Trois réalisateurs de renom sont membres du jury du prix Thomas Sankara à la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Il s’agit du Rwandais Kivu Ruhorahoza, de la Tchadienne Zara Mahamat Yacoub et du Burkinabè Youlouka Luc Damiba. Ils devront apprécier les 14 films en compétition, parmi lesquels deux œuvres burkinabè : la fiction « Katanga, la danse des scorpions » de Dani Kouyaté et le documentaire « Ouézzin Daniel Lazare Coulibaly, voie d’Afrique » de Bernard Yaméogo. Découvrons les membres du jury de ce prix qui porte le nom du père de la révolution burkinabè d’août 83.
Kivu Ruhorahoza, réalisateur et scénariste, président du jury (Rwanda)
Présenté comme l’un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération, Kivu Ruhorahoza est à l’âge de 42 ans, une figure de proue du cinéma rwandais. Il a été directeur du Festival de cinéma au Rwanda pendant deux ans (2005 et 2006).
La richesse de son discours cinématographique consiste à pouvoir dire quelque chose sur l’Afrique, à affirmer le droit de dire quelque chose sur le monde vu d’Afrique.
Ce désir de « parler » du monde à travers le cinéma, et de la place de l’Afrique en son sein, est en partie motivé par le fait que, comme la plupart des cinéastes africains, il est né dans un pays dont les écrans étaient occupés par des cinémas commerciaux dominés par les films américains d’Hollywood, indiens de Bollywood, chinois et d’Europe. Le cinéma de Kivu Ruhorahoza est un cinéma de questionnements, qui utilise l’interrogation et l’auto-critique pour tracer sa propre voie.
Kivu Ruhorahoza a réalisé une dizaine de courts (Confession, Lots in the South et Who we are…) et longs métrages projetés dans des festivals prestigieux à travers le monde, dont le FESPACO, Sundance, la Berlinale, l’IDFA, Tribeca et Rotterdam, entre autres.
Son premier long métrage, Grey Matter (Matière Grise), qui a abordé les traumatismes liés au génocide, a reçu le prix du meilleur acteur et une mention spéciale du jury dans la catégorie « meilleur jeune réalisateur » au Tribeca Film Festival à New York en 2011. Grey Matter a également été sélectionné aux festivals de Melbourne, Varsovie, Dubaï, Rio de Janeiro, Göteborg…
Zara Mahamat Yacoub, réalisatrice, productrice, journaliste, scénariste (Tchad)
Cette pionnière du cinéma tchadien, diplômée en lettres modernes de l’université du Tchad et en production audiovisuelle de l’Institut national de la communication audiovisuelle de Bry-sur-Marn, a été journaliste, réalisatrice et chef de service des programmes à la télévision tchadienne.
Depuis 2001, Zara Mahamat Yacoub dirige avec succès la société de production Sud Cap Productions. Elle s’est distinguée par son engagement envers des sujets sociaux et humanitaires. « Dilemme au féminin » et « L’enfance confisquée » explorent des thématiques profondes, mettant en lumière les réalités auxquelles sont confrontés les femmes et les enfants. Ces deux œuvres ont été largement reconnues et primées dans divers festivals tels que Vues d’Afrique et le festival de la diaspora à New York.
Zara Mahamat Yacoub est également la réalisatrice des documentaires « Les Enfants de la rue (1995), « La Jeunesse et l’emploi » (1996), « Les Enfants de la guerre » (1996) et de la fiction « Marad Al Ma Inda Dawa » (2002). Elle a aussi réalisé en 2022 une série de portraits de six femmes africaines intitulée Vies de femmes » dont l’un des épisodes a été consacré à Alizeta Ouédraogo qui fut l’une des femmes d’affaires les plus prospères du Burkina Faso. Elle a enfin écrit, en 2005, le scénario du documentaire « Vedette de l’ombre », consacré à la vie quotidienne et au combat pour exister de la grande cantatrice tchadienne Eldjima.
Yalouka Luc Damiba, réalisateur (Burkina Faso)
Natif de Pièla dans la région de l’Est, Youlouka Luc Damiba est titulaire d’un master en journalisme et communication de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Coordonnateur des programmes du Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC), il fera par la suite des études universitaires approfondies en Suisse, à l’université de Genève, où il décroche un master en études de développement.
« J’ai toujours eu le cinéma collé à la peau. Je me suis intéressé au cinéma comme une activité de revendication, d’engagement », nous avait-il confié en 2023.
Avec trois camarades, il co-fonde l’association Semfilms Burkina, engagée dans la promotion des droits humains à travers l’image. « Nous produisons des films engagés, militants qui dérangent. Pas tout le temps, mais on a parfois envie de faire ces films-là. »
Youlouka Luc Damiba a à son actif près d’une dizaine de films documentaires. On peut citer, entre autres, Sans titre », un documentaire retraçant des portraits de trois artistes contemporains habitant à Ouagadougou ; « Borry Bana, le destin fatal de Norbert Zongo », sorti en 2003 ; « Koglweogo Land » sorti en 2018 et qui aborde la lutte des groupes d’auto-défense contre l’insécurité,
À la dernière édition du FESPACO, son documentaire « Laabli-l’insaisissable » a remporté le Grand prix du président du Faso du meilleur film burkinabè dans la catégorie « Section Burkina ». Ce documentaire rend hommage à Moustapha Thiombiano, l’homme aux mille idées et dont le nom reste gravé dans l’histoire du FESPACO.
Aujourd’hui, Youlouka Luc Damiba est conseiller spécial du Premier ministre, chargé des questions de gouvernance des ressources publiques et de la promotion des valeurs patriotiques.
Fredo Bassolé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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