Le président de la délégation spéciale de Bobo-Dioulasso, Adama Bidiga, a rencontré, ce lundi 31 juillet 2023, les propriétaires de camions bennes, dans le but de les sensibiliser sur les enjeux liés au paiement de la taxe sur l’enlèvement des agrégats. Cette rencontre a réuni les présidents de délégation spéciale d’arrondissement, les leaders d’organisations de la société civile, les autorités coutumières et religieuses.
Au cours de cette rencontre, le président de la délégation spéciale de la commune de Bobo-Dioulasso, Adama Bidiga, n’est pas allé du dos de la cuillère pour dépeindre la situation financière de sa commune. « La commune est très éprouvée par la situation sécuritaire. Chaque jour nous recevons des lots de déplacés internes et nous devons faire face à pas mal de charges. Le contexte actuel n’est pas favorable également en termes de mobilisation de recettes, la population attend beaucoup de nous », a-t-il lâché.
Face à cette situation qui empêche toutes les actions de développement au sein de la commune, Adama Bidiga a saisi l’occasion pour interpeller les uns et les autres sur la nécessité d’accompagner la collectivité, en payant les différentes taxes. « Autrement, la commune sera confrontée à des difficultés financières pour honorer certains engagements vis-à-vis des populations. Et c’est le cas de la voirie où nous sommes régulièrement très sollicités et l’assainissement, etc. Nous avons besoin de ces taxes pour améliorer la santé financière de la commune et permettre à la commune de tenir ses engagements vis-à-vis des populations », a-t-il expliqué.
- Le président de la délégation spéciale, Adama Bidiga, invitant la population au paiement des taxes
Cette rencontre de sensibilisation fait suite au refus de certains propriétaires de camions bennes de payer la taxe sur l’enlèvement des agrégats dans la commune de Bobo-Dioulasso. Car, l’estimant trop élevée. Selon les textes, la taxe sur l’enlèvement du sable blanc ou sable lavé varie de 3000 à 6000 FCFA sur chaque chargement et en fonction de la capacité du camion benne. Les propriétaires de camions bennes, eux, avaient suggéré un prélèvement de 1000FCFA par jour au lieu de 3000FCFA par chargement. Toute chose qui n’arrange pas la commune, aux dires du président Adama Bidiga.
A en croire l’autorité communale, le décret fixant le coût de la taxe sur l’enlèvement des agrégats existe depuis plusieurs années. « Malheureusement, beaucoup d’acteurs ne payaient pas ces taxes », a-t-elle (l’autorité) déploré. Pour un début d’application des textes, la commune a décidé d’aller sur une base de prélèvement journalier. Ainsi, au lieu de 3000F par chargement de benne, les acteurs devront payer désormais 3000F par jour. Cette décision a été prise au préalable de concert avec les présidents de délégation spéciale des arrondissements.
« Nous avons jugé opportun de convier l’ensemble des acteurs pour leur donner l’information juste et leur dire que la commune n’est pas fermée au dialogue bien au contraire, la commune a toujours fait des concessions et c’est la preuve que nous sommes ouverts au dialogue. Les acteurs ont voulu payer la taxe par jour alors que l’esprit de la délibération c’est que la taxe soit payée par chargement. De concert avec l’ensemble des présidents de délégation spéciale d’arrondissement, nous avons décidé que la taxe se paye par jour mais pas au montant proposé par les acteurs eux-mêmes qui est de 1000F. La délibération a fixé un certain montant et nous allons travailler sur la base de ce montant », a-t-il laissé entendre. Pour le président Adama Bidiga « on ne peut pas continuer à tendre la main pour qu’on nous aide. Il faut que la population paye les taxes. Comment bitumer les voies si elle ne paye pas ses taxes ? », s’est-il interrogé.
- Les participants à la rencontre de sensibilisation des propriétaires de camions bennes
Aucun sacrifice n’est de trop pour le développement de la commune
Cette rencontre a connu la participation des chefs coutumiers de la ville de Sya. Selon eux, « aucun sacrifice n’est de trop pour le développement de la commune de Bobo-Dioulasso ». C’est pourquoi, ils ont apporté leur soutien à la commune dans le cadre de cette opération de recouvrement de taxes car ils estiment qu’il s’agit de défendre un intérêt général. Oumarou Moriba Sanou est de la chefferie coutumière de Dioulassoba.
- Oumarou Moriba Sanou de la chefferie coutumière de Dioulassoba s’est réjoui de la tenue de cette rencontre de sensibilisation
Il s’est réjoui de la tenue de cette rencontre de sensibilisation ainsi que des actions de développement engagées par la commune de Bobo-Dioulasso.
« Ce sont les taxes qui permettent aux autorités de travailler. Si nous refusons de payer nos taxes, nous ne pourrons pas dire après que la délégation spéciale n’a rien fait pour développer la ville. Les coutumiers sont d’accords pour le paiement des taxes car c’est ce qui nous permettra de travailler dans le sens du développement de la ville et je crois que cette rencontre a permis à beaucoup de personnes de comprendre les enjeux », a souligné Oumarou Moriba Sanou.
Du côté des acteurs, même si la nouvelle n’est pas du goût de certains, ils ne peuvent que se résigner. Pour le président de la structure des propriétaires de camions bennes des Hauts-Bassins, Seydou Kassemba « cette rencontre est un coup d’état ». Il déplore ainsi un manque de communication de la part des autorités de la commune. « Nous étions en négociation avec la commune et la négociation s’est arrêtée. Nous avions déposé une doléance au niveau de la commune de Bobo-Dioulasso en expliquant les difficultés que nous rencontrons sur le terrain. Nous aurions souhaité que la commune nous rencontre en privé pour nous faire part de sa décision au lieu d’organiser cette rencontre avec tous ces acteurs », a-t-il décrié.
- Le président de la structure des propriétaires de camions bennes des Hauts-Bassins, Seydou Kassemba se résigne de la décision de l’autorité et promet de passer le message à la base
Avant de poursuivre : « sur les autres sites, dans les autres communes, il n’y a pas d’exploitants sur le site. A Borrodougou, il y a des exploitants, ceux qui ont des engins qui viennent dynamiter ou creuser avec des bulldozers. Eux, ils nous vendent d’abord la matière, nous payons le chargement et à la sortie les propriétaires terriens nous prennent encore de l’argent du même montant que la commune veut récupérer sur les catégories de bennes ». Qu’à cela ne tienne, il se résigne de la décision de l’autorité et promet de passer le message à la base.
Romuald Dofini
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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