Cette année encore, la tradition a été respectée à Kisson. A l’occasion de la 4e cérémonie coutumière annuelle du chef de Kisson (village situé à 3km de Toma dans la province du Nayala), le Douti Lawamagô Somozéna a rendu hommage à la patriarche « Niantoundan », mère des frères fondateurs des villages de Yaba, Bounou et Kisson. La cérémonie a eu lieu le samedi 12 avril 2025 à Kisson en présence des plus hautes autorités de la province.

A l’ombre des quatre tentes géantes dressées dans la cour royale à cette occasion, était assis un parterre de personnes hétéroclites. Des chefs coutumiers, autorités administratives de la province avec à leur tête le haut-commissaire, une délégation des chefs traditionnels venue de Ouagadougou et d’autres invités de marque, attendaient impatiemment l’apparition du chef aux environs de 10h. Mais ils sont obligés de prendre leur mal en patience en attendant le conseil des princes qui se tenait plus tôt.

11h02mn, juste à la fin du conseil des princes, le Douti Lawamagô Somozéna, vêtu d’un boubou blanc frappé d’une broderie jaune au milieu, le bonnet du chef sur la tête, la canne de règne dans la main droite, fait son apparition sous les vivats d’une immense foule, entremêlés par le son des griots.

Le Douti Lawamagô Somozéna au regard serein

Il est conduit pour être installé dans son fauteuil royal aux côtés de la reine et ses homologues de Yaba, Bounou et le représentant du chef de canton de Toma. Le chef de terre de Kisson lui formule des bénédictions. En frottant trois fois le dos d’un coq blanc contre la terre, il a donné les attributs du pouvoir au Douti Lawamagô Somozéna. Par cet acte sacrificiel, invoquant l’accompagnement des mânes des ancêtres, le 9e chef de Kisson a désormais la plénitude de diriger la chefferie de ce village.

Dans un concert de bruits des tam-tam des griots, sous le soleil accablant, le Douti Lawamagô Somozéna, sur un cheval blanc, se dirige vers la tombe de la patriarche « Niantoundan ». Cette procession qui a débuté dans la cour royale a drainé du monde vers la tombe de la mère des frères fondateurs de Yaba (11km de Toma) Bounou (8km de Toma) et Kisson.

Le Douti Lawamagô Somozéna en compagnie de la reine

A la tombe, Sa Majesté a insisté sur la sacralité du lieu. Cette tombe, dit-il, est officiellement découverte comme celle de « Niantoundan », la patriarche des frères fondateurs de ces trois villages environnants de Toma. À l’entendre, le fils aîné de Niantoundan a fondé Yaba, le fils cadet a fondé Bounou et le benjamin, Kisson dont il est le chef.

Au creux des petites élévations, se trouve cette tombe qui a été officiellement découverte comme celle de « Niantoundan » par les trois villages. « Ces mottes de terre que vous voyez ne sont pas des collines. Ce sont d’anciennes concessions. Tout a commencé ici », a-t-il lancé. « C’est le cordon ombilical qui lie nos trois villages », poursuit le chef, ajoutant que c’est un lieu de cohésion sociale et la paix. Sur les lieux, devant l’immense foule qui l’a accompagné, il a déclaré que ce lieu sacré n’est pas destiné seulement aux trois villages. « Toute personne qui souhaite la paix, peut venir se confier à Niantoundan. Elle appartient à tout le monde », a-t-il laissé entendre, indiquant qu’il s’agit d’un patrimoine culturel au profit de tout le peuple burkinabè. A cet effet, il a invité les chercheurs, les historiens, les étudiants à mener des recherches sur cette histoire afin de mieux l’enseigner aux générations futures.

La tombe de Niantoundan a été officiellement découverte

Au-delà de Niantoundan, dit-il, nous rendons hommage à toutes les femmes. Pour le Douti Lawamagô Somozéna, le choix de la date de cet hommage n’est pas anodin. « Je suis à ma 4e année de règne et le chiffre quatre aussi renvoie à la femme », a-t-il souligné, remerciant l’assistance pour la grande mobilisation.

Des messages de bénédiction pour le chef

Tous les discours prononcés à l’occasion de cette cérémonie portaient des accents de bénédictions. C’est le colonel Christophe Ki, représentant de la famille du chef qui ouvert le bal des interventions. Après avoir salué la grande mobilisation, il a félicité et formulé des bénédictions à l’endroit de son frère chef. Le chef de Bounou et celui de Yaba se sont aussi inscrits dans la même dynamique de bénédictions. Le représentant du chef de canton de Toma s’est réjoui du bon déroulement de la cérémonie. Le messager venu de Toma a invoqué les mânes des ancêtres pour la protection du chef de Kisson.

Le chef de Yaba

La plus haute autorité administrative, en l’occurrence, le haut-commissaire de la province, a félicité le Douti Lawamagô Somozéna. Frédéric Honoré Paré, a également rappelé l’importance de ce « patrimoine culturel » pour la province.

La cérémonie a été animée par la danse des masques, la prestation des flûtistes et des balafonistes. Le marché de la princesse, initié à cette occasion, a été visité par le chef et l’assistance.

La cérémonie a été marquée aussi par la prestation des masques

Pour rappel, le Douti Lawamagô Somozéna a été intronisé chef de Kisson en avril 2021. Aussi, administrativement, Kisson fait partie de la commune de Toma en tant que secteur 8. En effet, le Douti voudrait dire en français « chef de village », Lawamago, « Dieu fais-moi grâce », et Somozéna, signifierait « bâtir et rassembler la famille ».

Serge Ika Ki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net