Après renouvellement de ses instances au cours d’une assemblée générale tenue le jeudi 20 mars 2025, Laurent Domboué a été porté à la tête de la Confédération paysanne du Faso (CPF). Il remplace à ce poste et pour un mandat de cinq ans, Bassiaka Dao, qui aura passé plus de 20 ans à travailler pour le rayonnement du milieu paysan. Après la passation de charge entre les deux hommes qui s’est effectuée le lundi 7 avril 2025, à Ouagadougou, au siège de la CPF, nous avons recueilli les attentes des paysans et partenaires vis-à-vis du président entrant. Lisez plutôt !

El hadj Amadou Tamboura, éleveur, secrétaire général de la Fédération nationale des sociétés coopératives des éleveurs du Burkina

« Nos attentes sont multiples et multiformes. La première, c’est comment combler les défis d’accès des producteurs à la terre. Aujourd’hui, beaucoup n’y ont plus accès parce qu’ils ont été chassés de leur terroir. L’idée c’est de trouver, avec le gouvernement et le peuple burkinabè, les voies et moyens pour résoudre ce problème-là : permettre aux producteurs de retrouver leurs terres et aux éleveurs d’aller faire paître leurs troupeaux, effectuer la transhumance en bonne et due forme et revenir en toute quiétude. Le deuxième défi à relever est celui de l’approvisionnement en intrants, et pour les agriculteurs, et pour les éleveurs. Des actions ont déjà été enclenchées dans ce sens. L’une d’elles est la construction d’une usine de vaccins et la distribution des produits aux vétérinaires. Nous remercions d’ailleurs les premières autorités pour ces efforts et souhaitons que cela ne s’arrête pas, pour le bonheur des paysans et des Burkinabè. »

« Le gouvernement fait des efforts. Nous l’invitons à en faire davantage », El hadj Amadou Tamboura

Karim Séré, directeur des programmes à OXFAM

« En tant que partenaire technique, ce que nous attendons de la CPF, c’est une bonne collaboration, de bonnes relations de partenariat. Nous avons plusieurs projets ensemble. Nous souhaitons qu’elle puisse les mettre en œuvre et nous en rendre compte dans les délais. Nous voulons que nos relations se renforcent davantage parce qu’elles sont vieilles depuis les années 2002. Et avec ce nouveau bureau, nous voulons que nos relations se renforcent. »

« Nous saluons les efforts du président sortant qui s’est sacrifié pour le mouvement paysan », Karim Séré

Kalizèta Ouédraogo, paysanne à Bama

« Le nouveau président remplace à la tête de la CPF, un homme qui s’est donné à fond pour nous les paysans. Ce que nous lui demandons, c’est de marcher dans ses pas pour prendre en compte toutes les organisations que regroupe la CPF. Nous sommes 16 au total, et il faut qu’il puisse connaître du bout des doigts les réalités de tout un chacun, qu’il soit agriculteur, éleveur, transformateur, riziculteur, qu’il produise du sésame, ou du soumbala, etc. Il doit écouter tout le monde et savoir ce que chacun veut, toucher le ministère, le gouvernement ou toute personne pouvant résoudre nos problèmes, afin que personne ne se sente écartée ou lésée. »

« Nous souhaitons bon mandat au président entrant », Kalizèta Ouédraogo

René Soala, premier vice-président de la CPF

« Nos attentes sont nombreuses. Les objectifs et la vision de la CPF sont de pousser le monde rural pour une production en quantité et en qualité, sans oublier la défense des intérêts des paysans. Le nouveau bureau vient remplacer nos aînés qui ont tenu la barre depuis plus de 23 ans. Aujourd’hui, le nouveau président aura à charge de réorganiser encore plus la CPF pour la rendre encore plus inclusive et porter plus haut la voix de la CPF.

« Le nouveau bureau doit travailler en synergie et être beaucoup à l’écoute », René Soala

Bassiaka Dao, président sortant

Je félicite le président entrant pour son accession à la tête de la CPF. Pour ce qui est des attentes, je pense qu’il devrait travailler à renforcer le mouvement paysan, relever les défis qui sont au niveau de l’exploitation familiale agricole et aller vers sa modernisation. Dire de l’exploitation familiale agricole qu’elle est multifonctionnelle et multidimensionnelle ne suffit pas. Il faut qu’elle soit un creuset où débuteront des entreprises agricoles. Cela nous permettra d’avoir une agriculture plus viable, plus compétitive, insérée dans l’économie et responsable de l’environnement à tous les niveaux. Si vous n’arrivez pas à consolider le mouvement paysan, nous aurons passé plus de trente ans de notre temps à nous battre pour rien. Si nous avons plus de 8 000 villages au Burkina Faso et que 70 % exercent dans le secteur agro-sylvo-pastoral, cela veut dire que ces personnes-là ne doivent pas être laissées pour compte.

Leurs préoccupations doivent être prises en compte. Vous devez être en mesure de vous rabaisser, d’écouter les cris de cœur et de savoir ce que veulent les populations du monde rural. Je profite de l’occasion pour saluer et adresser nos remerciements au gouvernement actuel, qui a mis l’agriculture au centre du développement. Nous invitons tous nos partenaires à accompagner le ministère dans cette noble tâche, pour que la sécurité alimentaire au Burkina Faso soit une réalité ; et que tout Burkinabè puisse boire et manger à sa faim à tout moment. Je pense que c’est sur ces défis-là que vous serez attendus. Il faut qu’on puisse les relever. On n’est pas seul. Mais nous sommes parmi les plus dynamiques au niveau de la sous-région. Nous sommes une organisation viable et je vous invite à assurer cette viabilité. Que la CPF continue à être une institution bénie, déterminée et engagée pour le développement du monde rural !

« Votre mission ne sera pas aisée, mais je sais que vous saurez porter haut l’idéal de la CPF », Bassiaka Dao à Laurent Domboué

Propos recueillis par Erwan Compaoré et Lynda Combary (stagiaire)

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Source: LeFaso.net