« Dématérialisation et plateformes de paiement électronique ». C’est le thème du deuxième panel animé, ce mercredi 13 novembre 2024 à Ouagadougou, dans le cadre de la 19e édition de la Semaine du numérique. Modéré par Dr Ibrahim Patrick Congo, expert au Secrétariat permanent de l’innovation et de la veille sur les technologies émergentes du numérique (SPIVTEN), ce panel a réuni des juristes, des financiers et experts en transformation digitale.

« Traçabilité de la chaîne de paiement et l’interopérabilité des systèmes d’identification numérique ». C’est le premier axe de la communication traité par Arsène Yabré, juriste au projet d’identification unique pour l’intégration régionale et l’inclusion en Afrique de l’Ouest (WURI).

Il a indiqué que la traçabilité qui permet de suivre toutes les étapes d’une transaction financière, depuis l’initiation jusqu’à la réception par le bénéficiaire final, implique la collecte et l’enregistrement de données sur les acteurs impliqués, les montants, et les étapes intermédiaires.

Une vue des participants au panel

« La traçabilité garantit la conformité, la sécurité et la transparence des transactions financières, renforce la confiance, prévient les activités illicites et permet la gestion des risques pour les entreprises et les consommateurs », a indiqué M. Yabré. À l’en croire, des défis techniques liés à la sécurité du système d’information et l’innovation, et les défis d’ordre réglementaire sur la protection des données et la vie privée, doivent être relevés.

Dr Ibrahim Patrick Congo, expert au Secrétariat permanent de l’innovation et de la Veille sur les technologies émergentes du numérique

Interopératibilité des réseaux

Chargé du volet technique de la cellule en charge des moyens de paiements électroniques et transferts rapides d’argent de la banque de l’Union, Brayane Landry Somé s’est appesanti sur l’interopérabilité des réseaux. Dans sa communication, il a expliqué que l’interopérabilité, capacité d’envoyer et de recevoir des données entre des réseaux interconnectés, offre des avantages en termes de productivité, de nouveaux services et de perspectives pour les clients, en termes financier, au regard des nouveaux clients coptés.

« Les perspectives de l’interopérabilité sont quasi infinies. Il y a quelques années de cela, on ne s’imaginait pas payer ses factures d’eau aussi facilement. Aujourd’hui, c’est possible sans passer par les guichets, directement avec le mobile money. Et dans d’autres pays beaucoup plus avancés, il y a assez d’innovations qui sont développées », a laissé entendre Brayanne Ladry Somé.

Arsène Yabré, Juriste au projet d’identification unique pour l’intégration régionale et l’inclusion en Afrique de l’Ouest (WURI)

Lutte contre le blanchiment et le terrorisme

Dans sa communication, Anselme Jean François Somé, secrétaire général de la Cellule nationale des informations financières (CENTIF), a expliqué que les moyens de paiement électronique peuvent malheureusement être attractifs pour les criminels. « Les facilités qu’offrent ces moyens de paiement en tant que moyens de collecte de fonds pour les mise à disposition au niveau des groupes terroristes sont édifiantes », a-t-il fait savoir.


Selon M. Somé, les prestataires des service de paiement électronique, les banques sont assujettis à la mise en place en leur sein de dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. De même que les assureurs, les sociétés immobilières, les avocats, les notaires, etc.

Brayane Landry Somé, de la Banque de l’Union

Quinze des quarante recommandations du Groupe d’action financière (GAFI) portent sur les mesures préventives à mettre en œuvre par les assujettis. L’une d’elles, en l’occurrence, la recommandation 10, veut que les prestataires disposent suffisamment d’informations sur l’identification des clients, l’activité économique ou les sources de revenus de leurs clients.

Le dispositif de lutte contre le blanchiment et le terrorisme fonctionne, mais pas de façon équitable pour tous les secteurs, selon le secrétaire général de la CENTIF. « Lorsqu’on prend le secteur bancaire, on peut dire sans risque de se tromper qu’il a une culture de conformité assez satisfaisante. Les prestataires des services de transfert ou de paiement électronique ont de la marge quant à la mise en œuvre du dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme », a-t-il noté.

Anselme Jean François Somé, Secrétaire général de la Cellule nationale des informations financières (CENTIF)

Qu’à cela ne tienne, M. Somé a rappelé que des sessions de sensibilisation et de formations ont été organisées à leur endroit et la plupart des prestataires collaborent avec les banques pour mettre en œuvre les services de paiement. Il s’est réjoui que le Burkina Faso, malgré tout, ait une note honorable du Groupe d’action financière en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

Fredo Bassolé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net