Réunies en coalition, des organisations paysannes et des organisations de la société civile, ont organisé ce 20 février 2023, une conférence de presse. Objectif, interpeller l’autorité publique sur la nécessité d’une promotion immobilière responsable et soucieuse de la préservation de l’exploitation agricole familiale. Les conférenciers invitent les gouvernants à prendre des mesures fortes pour sauver l’agriculture familiale et assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, face à l’accaparement des terres par les promoteurs immobiliers dans les zones de production et zones péri urbaines.
88 235 hectares de terres rurales sont occupés par les promoteurs immobiliers sur l’ensemble du territoire national. C’est ce qu’affirment les conférenciers du jour, qui précisent que ce sont respectivement 10 920 hectares et 3.269 hectares qui sont concernés pour les villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Cette prise d’assaut des terres cultivables par les promoteurs immobiliers, engendre selon eux, une réduction des superficies cultivables, une perte des moyens de subsistance, une baisse de la production agricole nationale ainsi qu’une clochardisation des jeunes et adultes, qui peuvent se laisser facilement enrôler par les groupes terroristes.
Et comme conséquence de cette réduction des terres cultivables, ce sont environ 3,4 millions de personnes qui sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle pour la seule année 2022, du fait de la perte de leurs terres et des changements climatiques. Ce sont également des milliers de jeunes, qui pouvaient entreprendre dans le milieu agricole et générer des emplois, qui se retrouvent également au chômage faute de terre à exploiter.
- Marc Gansonré, secrétaire général de la Confédération paysanne du Faso a livré la déclaration liminaire
La situation est d’autant plus inquiétante, que même les zones de maraîchages, les bas-fonds, les zones de foresterie ne sont pas épargnées. À en croire Marc Gansonré, secrétaire général de la Confédération paysanne du Faso qui a livré la déclaration liminaire, ce sont 295 projets immobiliers irréguliers qui sont mis en œuvre dans les zones citées plus haut.
Les organisations paysannes s’inquiètent donc de cette situation, qui réduit les chances du Burkina Faso de parvenir à la sécurité alimentaire, mais aussi qui risque de priver les générations futures de ressources naturelles rurales. C’est pourquoi, elles invitent le gouvernement à agir au plus vite, pour préserver les terres exploitées par les petits producteurs et qui leur permettent non seulement de nourrir leurs familles mais aussi de disponibiliser plusieurs produits sur le marché.
- vue des participants
Elles recommandent donc à l’Etat, l’adoption diligente de l’avant-projet de loi, portant promotion immobilière et des différents textes d’application. Pour les conférenciers, adopter et appliquer cette loi va mettre fin à plusieurs dérives et contribuer à préserver les intérêts des petits producteurs.
Ils préconisent aussi l’arrêt dans le court terme des lotissements classiques et le développement d’un modèle d’aménagement urbain peu consommateur d’espace, ainsi que l’identification et l’immatriculation des espaces et sites d’investissement pastoraux dans toutes les communes.
Armelle Ouédraogo/Yaméogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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