Le Burkina Faso célèbre, ce lundi 31 mars 2025, la fête de l’Aïd El-Fitr, marquant la fin du mois de jeûne. Parmi les lieux de convergence, l’Université Joseph Ki-Zerbo, où la prière s’est tenue sous la houlette du Cercle d’études, de recherche et de formation islamique (CERFI) et de l’Association des Elèves et Etudiants musulmans au Burkina (A.E.E.M.B). Dans son sermon, l’imam Tiégo Tiemtoré a exhorté les populations burkinabè à être vigilantes, pour éviter de tomber dans les instrumentalisations, les divisions ethniques et religieuses.

Dans le prolongement des autres piliers de l’islam, le Ramadan a été, dit l’imam Tiégo Tiemtoré qui a dirigé la prière, un appel vers des valeurs, un instant de repentir, de gratitude et de purification interne. « Voici le glorieux mois de Ramadan qui nous tourne déjà le dos, avec tout ce qu’il renferme de bienfaits, de grâces, de privilèges et de particularités indénombrables. Mais en réalité, c’est aussi le cours de notre vie qui s’écoule ainsi. Soyons donc conscients de cela et profitons de toutes les opportunités, pour accomplir de bonnes œuvres qui plaisent à notre Seigneur », recommande l’imam Tiégo Tiemtoré, pour qui, les leçons spirituelles et sociales du mois de Ramadan, montrent toute la profondeur de l’Islam, qui n’est pas que culte pûr, mais aussi, une spiritualité, un message, un code de vie.

Imam Tiégo Tiemtoré a eu une pensée pour les autres peuples en souffrance, en Afrique et partout dans le monde.

Tous les acquis du mois ne doivent pas disparaître avec lui. « Autant de belles leçons de foi et de vie apprises et pratiquées ne sauraient s’évaporer après le Ramadan. Bien au contraire, on doit les consolider et les fructifier, en vue d’être parmi les ‘’rapprochés » d’Allah. Parmi les enseignements à perpétuer, le rappel de Dieu, le sens de la générosité, la maîtrise de nos sens, le sens de l’invocation comme viatique du musulman, la pratique de la prière nocturne, et la continuation du jeûne sous forme surérogatoire », invite-t-il à maintenir et à promouvoir la fraternité et la cohésion sociale.

« Les musulmans doivent vivre avec les autres sur l’unique espace-terre ; ce qui suppose le voisinage et la collaboration, la co-construction, le vivre-ensemble pour promouvoir des valeurs comme l’équité, la lutte contre l’injustice, le respect des droits humains, la protection des libertés publiques et le respect des différences. C’est pourquoi, il faut saluer et encourager les actions des autorités et de la population, pour la sécurisation du territoire, le soutien aux personnes déplacées et leur réinstallation dans leurs lieux de résidence. Ceux qui sont tombés pour la patrie et se sont couchés, pour que nous soyons débout, ne doivent pas être oubliés. Dans la dignité, magnifions leur sacrifice pour la nation, à travers une solidarité agissante à l’égard des veuves, orphelins et des personnes déplacées internes », encourage-t-il. L’imam exhorte également à la préservation et au renforcement des initiatives de réinsertion socio-professionnelle de ces personnes en difficultés et la prise en charge des enfants dont les trajectoires scolaires ont été brisées.

« Dans un tel contexte difficile pour les ménages, nous appelons à une meilleure surveillance des prix des produits de première nécessité, sans léser le monde des commerçants. De même, il faut saluer l’offensive agricole initiée par les autorités pour la souveraineté alimentaire et la volonté d’une gestion saine de nos ressources. Les biens publics doivent être gérés avec rigueur et patriotisme et les fautifs sanctionnés, sans distinction. Dans ces moments tragiques que vit notre pays, il urge d’appeler à l’union sacrée. Quand une nation est en danger, on tait les clivages, on cache ses faiblesses devant l’ennemi et on se montre unis. Personne n’a le droit de saboter le patrimoine commun qui est l’Union que nous ont léguée nos devanciers. Il urge de travailler à unir les Burkinabè, en dépit de nos divergences. (…). Les incompréhensions ne doivent pas nous opposer, au point de semer la haine entre les populations et fragiliser le tissu social. Personne ne doit nous diviser et nous opposer. Que chacun joue son rôle ! L’histoire nous regarde … Et le Burkina Faso doit se nourrir d’ambitions à la hauteur des nobles et légitimes attentes des populations qui ne demandent qu’à vivre en paix, dans la stabilité et le progrès social et économique », prêche Tiégo Tiemtoré, appelant chacun aux changements de mentalités et de comportements, indispensables au progrès.

L’imam note que l’ambition de vivre-ensemble est perturbée par des messages de haine, d’incitation à la violence, d’ethnicisme. D’où son appel à ne pas se tromper d’adversaire.

Moïse Balma et petite sœur Nicole de la Congrégation des petites sœurs de Jésus, de la délégation chrétienne catholique.

« Les actes terroristes n’épargnent personne : des leaders religieux de tous bords aux personnels civils et militaires, des femmes, des enfants et des personnes âgées ainsi que des édifices et ouvrages publics, fruit de labeur des populations. Aussi, devrons-nous être vigilants pour éviter de tomber dans les instrumentalisations, les divisions ethniques et religieuses. C’est pourquoi, il est impératif, autant pour les gouvernés que les gouvernants, de cultiver sans cesse la remise en cause permanente, la droiture, le sens de la justice, le vivre-ensemble et la cohésion sociale, socles indispensables pour le devenir de notre pays, qui est un héritage commun », lance imam Tiégo Tiemtoré.

Une délégation de la communauté chrétienne catholique, conduite par Moïse Balma, a assisté à la prière. Elle a confié être venue pour exprimer la fraternité et la solidarité aux fidèles musulmans. C’est dans une ambiance sympathique, accompagnée de séances photos, que responsables musulmans et hôtes se sont séparés, avec de vifs souhaits de paix pour le Burkina Faso.

O.L.

Lefaso.net

Source: LeFaso.net