En ce moment se déroulent à Paris les 33e jeux olympiques modernes où notre pays est représenté et a une chance de remporter sa première médaille d’or. Les jeux olympiques, à l’origine, étaient une fête religieuse, célébrée tous les quatre ans au sanctuaire d’Olympie, en Grèce, en l’honneur du dieu Zeus. Si c’était les jeux de l’antiquité qui se déroulaient actuellement, ceux de l’origine de l’olympisme, il y aurait une trêve mondiale au cours des jeux de Paris 2O24.

Imaginez-vous, au Sahel, au Soudan, en RDC, en Somalie, en Éthiopie, à Gaza, au Yémen, au Liban, en Syrie, en Irak, en Ukraine, en Israël, en Russie etc., il n’y aurait plus de combats, plus de guerre, plus de morts, jusqu’à la fin des jeux. Ce serait une petite trêve d’un mois, diront certains. Mais le fait que tous les belligérants se seraient mis à d’accord sur le fait de ne se pas se battre serait un bon début et une source d’espérance. Ce serait un signe que toutes les portes ne sont pas fermées, que l’on peut se parler et que la paix n’a pas disparu des écrans et reste encore quelque part dans les cœurs et les esprits.

Selon certaines sources les jeux olympiques, les sports, seraient un moyen de sauver les cités helléniques de la guerre. Au lieu de se battre et de se donner la mort, les hommes sont appelés à une saine compétition de bravoure et d’honneur. Voir le sport comme un moyen d’empêcher la guerre est une foudroyante et bouleversante idée pacifiste que nous ne devrions pas négliger. Ces lettres de noblesse du sport, les valeurs du sport, nous les connaissons en Afrique, mais ne les pratiquons pas bien souvent dans les sphères dirigeantes. Les sportifs d’Afrique par contre ont écrit son histoire, en compétition avec les autres, en se battant avec talent, honneur, intégrité et fair-play pour réussir dans les stades partout dans le monde. Même si l’Afrique produit des individualités sportives de talent, au plan organisationnel, elle pèche encore par le faible nombre de médailles olympiques et l’absence d’une coupe du monde de football à son palmarès.

Comment réussir si on manque de bonnes structures managériales ? Les valeurs éthiques du sport ne devraient-elles pas s’imposer à tout le monde sportif ? Le respect des valeurs par tous ne serait-il pas le chemin du succès ? Comment mesurer la présence des valeurs du sport dans notre pays au moment où la fédération sportive la plus populaire du Burkina Faso, est en campagne de renouvellement de ses instances ?

Le sport est l’une des plus belles conquêtes de l’homme et les politiciens rêvent d’en tirer profit. En Afrique les conflits entre les ministères des Sports et les fédérations de football font régulièrement la Une des journaux. Le dernier en date est celui entre Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et le ministère des Sports du Cameroun.

Les valeurs universelles du sport

Examinons quelques-unes des valeurs du sport dont l’oubli et la négligence sont à la base des problèmes du monde sportif. N’est pas un sportif celui qui voit dans le sport qu’un travail sur le corps et seulement du corps. Les valeurs du sport valorisent l’équilibre et l’harmonie entre le corps et l’esprit. C’est une recherche du beau et du bien, un corps athlétique et un esprit paré des vertus humaines que l’on exprime par la formule « un esprit sain dans un corps sain ». Si le sport est tant aimé par ses pratiquants et tant regardé par des milliers, voire plus du milliard de personnes pour certains évènements, c’est que les valeurs comme l’équité, le travail d’équipe, l’égalité, la discipline, l’inclusion, la persévérance et le respect y sont présents.

Le sport, au plan des valeurs est le lieu de la vie rêvée de la plupart des hommes. On peut, au sport, rien qu’avec son talent, y devenir une star, un roi, une reine, quelle que soit son origine sociale, raciale, religieuse, ethnique… Dans le sport, rien n’est écrit d’avance et ton destin dépend de toi et de ton équipe. Avec vos efforts individuels et collectifs, votre dépassement de soi, et votre excellence, votre pratique du sport dans l’amitié et le respect de vos adversaires, vous obtenez vos victoires qui sont d’abord des victoires sur vous-mêmes.

Faire une élection digne des valeurs sportives

Au Burkina Faso, à la Fédération burkinabè de football, il y aura une assemblée générale élective le 31 août 2024 à Ouagadougou. Il s’agit d’une élection, d’une compétition, quoi de plus normal dans le monde du sport. La compétition fait partie de l’ADN du sportif et du dirigeant sportif. Rester compétitif est une aspiration à s’améliorer, à se fixer des objectifs ambitieux, à rechercher l’excellence, pour grandir et se développer. La rivalité, la présence d’adversaires, de concurrents est plus un catalyseur pour performer, qu’un obstacle, ou un frein à la réussite. C’est ainsi que les sportifs gagnent et battent les records. Prenons notre meilleure chance de médaille d’or aux jeux olympiques, Yves Fabrice Zango, c’est une personne compétitive qui excelle dans plusieurs aspects de sa vie, le triple saut et les études menées de front avec sa carrière sportive pour décrocher un doctorat en électronique. Il n’a pas peur de ses concurrents parce qu’il viendrait d’un pays pauvre, il a un mental d’acier et des muscles puissants.

Dans le sport, on recherche des adversaires de taille. On ne s’imagine pas gagner sans péril, sans effort, auquel cas la gloire ne sera pas au rendez-vous. Le sport n’enseigne pas la vie facile, sans effort, sans travail acharné dans la douleur et la peine. Ce qui est valable pour le sportif de base ne le serait-il pas pour le dirigeant ? Il faudrait ramener de la paix et de la tolérance dans cette campagne, car dans le sport, selon Coubertin, l’important n’est pas le triomphe, mais d’avoir combattu.

Sana Guy

Lefaso.net

Source: LeFaso.net