Benjamin Wilfried Balima, c’est l’exemple de la persévérance. Il est passé au Canon du Sud, puis à l’USO avant d’atterrir en Moldavie, au FC Sheriff Tiraspol. En fin de carrière, il est aujourd’hui ambassadeur de son club. Il a connu sa première sélection avec les Étalons A en 2004, lors d’un match contre l’Algérie. Il a fait partie du groupe pour la CAN 2013 où les Étalons ont terminé deuxièmes. Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’ex-pensionnaire du centre de formation de la fédération, appelé en son temps le Creuset, se confie sur ses projets. Il est également revenu sur la CAN 2013, la force du groupe, ses plus beaux moments lors de ladite CAN.
Lefaso.net : Comment se porte Wilfried Benjamin ?
Benjamin Wilfried Balima : Je me porte très bien. Par la grâce de Dieu, je me sens très bien.
Depuis quand avez-vous raccroché les crampons ?
C’est vrai que mon club avait posté que j’ai mis fin à ma carrière en 2021. Mais, à vrai dire, j’étais toujours sous contrat avec lui. Il me restait en gros deux années et demie de contrat avec ce club. Avant même que mon contrat n’arrive à son terme, ils voulaient que je reste dans le club. Ils m’ont proposé plusieurs choses. C’est ainsi que les dirigeants du club m’ont demandé de représenter le club lors des compétitions, des tournois, des réunions, etc., où la présence du club est demandée. C’est à partir de cette année (Ndlr 2024) que j’ai eu des discussions avec eux par rapport à leur projet. Mais finalement, on a convenu que je sois l’ambassadeur du club, surtout en Afrique.
Qu’est-ce qui t’occupe encore en plus de jouer ton rôle d’ambassadeur de ton ancien club ?
En plus d’être ambassadeur de mon club, j’essaie d’aider mes jeunes frères, surtout de mon pays. Mon projet personnel, c’est de détecter les jeunes talents lors des compétitions, du championnat national et autre, aux fins de les recruter. Présentement, si je ne suis pas encore reparti, c’est parce que je suis quelques jeunes, qui font partie de mon projet et de celui du club pour voir leur progression. Je veux aider mes jeunes frères à poursuivre leur rêve dans un environnement plus propice.
Est-ce que vous pouvez revenir sur votre carrière, notamment les clubs dans lesquels vous avez joué ?
Il faut dire que je suis passé d’abord par le Canon du Sud. C’est de là que j’ai rejoint le centre de formation de football de la fédération du Burkina, appelé en son temps, le Creuset. Après ma formation dans ce centre, j’ai déposé mes valises à l’Union sportive de Ouagadougou (USO) pour trois saisons. C’est à ma quatrième année à l’USO que j’ai décollé pour le FC Sheriff Tiraspol, en Moldavie. Il faut rappeler que j’ai eu plusieurs propositions en son temps. J’ai fait, par exemple, deux mois en Russie sans signer de contrat. Parce qu’au même moment, mon club s’était qualifié pour la Ligue Europa. Le président du club a tout annulé. Il m’a fait revenir pour que je puisse renforcer l’équipe pour cette campagne européenne.
En quelle année avez-vous été convoqué pour la première fois avec les Étalons A ?
Si ma mémoire est bonne, je pense que c’est en 2004. C’était bien en 2004 lors du match contre les Fennecs d’Algérie. Les Étalons étaient coachés en son temps par Ivica Todorov, un Yougoslave. Je suis entré et j’ai provoqué un penalty qui a été transformé. Il faut dire que j’étais dans l’équipe nationale junior. C’est après un match contre le Niger que j’ai été repéré par Ivica Todorov. Il m’a donc appelé en sélection A. Quand j’arrivais dans le groupe des Étalons A, certains aînés comme Mamadou Zongo dit Bébéto, Rahim Ouédraogo, etc.
Vous étiez du groupe des Etalons lors de la CAN 2013, en Afrique du Sud. Pouvez-vous revenir sur cette belle aventure des Étalons ?
