La rue marchande du Rassandaaga de l’Association Féminine Yamléogo (AFYA), filles et femmes du Yatenga, a ouvert ses portes dans la soirée du 29 septembre 2023, marquant le début de trois jours d’échanges commerciaux.

Dans le cadre de la première édition du Rassandaaga des alliances et de la parenté à plaisanterie avec les Bissas, les Gourmantchés les Samos et les Yadcés, l’Association féminine Yamlogo propose une rue marchande à l’espace culturel Dieudonné. Pour un constat, ce samedi 30 octobre 2023, à notre arrivée aux environs de 14 heures, les stands sont installés avec les noms et l’origine des exposants. Entre grillades et ventes d’objets artisanaux, et autres articles, les discussions se font entendre de partout. A ce rendez-vous, la communauté bissa est fortement représentée.

Aline Guingané a le sourire en parlant de l’affluence des visiteurs au niveau de leur espace. Déjà pas mal de visiteurs sont passés, depuis hier. « Nous proposons aux publics des produits à base d’arachide comme les pâtes d’arachide, des colliers, des Bayas mais aussi la gastronomie. Nos crêpes à base d’harichot communément appelées « bousang-touba » en langue local ont eu du succès. Il y a eu beaucoup plus de demandes que d’offres », a-t-elle confié. Au-delà des retombées économiques qui en résultent, le plus important pour elle, c’est la promotion de sa culture. Au niveau des stands des Gourmantchés, il y a encore un vaste choix pour les visiteurs.

Aline Guingané (en robe blanc-rouge bordeau) est visiblement satisfaite

Thérèse Coulidiati, quant à elle, redoute une faible fréquentation. « Après près de 24 heures, je n’ai vendu que deux pagnes tissés de ma localité », s’inquiète-t-elle. Mais, elle ne désespère pas pour autant. Elle invite tous ceux qui hésitent encore à venir visiter son stand. Ses pagnes sont vendus entre 15 000 et 20 000 francs CFA. Pour la présidente de l’association Tidanba Tuonli (un vocable Gourmantché qui signifie les activités de nos parents), ce Rassandaaga visant à promouvoir le vivre-ensemble est très important. Car, de son avis, il permet aux exposants de renforcer davantage les alliances à travers les frottements et à découvrir mutuellement leurs richesses culturelles. Cependant, elle a relevé des insuffisances d’ordre organisationnel dont le manque de communication autour de l’évènement. Au cours de nos ballades, nous faisons la rencontre de Félix Samandoulgou, un chef bissa. Lorsque nous le rencontrions, il était en train de défier ses parents à plaisanterie Yadcés et Gourmantchés à travers joute oratoire, signe d’une collaboration pacifique entre eux. Il se vante d’avoir dégusté un met local des Yadcés qu’on ne trouve pas partout.

Thérèse Coulidiati est confiante

La parenté à plaisanterie a toujours existé entre les groupes ethniques et souvent entre les patronymes. Malheureusement, ce patrimoine culturel immatériel est en déperdition. Il est aussi peu connu de la nouvelle génération et même par certains anciens. De l’avis du chef, la parenté à plaisanterie a besoin d’être valorisée. Et pour ce faire, « nous devons multiplier ce genre de manifestations pour que ces valeurs ne disparaissent pas. Des valeurs de pardon, de tolérance, de vérité, de complicité et de recherche de la paix à travers la satire, la raillerie, l’humour positive. C’est un puissant vecteur de cohésion sociale », a-t-il indiqué.

Selon Célestin Samandoulgou, ancien fonctionnaire, la parenté à plaisanterie, constitue le ciment du vivre-ensemble et de la cohésion sociale.

Un avis partagé par Célestin Samandoulgou, ancien fonctionnaire. Pour contribuer à sa pérennisation comme trésor immatériel et moyen de promotion du vivre-ensemble, le fonctionnaire à la retraite dit avoir initié ses enfants. Les festivités de cette foire s’achèveront le 1er novembre 2023.

Aïssata Laure G. Sidibé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net