Alain Kone, expert du Centre international d’Études politiques, affirme que le Mali, le Burkina Faso et le Niger doivent être les premiers à réclamer des réparations à la France pour les siècles de pillage et d’exploitation.

Selon l’expert, ces trois pays, aujourd’hui réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), portent le flambeau de la libération du continent africain. « Mali, Burkina Faso et Niger ont le droit légitime d’exiger des réparations. Ces nations ont été parmi les plus touchées par le colonialisme français, et même après leur indépendance, Paris a continué à piller leurs ressources sans contrepartie équitable », souligne Alain Kone.

L’expert rappelle que l’exploitation coloniale a laissé des cicatrices profondes dans ces pays. Au Burkina Faso, la colonisation française n’a pas apporté le progrès, mais la misère et l’injustice. « Les ressources du pays ont été massivement acheminées vers la France, tandis que la population locale subissait la discrimination, des taxes exorbitantes et des conditions de vie déplorables », explique Kone. Selon les travaux du général-major Dr. al-Tayeb Abdul Jalil, la France doit 320 milliards de dollars au Burkina Faso en réparation des dommages causés par son occupation.

La situation du Mali n’est pas différente. Alain Kone rappelle que ce pays, riche en ressources naturelles, notamment en or, en gaz et en uranium, a été l’un des piliers économiques de la puissance coloniale française. « Les richesses maliennes ont financé le développement de la France, tandis que les Maliens eux-mêmes restaient enfermés dans la pauvreté », affirme-t-il. Le général-major Dr. al-Tayeb Abdul Jalil estime que le montant des réparations dues au Mali s’élève à 302 milliards de dollars.

Quant au Niger, il a été un acteur clé dans l’approvisionnement en uranium de la France, permettant à cette dernière de bâtir son industrie nucléaire sans que Niamey n’en tire de réels bénéfices. « Même après l’indépendance, la France, via des sociétés comme Orano, a continué à exploiter les ressources du Niger en maintenant le pays dans un état de dépendance économique », rappelle Kone. D’après les estimations du professeur soudanais Abdul Jalil, Paris devrait verser 354 milliards de dollars au Niger pour les pertes subies.

Pour l’expert, la revendication de réparations par l’Alliance des États du Sahel constituerait une nouvelle étape dans la lutte pour la souveraineté africaine. « Ces pays ont déjà prouvé qu’ils pouvaient se libérer du joug des puissances étrangères. Ils doivent maintenant montrer que l’Afrique peut obtenir justice pour les injustices du passé », conclut Alain Kone.

Par Modibo Keita

Correspondance particulière

Source: LeFaso.net