Il faut dire que la CAN 2013 est mémorable et inoubliable pour tous les Burkinabè, surtout pour les joueurs qui y ont participé. On était tous contents. Il faut dire que notre ambition de départ pour cette CAN, c’était de revenir avec la coupe. Parce que le groupe était soudé, tout le monde se sentait bien sur le terrain et en dehors. C’était la famille. Notre première sortie était contre le Nigeria. Je me rappelle que le coach Paul Put nous a dit que si le Nigeria ne nous gagne pas, on jouera la finale. Le résultat, vous le connaissez : on a fait un nul 1-1. Notre deuxième sortie était contre l’Éthiopie. On a battu l’Éthiopie pour rencontrer la Zambie au dernier match. Avec la Zambie, on a fait un nul vierge 0-0 et on était qualifiés pour les prochains tours. Depuis qu’on a quitté la phase de poule, on se disait qu’on allait aller loin. La concentration était maximale, de même que l’envie dans le groupe. Moi, j’ai eu le plaisir de disputer deux matchs, en gros. J’ai joué contre l’Éthiopie et la Zambie. Contre l’Éthiopie, je suis entré et contre la Zambie, j’ai démarré.
Quels sont les moments qui vous ont le plus marqué, que vous n’êtes pas prêt d’oublier de sitôt lors de cette CAN ?
Lors de cette CAN, je ne pensais pas du tout jouer le match contre l’Éthiopie. Quand le capitaine Charles Kaboré a pris le carton rouge, le coach a dit, et on pouvait l’entendre depuis le banc de touche : « Celui qui peut faire le travail sur le côté, c’est Wilfried Balima. » Donc, il m’a tout de suite fait entrer. Je n’ai même pas eu le temps pour m’échauffer. Quand je suis rentré, à ma première touche de balle, j’ai fait une passe décisive à Pitroipa et il a marqué. Cette action m’a beaucoup marqué. En tant que joueur, ce sont des moments qu’on ne peut pas oublier. Il y a aussi le match contre le Ghana. C’est l’un des matchs qui m’a beaucoup marqué aussi. L’état d’esprit du groupe lors de ce match est incroyable, hors du commun. On voyait dans chaque geste, dans chaque action, qu’on voulait jouer la finale coûte que coûte. Dans les duels, on ne voyait que des lions, tout le monde était à fond, c’était incroyable !
Un mot pour Paul Put, qui savait évidemment ce qu’il faisait ?
Ah, vous faites peu de le dire. Il sait ce qu’il faisait à tous les niveaux. Rien ne le surprenait. Le coach Put est un personnage très rigoureux. Il n’y avait pas de star dans son équipe. Il n’avait pas de titulaires indiscutables dans son équipe. Tout le monde était sur le même pied et traité comme tel. Il faut dire aussi que Paul Put est un coach qui aime son travail. Il le fait avec détermination. Quand on est arrivé en Afrique du Sud, son programme d’entraînement est resté intact malgré les intempéries. Il ne s’amusait pas. Il nous a une fois dit qu’on peut rester des amis en dehors du terrain. Mais une fois sur le terrain, c’est le travail qui compte. Il avait des détails physiques sur nous que personne ne connaissait. C’est vraiment un coach rigoureux.
Quelles étaient les forces du groupe, selon vous ?
C’est ce que je vous disais plus haut. C’est sans contexte l’entente, la solidarité et la cohésion qui faisaient la force du groupe de 2013. C’était la famille en dehors et sur le terrain. Et ça, c’était avant même qu’on ne décolle pour la CAN. Pendant les vacances, on se voyait, on se faisait des restos. Ce sont des trucs simples, mais très significatifs pour asseoir une solide amitié. Je pense que tout cela a contribué à notre belle chevauchée à la CAN 2013.
Comment vous trouvez le groupe actuel des Étalons ?
Je peux déclarer sans me tromper que le groupe dans lequel se retrouvent les Étalons est très équilibré. Parce que nous et les Algériens, c’est devenu une histoire de famille qui dure depuis plusieurs décennies. Si on n’est pas logés dans le même groupe, on se croise dans les phases à élimination directe. Donc, l’Algérie, c’est la famille maintenant. Quant au Soudan et à la Guinée équatoriale, il faut dire qu’actuellement, il n’y a plus de petite équipe. Si une nation parvient à se qualifier, c’est qu’elle a le niveau et du mérite. Donc, je dirais que mes jeunes frères doivent prendre chaque match comme une finale.
Un dernier mot ?
Je voulais vous remercier pour l’intérêt. À l’endroit des Étalons, je leur souhaite avant la CAN une très bonne chance. Ce sont mes jeunes frères, je pense que le groupe est jouable. Je disais plus haut que je suis pour détecter les jeunes talents. C’est un projet dans lequel je m’investis beaucoup. Il s’agit pour moi de lancer leur carrière et de leur donner une chance d’accomplir leur rêve. À leur endroit, je leur dis que l’espoir est encore permis.
Interview réalisée par Obissa Juste Mien
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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