Suite à l’exfiltration de la guérisseuse de Komsilga Amsétou Nikièma, interpellée par les forces de l’ordre et libérée par des individus se réclamant de l’Agence nationale des renseignements, les syndicats des magistrats ont annoncé un arrêt des activités de tous les magistrats. Et cela, jusqu’à ce que la guérisseuse soit réintégrée à la maison d’arrêt et de correction. Lefaso.net est allé faire le constat ce lundi 30 juillet 2023 dans les deux palais de justice de la ville de Ouagadougou.

A 7h30 au tribunal de grande instance de Ouaga II, la garde de sécurité pénitentiaire est postée devant l’entrée comme d’habitude pour contrôler les pièces et fouiller les usagers qui entrent au palais de justice. Ceux qui viennent pour obtenir leurs casiers judiciaires sont autorisés à entrer, parce les greffiers travaillent. Par contre ceux qui sont là pour les audiences ou des rendez-vous avec des magistrats sont informés que les magistrats sont en grève.

« Les magistrats sont en grève. Si vous ne croyez pas allez-y vérifier vous-même. Donnez votre carte nationale d’identité burkinabè », dit un garde pénitencier à une dame qui a un rendez-vous avec un magistrat et qui insistait pour entrer dans l’enceinte de la cour, pensant que l’agent GSP ne voulait pas qu’elle entre au tribunal.

Après quelques minutes, la dame ressort pour récupérer sa CNIB. Elle constate effectivement que le magistrat qui lui avait donné le rendez-vous n’est pas dans son bureau.

Après une longue attente devant la guérite de la Garde pénitentiaire, nous n’avons pas été autorisé à entrer au tribunal pour constater si les salles d’audiences sont réellement vides.

Au tribunal de grande instance de Ouaga I également les greffiers sont là pour les casiers judiciaires. Mais les magistrats ne sont pas là pour signer. A l’intérieur du palais, on constate que les salles d’audiences sont vides. Ceux qui viennent pour les rendez-vous sont informés que « les magistrats sont en grève ». Certains soutiennent la décision des magistrats. Par contre, chez d’autres, le sentiment est mitigé au regard de l’urgence de leurs dossiers.

« Je soutiens la décision des magistrats. Nous sommes dans un pays de droit et nul n’est au-dessus de la loi. Telle que la situation se présente, si les magistrats laissent tomber cette histoire, c’est qu’ils vont libérer tous ceux qui sont en prison », a indiqué un usager du TGI Ouaga I qui requiert l’anonymat.

« Mon dossier est urgent. Vraiment je ne suis pas content de cette grève. Mais je suis d’accord que les magistrats ont raison. Il faut que la guérisseuse soit remise à la justice pour le bonheur de tout le monde », a laissé entendre Issaka Sana.

Joint au téléphone, le secrétaire général adjoint du Syndicat burkinabè des magistrats (SBM), Nestor Kientga, a dit ne pas savoir où la guérisseuse se trouve actuellement. A cet effet, l’arrêt de travail des magistrats est maintenu jusqu’à nouvel ordre.

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Rama Diallo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net