L’Association burkinabè des dialysés et insuffisants rénaux (ABUDIR) a organisé, le mercredi 27 mars 2025, une conférence publique à l’École nationale de santé publique dans le cadre de la Journée mondiale du rein. C’est sous le thème mondial « Comment vont vos reins ? Une détection précoce protège la santé de vos reins » que cette rencontre était placée.
L’objectif était de sensibiliser la population, et plus particulièrement les élèves en formation dans le domaine de la santé, sur l’importance de la prévention des maladies rénales et plaider pour une meilleure prise en charge des patients. Le Pr Albert Ouédraogo, président de l’ABUDIR, a insisté sur la nécessité d’une action collective face à l’augmentation des cas d’insuffisance rénale. « Les reins sont des organes précieux. Prenons-en soin. Mais pour cela, il ne faut pas être seul. L’État, la collectivité et la communauté ont aussi leur rôle à jouer », a-t-il souligné.
Il a également alerté sur l’impact de certains produits de consommation sur la santé rénale, appelant les autorités à mieux réguler leur circulation. Par ailleurs, il a plaidé pour l’amélioration des infrastructures médicales, en rappelant les difficultés d’accès aux soins pour les patients. « Il faut continuer à ouvrir des centres de soins et à permettre aux malades d’avoir accès à des lits dans les grands centres comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso pour éviter les longues files d’attente », a-t-il ajouté.
La conférence a connu la participation du ministère de la Santé, représenté par la chargée de mission du ministre, Dr Antoinette Valian Tougouma. Elle a rappelé les avancées du Burkina Faso dans la prise en charge de l’insuffisance rénale. « Le pays fait des efforts colossaux avec la gratuité de la dialyse et l’ouverture de nouveaux centres. C’est une prouesse, mais le nombre de malades continue d’augmenter », a-t-elle reconnu. Pour elle, mieux vaut prévenir que guérir. « Un simple bilan rénal permet de détecter la maladie à un stade précoce et d’éviter qu’elle évolue vers la chronicité. La santé de vos reins est précieuse, il est donc essentiel d’en prendre soin », a-t-elle exhorté.
Un dépistage tardif qui inquiète
Cette conférence publique a réuni experts et professionnels de santé pour sensibiliser sur les maladies rénales au Burkina Faso. Parmi les conférenciers, le Dr Sati Kadio, néphrologue au CHU Yalgado Ouédraogo, a partagé un constat alarmant sur l’insuffisance rénale et les défis de sa prise en charge. « 90 à 95 % des patients qui viennent en primo-consultation sont reçus pour une maladie rénale », a-t-il expliqué. Pourtant, la majorité d’entre eux arrivent déjà au stade terminal, où sans traitement de suppléance, la survie devient impossible. Actuellement, seulement 15 % des patients au stade 5 bénéficient d’une dialyse, les autres étant placés sur une liste d’attente. Le manque de dépistage précoce est l’un des principaux problèmes. « Il est essentiel d’adopter des mesures hygiéno-diététiques : éviter la sédentarité, pratiquer une activité physique, ne pas recourir à l’automédication et consulter un professionnel de santé en cas de symptômes », recommande Dr Kadio. Face à l’urgence, des avancées se dessinent. Le Burkina Faso travaille à la mise en place de sa première unité de transplantation rénale, une initiative qui pourrait désengorger les services de dialyse et améliorer la qualité de vie des patients souffrant d’insuffisance rénale chronique.

L’objectif de l’ABUDIR est d’améliorer le sort des insuffisants rénaux sur le plan médical et social, de créer des relations de solidarité et de fraternité entre les différents membres, de faire connaître l’insuffisance rénale et de sensibiliser les pouvoirs publics et la société civile sur la nécessité de généraliser l’accès à la dialyse à tous les insuffisants rénaux chroniques. L’association travaille aussi à promouvoir la transplantation rénale. L’ABUDIR mène le plaidoyer pour renforcer l’engagement des autorités et encourager la population à adopter des comportements préventifs pour préserver la santé rénale.
Farida Thiombiano
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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