A travers une interview accordée à Alain Foka et publiée sur la page de la présidence du Faso, le chef de l’Etat burkinabè, Ibrahim Traoré, est revenu sur la situation sécuritaire, la nature des relations entre le Burkina Faso et ses partenaires sans oublier l’épineuse question du retour aux élections.
Le Burkina Faso affronte l’hydre terroriste depuis bientôt dix ans. Avec l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, du matériel a été acquis et un contingent fort de plus de 80 000 volontaires pour la défense de la patrie a été levé pour lutter contre le terrorisme. Mais le plus important, selon lui, c’est d’avoir réveillé la fibre patriotique. « Le patriotisme c’est réveillé en tous les Burkinabè, que ce soit chez les combattants ou chez les populations civiles qui contribuent. Ça n’aurait pas été possible il y a quelques années de cela. Il faut savoir réveiller le patriotisme en chaque peuple, le mettre en confiance pour qu’il sache que la patrie est la seule chose qui lui reste. Ça on a réussi à le faire… Même aujourd’hui, si nous voulons un million de VDP pour combattre, nous les aurons. Les gens sont prêts et engagés… A l’instant T, il n’y a pas cette portion de territoire où nous voulons partir et où nous n’irons pas. Nous mettons pied dans des territoires qui étaient hors de contrôle il y a trois ou quatre ans. Aujourd’hui nous sommes à l’offensive pour la plupart des zones. Nous ne sommes plus dans une posture de défense. Nous partons vers l’ennemi et nous le cherchons », a-t-il résumé.
Ses relations avec ses nouveaux partenaires
Les relations, principalement militaires entre le Burkina Faso et la France, se sont détériorées avec la gouvernance du président Ibrahim Traoré. Pour lui, les relations avec l’ancienne colonie n’ont pas été sincères. Il n’y avait pas de volonté de venir en aide au peuple burkinabè, selon ses dires. « Aujourd’hui avec la Russie, la relation est d’abord stratégique. Et avec elle, il n’y a pas cet équipement que nous souhaitons payer, qu’elle ne vous vend pas. Elle nous vend tout ce qu’on veut. Les autres nous font des restrictions. Jusqu’à l’instant T où je vous parle, il y en a qui bloquent des licences de certains avions. Il y a des armes qu’ils ne vont jamais nous vendre. Où est l’amitié ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? Il y a beaucoup de pays avec qui il n’y a aucune restriction : la Chine, la Turquie, la Corée, l’Iran. Tout ce qu’on veut, ils nous font le point et si on peut payer, on paie. Mais avec ces Etats qui étaient là et qui disaient être nos amis, il y a des restrictions. Certains mêmes nous ont dit qu’ils ne peuvent rien nous vendre qui est létal. Voilà leurs principes », a-t-il martelé.
Pour ce qui est de la présence des Russes au Burkina, Ibrahim Traoré souligne qu’ils sont là seulement dans le cadre de la formation des militaires. Idem pour les Turcs et les Chinois. « Aucun d’eux n’est physiquement sur le terrain. Pour l’instant, on se bat seuls », clarifie-t-il. Toutefois, admet-il, « s’il y a le besoin, ils viendront. Et ça je peux vous l’assurer ».
Une sécurité minimum d’abord, les élections ensuite
« On va organiser les élections comment à l’instant T ? », s’interroge le président à la question de savoir à quand les élections. Pour lui, il faut qu’il y ait préalablement un minimum de sécurité pour permettre aux politiques de se rendre partout sur le territoire pour battre campagne. « Il n’est plus question d’aller distribuer des billets. Il y aura des réformes sur le code électoral. Cette manière d’aller acheter les consciences, c’est fini ! Notre mission c’est d’éveiller les consciences et que les gens n’acceptent plus jamais ça ! Si vous pensez pouvoir gouverner le pays, vous expliquez votre programme politique. Et peut-être au bout d’un temps, le peuple va vous évaluer et voir si vous allez continuer votre mandat ou pas », a-t-il expliqué.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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