Dans un arrêté conjoint en date du 6 mars 2025, les ministères de l’Enseignement de base et de l’Enseignement secondaire ont instauré une règlementation visant à encadrer la coiffure des élèves dans les établissements scolaires du Burkina Faso. Pour mieux comprendre cette décision, Lefaso.net a rencontré Dr Denis Vimboué, inspecteur général de français et directeur régional de l’enseignement secondaire et de la formation professionnelle et technique du Centre. Selon lui, cette mesure vise à mettre l’accent sur la discipline et la concentration des apprenants, en évitant les distractions liées à l’apparence.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui a motivé la décision de l’arrêté annonçant la règlementation de la coiffure des apprenants dans les structures éducatives ?

Dr Denis Vimboué : Je voudrais d’abord remercier Lefaso.net d’être venu à nous pour mieux comprendre les raisons de cette décision liée à la gestion de la coiffure des élèves. Cette démarche s’inscrit dans un processus de sensibilisation et contribue à renforcer notre crédibilité auprès de la population. De manière générale, en tant que responsables de la mise en œuvre des politiques éducatives, nous ne commentons pas les motivations des textes émanant des autorités supérieures. Toutefois, nous savons que l’éducation est une priorité majeure du gouvernement. Le comportement des élèves, leur attitude et la qualité des apprentissages sont au cœur des préoccupations. C’est dans ce cadre qu’intervient cette mesure, qui s’inscrit dans une stratégie globale visant à relancer l’éducation dans notre pays.

Que doit-on comprendre par « coiffure simple » chez les filles et les garçons ?

Le texte stipule clairement que la coiffure des garçons doit être à ras. Pour les jeunes filles, seules les tresses et les nattes sont autorisées, sans ornements : pas de perles, pas de mèches, ni autres décorations. C’est cela qu’on entend par « coiffure simple ». Cette mesure a été portée à la connaissance des responsables d’établissements, et comme il s’agit d’un cadre éducatif, notre rôle est de veiller à son application tout en favorisant la compréhension de son bien-fondé. Ainsi, le 28 mars 2025, une note de service a été émise pour instruire nos structures de terrain. En plus des mesures disciplinaires prévues, il est demandé d’organiser des activités de sensibilisation, comme des lectures dirigées, afin que les élèves comprennent bien le sens de cette mesure.

Comment se déroule le contrôle de cette mesure sur le terrain ?

C’est l’ensemble de la communauté éducative qui veille à son application, à commencer par les administrations scolaires qui peuvent solliciter les professeurs principaux pour appuyer le contrôle. En général, les établissements disposent déjà d’un dispositif de règlement intérieur qui encadre le comportement des élèves. Par exemple, dans les établissements clôturés, le contrôle peut se faire dès l’entrée. Un élève non conforme peut se voir refuser l’accès. Là où il n’y a pas de clôture, d’autres moyens sont utilisés, comme le contrôle à l’entrée des salles de classe. Chaque établissement adapte les modalités à sa réalité.

Un mois après la publication de l’arrêté, constatez-vous son respect ?

Je voudrais saluer l’engagement des parents, des chefs d’établissement, des enseignants, des agents de la vie scolaire, et bien sûr des élèves eux-mêmes, qui sont les premiers concernés. Dès la reprise des cours le 1ᵉʳ avril, nous avons reçu des retours montrant que chacun s’activait pour l’application effective de la mesure. Évidemment, comme le 1ᵉʳ avril correspondait au lendemain de la fête du Ramadan, certains élèves sont arrivés avec des coiffures festives qui ne respectaient pas encore les nouvelles règles. Chaque structure a pris ses dispositions. Certains ont renvoyé les élèves pour qu’ils se mettent en conformité, d’autres ont permis qu’ils assistent aux cours le matin, à condition de revenir l’après-midi en règle. Ce qu’il faut retenir, c’est que, globalement, la mesure est bel et bien en vigueur dans nos établissements.

Selon le Dr Dénis Vimboué, dès la reprise des cours le 1ᵉʳ avril, sa direction a reçu des retours montrant que chacun s’activait pour l’application effective de la mesure

Quel message adressez-vous aux élèves, aux parents et aux établissements ?

Cette mesure ne doit pas être vue comme une contrainte ou une privation de liberté. Elle vise à créer un environnement favorable à l’apprentissage. Un adage dit : « un esprit sain dans un corps sain ». L’école doit rester un lieu où la priorité est l’apprentissage. Il faut accompagner les élèves pour qu’ils concentrent leur énergie sur l’essentiel. Le reste, notamment les considérations esthétiques, relève du secondaire. L’espace scolaire n’est pas un lieu d’étalage de richesses ou de concours de beauté.

Le statut social des parents n’a pas vocation à se refléter à l’école, car les élèves doivent construire leur propre avenir. Nous devons œuvrer avec eux pour qu’ils deviennent mieux que leurs parents. C’est cela, le vrai combat. Et nous remercions les établissements qui avaient déjà mis en œuvre ce type de règles avant même la publication de l’arrêté. L’enseignement catholique et certains établissements publics en étaient déjà des exemples.

Comme le dit un autre adage, « le bon sens devrait être la chose la mieux partagée ». Beaucoup de familles étaient déjà dans cette logique avant même la mesure gouvernementale. C’est donc un soulagement, et nous remercions les autorités de nous accompagner dans cette volonté de créer un cadre scolaire sain et propice à l’apprentissage.

Entretien réalisé par Farida Thiombiano

Lefaso.net

Source: LeFaso.net