qu’avant l’eau y était chaque moment », souhaite le jardinier.
Awa Tiendrébéogo elle aussi évoque la question de la cherté des intrants. Pour elle, l’augmentation des prix de l’engrais est l’une des causes de la cherté des légumes sur le marché.
Hubert Tiendrébéogo encourage la jeunesse à s’intéresser au jardinage car selon lui, c’est une activité qui permet d’être indépendant.
Ramata Diallo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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