Dans le cadre de son cinquantenaire, l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) accueille le colloque international organisé par la Société africaine de génétique du Burkina Faso (SAGE-BF). Du 13 au 15 novembre 2024, la communauté scientifique se réunit au sein de l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) autour du thème crucial intitulé « Génétique et changement climatique : Quelles perspectives pour une santé et une agriculture résilientes ? » La cérémonie d’ouverture a été présidée par le représentant du ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le Pr Nicolas Barro. Le Pr Jean-François Kobiané, président de l’UJKZ, a également honoré de sa présence, cette inauguration.

Face aux effets croissants du changement climatique qui menacent la sécurité alimentaire et la santé publique, la tenue du colloque international de SAGE-BF, s’avère indispensable pour explorer des solutions scientifiques adaptées aux réalités locales et globales. En réunissant des experts en génétique, cet événement vise à identifier des approches innovantes permettant de renforcer l’agriculture et les systèmes de santé face aux défis environnementaux actuels.

« Au-delà des découvertes fondamentales qu’elle génère, la génétique soulève des questions complexes, sociétales et éthiques, qui nécessitent une réflexion approfondie et une collaboration multidisciplinaire. C’est précisément, cette approche interdisciplinaire que nous souhaitons encourager et promouvoir à travers un tel colloque qui se tient au moment où notre université commémore son cinquantenaire », a déclaré le président de L’UJKZ, Pr Jean-François Kobiané.

« J’encourage les étudiants et étudiantes massivement représentés à s’engager pleinement dans le débat du présent colloque », Pr Jean-François Kobiané, président de L’UJKZ.

Dans son discours d’ouverture, le Pr Nicolas Barro, représentant le ministre chargé de la recherche, a affirmé que la génétique n’est plus un sujet limité aux seuls laboratoires de recherche ou de débats entre experts. Elle est aujourd’hui, au cœur des grandes transformations économiques et politiques dans notre monde », a-t-il souligné.

Une plateforme de haut niveau pour des échanges scientifiques de qualité

Rassemblant des chercheurs venus de divers instituts d’enseignement supérieur et de recherche, ce colloque s’annonce comme un moment privilégié pour partager les avancées récentes et envisager des solutions durables aux problématiques locales et mondiales. La présidente du comité d’organisation, Pr Pauline Bationo/Kando, a mentionné dans son intervention la richesse du programme. Cent-quarante communications scientifiques sont ainsi prévues, regroupées autour de quatre grands axes : la génétique des plantes, la génétique animale, la génétique des micro-organismes et la génétique humaine.

« La génétique est le tailleur de la biologie », Pr Nicolas Barro, conseiller technique au ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation

« La génétique en tant que science, nous offre des outils puissants pour comprendre et potentiellement atténuer les impacts des changements climatiques. Les avancées dans ce domaine nous permettent d’explorer comment les organismes s’adaptent à des environnements en mutation et comment nous pouvons utiliser cette compréhension pour préserver la biodiversité et renforcer la résilience des écosystèmes », a-t-elle indiqué.

Les cinq principales conférences, sont animées en présentiel et en ligne par des experts de renommée internationale, explorant les interactions entre la génétique et le changement climatique, avec un accent particulier sur les stratégies d’adaptation et de résilience.

« Au cours de cette rencontre sous régionale, une revue scientifique sera lancée par SAGE-BF », Pr Pauline Bationo/Kando, présidente du comité d’organisation du colloque de la SAGE-BF

Génétique et résilience : des perspectives prometteuses pour la santé et l’agriculture

Le choix du thème de cette édition témoigne des préoccupations grandioses face aux impacts du changement climatique sur les écosystèmes et les populations vulnérables. Dans un contexte où le réchauffement climatique accentue les risques de crises alimentaires et sanitaires, l’importance d’adopter une agriculture résiliente et des solutions génétiques adaptées devient impérative. Les échanges vont ainsi permettre d’aborder des sujets variés, allant de l’amélioration des variétés végétales et des races animales résilientes à la recherche de solutions génétiques pour lutter contre les maladies émergentes chez les plantes, les animaux et les humains.

Cet événement, en plus de célébrer l’excellence scientifique de l’UJKZ, encourage la collaboration entre chercheurs burkinabè et étrangers. Le colloque réunit des partenaires internationaux qui, ensemble, réfléchissent à des solutions globales pour un avenir résilient. Ces échanges stimuleraient la recherche scientifique locale, en renforçant les capacités des chercheurs burkinabè et en favorisant l’émergence de projets collaboratifs à long terme.

« Car science sans conscience serait science de l’inconscience », a soutenu Pr Jacques Simporé, qui a présenté la première communication du colloque

Les participants à ce colloque international ont exprimé leur satisfaction quant aux perspectives offertes par ces rencontres. « Nous sortons enrichis de ces discussions, avec de nouvelles idées pour mener des recherches adaptées à nos réalités africaines », a souligné un chercheur, ajoutant que cette collaboration pourrait apporter des solutions innovantes face aux défis climatiques.

Du point vue d’Abraham Combelem, doctorant en génétique et participant enthousiaste au colloque de SAGE-BF, cette rencontre représente une opportunité précieuse pour échanger autour des thèmes captivants mis en avant par les organisateurs. Selon lui, le colloque ouvre des perspectives pour lancer de nouvelles initiatives et nourrir des ambitions pour le développement de la génétique, discipline essentielle pour répondre aux enjeux actuels de santé et d’agriculture résiliente.

« J’ai aussi compris qu’au niveau de la médecine, on pouvait développer des méthodes pour soigner des maladies héréditaires en intervenant à partir des gènes », Abraham Combelem, doctorant en génétique

« Pour l’ensemble des communications que j’ai pu suivre, j’ai retenu que la génétique est à la base de toutes les sciences de développement », a souligné Abraham, convaincu du rôle central de cette discipline dans la quête de progrès. Il estime que pour parvenir à des rendements agricoles optimaux et répondre aux besoins de souveraineté alimentaire, il est impératif de développer des variétés végétales permettant de résister aux aléas climatiques, ainsi que de sécuriser l’agriculture dans un contexte de changement climatique.

Avec ce cinquantenaire, l’UJKZ se tourne vers l’avenir avec optimisme, résolue à jouer un rôle de premier plan dans l’essor scientifique du Burkina Faso. Ainsi, ce colloque international marque non seulement une célébration des acquis de l’UJKZ, mais surtout une déclaration d’engagement envers un futur où la science et l’innovation seront au service de la résilience climatique et de la sécurité alimentaire. Les résultats des discussions et des présentations attendues ces prochains jours poseront sans doute les bases de nouvelles recherches et de solutions concrètes, guidées par une ambition collective : celle de bâtir un monde plus résilient et durable.

Hamed Nanéma

Lefaso.net

Source: LeFaso.net