La 4e cérémonie coutumière annuelle du chef de Kisson se tient ce samedi 12 avril 2025 dans ledit village, situé dans le secteur 8 de Toma. Le Douti Lawamagô Somozéna, puisque c’est de lui qu’il s’agit, revient sur l’organisation de cette cérémonie et l’évolution de la chefferie coutumière.
Lefaso.net : On entend chef de Kissan et chef de Kisson aussi. Est-ce la même chose ?
Douti Lawamagô Somozéna : Il faut dire que le nom du village a été déformé non seulement par l’usage, mais aussi et surtout par la transcription en français. Étymologiquement, le nom du village est Guissin en San, qui signifie « descendre », car le fondateur y est descendu de sa monture pour s’installer et créer le village. C’est l’usage avec le temps qui a conduit à l’appellation « Kissin », dont les habitants s’appellent « Kissini ». Avec l’arrivée du colonisateur, le nom du village a été transcrit tantôt « Kissan », tantôt « Kisson », mais de nos jours, l’appellation officielle est « Kisson ».
En tant que chef de Kisson, vous portez le nom « Douti Lawamagô Somozéna ». Que peut-on savoir de ce nom de chef ?
Douti Lawamagô Somozéna est effectivement mon nom de chef. Douty, qui signifie « chef de village », Lawamago, qui signifie « Dieu, fais-moi grâce », et Somozéna, qui signifie « bâtir et rassembler la famille ».
Vous avez été intronisé chef depuis 2021. Quel regard portez-vous sur votre gestion ?
Parlant de notre gestion au cours des quatre années de règne, il faut juste retenir que toutes les actions menées ont été placées sous l’autorité coutumière et traditionnelle du chef de canton de Yaba.
Aussi, administrativement, Kisson fait partie de la commune de Toma en tant que secteur 8. Pour ce faire, nos actions sont également placées sous l’autorité du chef de canton de Toma et des autorités communales. En un mot, on ne peut pas soi-même porter un jugement de valeur sur sa propre gestion.
Quel est le sens de la célébration de la 4ᵉ cérémonie coutumière annuelle du chef de Kisson ?
Le sens de la célébration de la 4ᵉ cérémonie coutumière annuelle, tout comme celles des années précédentes et celles à venir, est l’engagement que nous avions pris à notre intronisation de travailler à la cohésion sociale et à promouvoir la culture et la tradition. La particularité de cette 4ᵉ cérémonie coutumière annuelle est l’hommage que nous rendons à la patriarche « Niantoundan », mère des frères fondateurs de Yaba, Bounou et Kisson. Ce sera une opportunité pour les populations et les visiteurs de découvrir la tombe de la patriarche, lieu hautement sacré.
Que peut-on savoir de l’organisation de la chefferie de Kisson ?
La chefferie de Kisson relève de la chefferie du canton de Yaba, et cela depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours.
Pouvez-vous revenir sur l’origine de cette chefferie ?
Tout comme les autres contrées du pays san, Kisson était dirigé par des chefs de terre qui étaient de fait les chefs de village. Avec le temps, notamment la période coloniale, la fonction de chef du village est apparue et le premier chef de village connu de Kisson est Douti Yélé Ky.
Quelle est son évolution ?
À partir de Douti Yélé Ky, huit chefs de village se sont succédé à la tête de Kisson. Le Douti Lawamago Somozéna que je suis, est le neuvième chef de village de Kisson.
Comment conciliez-vous la gestion de la chefferie et votre profession d’agent de la fonction publique ?
Sur ce point précis, il faut noter que la gestion de la chefferie n’est pas une action solitaire. Elle implique d’autres personnalités. Dans notre responsabilité de chef du village de Kisson, nous sommes accompagnés par la famille et soutenus par les notables et les chefs de quartier. À cela, il faut souligner que nous sommes représentés par un frère au village qui gère les affaires courantes. Au regard de tout ce dispositif d’accompagnement, nous pouvons dire que la gestion de la chefferie n’a pas trop de contraintes particulières sur notre profession d’agent de la fonction publique.
Récemment, le gouvernement burkinabè a adopté en conseil des ministres un statut dédié aux chefferies traditionnelles au Burkina Faso. Comment avez-vous accueilli cela ?
Nous avons accueilli favorablement cette décision des autorités du Burkina Faso. Cela témoigne de l’intérêt porté au plus haut niveau à la valorisation de nos valeurs culturelles, traditionnelles et endogènes. Nous saluons cette décision qui accorde une place à la chefferie traditionnelle et coutumière. Cela permettra aux chefs coutumiers et traditionnels de jouer pleinement leur rôle social en contribuant à consolider la paix nécessaire à notre nation. Nous nous inscrivons donc dans la dynamique de promotion de nos valeurs culturelles comme levier de notre développement endogène.
Interview réalisée par Serge Ika Ki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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