La Ligue nationale pour la rémunération équitable des agents publics de l’État au Burkina Faso (LCREAPE-BF) a organisé une conférence de presse, dans la matinée du samedi 15 juin 2024, pour dénoncer l’iniquité dans le traitement salarial des fonctionnaires. Pour la LCREAPE, le manque d’équité dans le système de rémunération des agents publics de l’État crée parfois de la frustration et rend poreuses les relations socioprofessionnelles entre les fonctionnaires de l’État.

D’entrée de jeu, les premiers responsables de la Ligue nationale pour la rémunération équitable des agents publics de l’État au Burkina Faso (LCREAPE-BF) ont précisé que leur organisation n’est pas une structure syndicale, mais une association qui se bat pour l’équité dans le traitement salarial des fonctionnaires burkinabè, qu’ils soient de la fonction publique d’État, de la fonction publique territoriale, de la fonction publique hospitalière ou de la fonction publique parlementaire.

Le présidium lors de ce point de presse.

Pour la LCREAPE, le système de rémunération des agents publics connaît une défaillance depuis la création de la fonction publique au Burkina Faso. Elle dénonce « une fonction publique impérialiste, fruit d’un héritage colonial qui crée, de manière légale, un enrichissement de certains fonctionnaires et maintient d’autres dans la précarité ».

Cette iniquité dans le système de rémunération des agents publics de l’État crée parfois de la frustration et rend poreuses les relations socioprofessionnelles entre les fonctionnaires de l’État, selon Geoffroy Paré, président de la LCREAPE. Toute chose qui, poursuit-il, impacte négativement la productivité des agents publics et la qualité du service public.

« Des écarts de salaires sont observés entre les agents de même catégorie d’une part et les écarts énormes entre échelles d’autre part. Si certains travailleurs sont entretenus par de gros salaires et des avantages aux valeurs financières lourdes, d’autres peinent à assurer leur survie », déplore Geoffroy Paré, président de la LCREAPE.

Geoffroy Paré, président de la Ligue nationale pour la rémunération équitable des agents publics de l’État au Burkina Faso.

À en croire les conférenciers du jour, « l’iniquité trouve son fondement non seulement dans l’octroi des statuts particuliers et autonomes à certaines familles d’emploi, mais également dans le bénéfice d’autres avantages en numéraires, notamment les primes de rendement, celles dites de motivation et bien d’autres, par catégories de travailleurs de l’État ».

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Reconnue officiellement en décembre 2023, la LCREAPE se donne pour mission de plaider auprès des plus hautes autorités pour une rémunération équitable des fonctionnaires de l’État. Elle propose donc d’adopter une loi organique portant principes fondamentaux applicables à l’ensemble des emplois et agents publics de l’État ; d’harmoniser une grille indiciaire qui consiste à trouver un niveau moyen entre les traitements les plus faibles et ceux les plus élevés à l’intérieur des mêmes catégories et échelles des fonctionnaires de l’État, les agents relevant des statuts autonomes payés sur le SIGASPE et les agents des établissements publics de l’État ; de procéder à une rationalisation indemnitaire sur la base du principe d’équité autour de quatre natures d’indemnités (responsabilité, astreintes, technicité et logement).

La LCREAPE propose aussi le plafonnement des écarts de rémunérations indemnitaires au maximum entre les agents relevant de la même catégorie, excepté les indemnités relatives aux opérations de reconquête du territoire national, l’encadrement des rémunérations des fonctions, l’harmonisation par niveau et le plafonnement. Il y a aussi le rationnement des établissements publics de l’État et l’optimisation de leurs charges de fonctionnement, l’harmonisation des frais de mission de tous les fonctionnaires de l’État et les avantages pécuniaires particuliers. La LCREAPE appelle également à encadrer, par des textes règlementaires, les modalités de répartition des fonds communs en se fondant sur l’équité, à assurer une gouvernance saine et républicaine, etc.

Les participants à cette conférence de presse.

Selon la Ligue nationale pour la rémunération équitable des agents publics de l’État au Burkina Faso, « il faut avoir le courage de remettre profondément en cause ce qui ne marche pas, changer de paradigme et affronter avec courage les maux qui minent notre fonction publique et oser réinventer une fonction publique beaucoup plus juste, plus humaine et qui prône la dignité de tous les fonctionnaires ».

La LCREAPE rappelle qu’elle ne s’est pas donné pour mission de diviser les fonctionnaires, ni de travailler à la réduction du salaire de quelque fonctionnaire que ce soit. « Loin de là, nous ne visons que l’équité et la hausse des faibles salaires afin de réduire la frustration créée et entretenue au sein de l’administration publique burkinabè », clarifie Geoffroy Paré, président de la Ligue nationale pour la rémunération équitable des agents publics de l’État au Burkina Faso.

Mamadou Zongo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net