À l’appel de la Coordination Nationale des Associations de Veilles Citoyennes (CNAVC), des manifestants se sont réunis à la place de la Nation de Ouagadougou ce 22 août 2024 pour protester contre la déclaration de l’intersyndicale des magistrats, qui s’opposait à l’envoi de certains de ses membres au front. Une équipe de Lefaso.net sur place a recueilli les réactions de quelques manifestants.

« Nous n’avons plus d’attente en ce qui concerne la justice. Nous demandons seulement à ce que le capitaine Ibrahim Traoré prenne ses responsabilités. La justice n’était pas libre. C’est à l’arrivée du président Roch Marc Christian Kaboré au pouvoir que nous avons organisé une marche pour demander à ce que la justice reprenne son indépendance. Mais nous constatons aujourd’hui qu’une justice dépendante vaut mieux qu’une justice indépendante. Aujourd’hui encore, nous avons marché pour lui reprendre son indépendance parce qu’on n’arrive pas à comprendre qu’un procureur qui se dit procureur du Faso dise qu’il n’est pas au courant du fait qu’il y ait une crise au Burkina Faso. Ce qui me surprend le plus, c’est le fait de voir des civils et les membres de tous les autres corps de métiers se faire enrôler en tant que volontaire pour la défense de la patrie et de voir en même temps une note du procureur qui nie être au courant de la crise que traverse le Burkina Faso. Il affirme en plus de cela que les accusations portées contre les magistrats n’ont pas suivi les procédures normales donc ils seront payés à hauteur d’un million de franc par jour quand ils seront en brousse. Cela nous montre que les juges burkinabè ne sont pas en quête de justice mais d’argent. S’ils étaient des juges en quête de justice pourquoi Blaise Compaoré qui est sur le coup d’un mandat d’arrêt et qui a été condamné à la peine de mort a foulé le sol burkinabè sur un tapis rouge sans s’inquiéter alors que Mahamadou qui a toujours accompagné le gouvernement est enfermé sans preuve depuis trois mois ? Quand deux forces décident de s’entendre elles doivent s’entraider, dans le cas contraire c’est au peuple de choisir à qui il veut donner du pouvoir. A partir d’aujourd’hui, le seul président de la magistrature que nous reconnaissons c’est le capitaine Ibrahim Traoré. On demande également à la population de tenir bon parce que la France avait voulu passer par les hommes de tenues pour déstabiliser le pays mais ils se sont retrouvés confrontés à la loyauté de l’armée Burkinabè. Face à cet échec cuisant, ils ont voulu passer par les « pagtagé » mais nous ne sommes pas tombés dans leur piège de division. Maintenant, ils veulent passer par la justice pour détruire le pays. Mais aujourd’hui par la grâce de Dieu nous sommes encore plus engagés et déterminés que jamais à nous dresser contre une justice corrompue. A chaque fois que les FDS reviennent du front ils sont contents de voir que la population les soutient et que leur choix de défense de la patrie n’est pas une peine perdue. A partir d’aujourd’hui, nous ne voulons plus d’un autre président du conseil supérieur de la magistrature en dehors du Capitaine Ibrahim Traoré », Badini Moctar, chef de l’organisation « partagé partagé ».

Gaousou Sanogo membre du mouvement CNAVC

« Ce matin si nous sommes là, c’est juste pour sortir demander une réforme profonde de la justice. La réforme profonde de la justice c’est quoi ? Cela veut dire que nous ne sommes pas contre la justice ni ceux qui y travaillent mais nous sommes contre le système qui est là. Ce système qui nous a été imposé depuis la colonisation, depuis les indépendances ne reflète pas les vraies réalités du peuple burkinabè donc nous on veut une justice à l’image du peuple burkinabè. Nous sommes ici ce matin pour aller demander à la justice une nouvelle réforme du système judiciaire burkinabè car c’est pour le bien de tous. Nous ne voulons pas gâter leur travail. Non ! Nous voulons seulement qu’ils changent la manière parce que nous nous disons que la justice qui est là vient d’un système qui nous a été imposé sûrement. Nous ne pouvons pas dire que tout est mauvais. Nous allons garder ce qui est bien et ce qui ne nous arrange pas on essaie de faire une vraie réforme pour le bonheur du peuple burkinabè. Par exemple, si on prend un prisonnier qui a commis des crimes mineurs, au lieu de l’enfermer pendant 1 ou 2 ans à la MACO pour l’entretenir et le nourrir, c’est mieux de le garder chez lui et chaque matin à 5h on vient le cherche pour qu’il parte faire un travail communautaire, un travail qui va être bénéfique à la nation et la nuit on part le déposer chez lui à la maison. Non seulement il a fait œuvre utile et on dépense moins. Ce sont ce genre d’innovations que nous voulons. Des innovations qui reflètent la réalité du peuple burkinabè », Gaousou Sanogo membre du mouvement CNAVC.

« maman patriote »

« Nous sommes ici ce matin pour dire la vérité à la justice, car ce qu’ils sont en train de faire n’est pas bien. Qu’ils mettent de l’eau dans leur vin. Nous leur demandons de suivre le capitaine Ibrahim Traoré. Ce qui se faisait avant ne passe plus maintenant. Il n’y a pas deux capitaines dans un bateau. Nous sommes avec Ibrahim Traoré jusqu’à la fin. Si ce n’est pas lui, qui va nous sortir de cette guerre ? Nous leur demandons de rendre la justice de manière honnête et d’accepter d’aller au front », a déclaré « maman patriote », une manifestante.

Alpha Sebgo

« Cette manifestation est vraiment patriotique et pacifique pour dénoncer le comportement de certains magistrats que nous n’avons pas apprécié. Ils ont été enrôlés, mais ont refusé et ont déposé une plainte contre le gouvernement. Dans quel pays avez-vous déjà vu la justice déposer une plainte contre le gouvernement ? De plus, ils ont affirmé qu’il n’y a pas de preuve physique que le pays est en guerre. Nous demandons que tous les magistrats soient réquisitionnés pour aller voir ce qui se passe au front avant de revenir en ville. Nous ne sommes pas contents d’eux, et c’est pour cela que nous sommes ici, pour exprimer notre mécontentement à travers cette marche pacifique », Alpha Sebgo.

Hanifa Koussoubé

Anita Zongo (Stagiaire)

Lefaso.net

Source: LeFaso.net