2022 s’achève avec son lot de souvenirs douloureux. La Faucheuse a encore endeuillé les Burkinabè. Elle a été bien gourmande. Même si l’on ne verra plus des hommes comme Luc Marius Ibriga, Paul Miki Rouamba ou encore El Hadj Noufou Ouédraogo, on entendra parler d’eux encore des dizaines d’années. Rétrospective !

Luc Marius Ibriga, la simplicité (25 décembre)

Le décès de l’ancien contrôleur d’Etat a plongé le pays dans l’émoi, le jour de la Nativité. Les Burkinabè retiennent de lui ses qualités de simplicité, d’ouverture et d’humanisme, mais surtout sa conscience professionnelle et sa rigueur qu’il a imprimées dans les annales de la lutte contre la corruption au Burkina Faso.


Le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a salué la mémoire d’un combattant de la gouvernance vertueuse. « Notre Nation perd ainsi un de ses valeureux fils qui a consacré sa vie à la formation et à l’éveil d’une conscience citoyenne, libre, intègre et digne », a-t-il témoigné.

Enseignant de droit dans les universités Joseph-Ki-Zerbo et Thomas- Sankara, Luc Marius Ibriga a été nommé en 2014 président de l’Autorité supérieure de contrôle de l’État et de lutte contre la corruption. Il est admis à la retraite en 2021, après 27 ans passés dans l’enseignement et la recherche en sciences juridiques et politiques.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, Luc Marius Ibriga n’a pas encore rejoint sa dernière demeure dans son Tenkodogo natal. Son inhumation est prévue le 3 janvier 2023 à son domicile, dans la cité de Naaba Zoungrana.

Mc Claver Yaméogo, le touche-à-tout (15 décembre)

Cette fin d’année 2022 a été marquée par le décès, des suites de maladie, de l’un des fils du premier président du Burkina (ex-Haute Volta), à l’âge de 56 ans. Il s’agit de Claver Yaméogo plus connu sous le nom Mc Claver. Il a été l’un des pionniers du rap en Côte d’Ivoire, dans les années 1990. Dans ce pays, il a animé, pendant une décennie, deux émissions rap sur la radio Fréquence 2 : Sound System et Zone Rap.


Quelques années plus tard, après une formation auprès du regretté pasteur Samuel Yaméogo, il devient pasteur et crée en 2009 son église, le Ministère évangélique de puissance des ministres choisis de Christ.

Le 13 juillet 2019, Mc Claver annonce la création de son parti politique, le Mouvement pour le rassemblement patriotique (MRP). Il le présentait comme un parti basé sur une « idéologie patriotique tirée des doctrines saintes de la parole de Dieu ».

Pr Longin Somé, le jovial (13 décembre dernier).

Cofondateur du Laboratoire d’analyse numérique, informatique et biomathématiques (LANIBIO) de l’université Joseph-Ki-Zerbo, avec le Pr Blaise Somé, le Pr Longin Somé est décédé le 13 décembre. Il a été le premier chargé de mission du centre universitaire de Banfora et a également occupé le poste de directeur général adjoint de l’Institut supérieur de mathématiques.


Natif de Bobora/Koper dans la région du Sud-Ouest, il se faisait appeler « le ministre de la joie de vivre et de lutte contre le pessimisme ». Ses proches retiennent de lui, le souvenir d’un travailleur rigoureux, serviable, respectueux et affectueux.

Noufou Ouédraogo, la passion jusqu’au bout (23 octobre)

C’est à l’âge de 81 ans que l’ancien président de l’Union nationale des supporters des Etalons (UNSE), Noufou Ouédraogo, a tiré sa révérence dans la matinée du dimanche 23 octobre 2022 à son domicile au quartier Gounghin de Ouagadougou.


Amoureux du ballon rond, il a contribué au rayonnement du football burkinabè, lui qui était promoteur du Tournoi international de la solidarité des centres de formation et fondateur du centre Naaba-Kango où il repose depuis le 24 octobre.

Noufou Ouédraogo était aussi un homme politique. Il a milité à l’Alliance pour la démocratie et la fédération – Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA). De 2015 à 2020, il siège à l’Assemblée nationale en tant que député, pour le compte du parti. Et le 31 mars 2019, il est fait président d’honneur du parti, au congrès tenu à Bobo-Dioulasso.

Paul Miki Roamba, un départ prématuré (10 septembre)

S’il y a bien une disparition qui a créé une onde de choc au cours de l’année 2022, c’est bien celle de Paul Miki Roamba, directeur général du groupe Oméga médias qu’il a rejoint le 27 mai 2022.


Journaliste professionnel et calme, Paul Miki Roamba était connu des plateaux télé pour ses analyses sans détours et assez pointues. Il a marqué les esprits partout où il est passé : Le Pays, Notre Temps, BF1, Courrier confidentiel, l’Événement, Ouaga Fm, LCA, Oméga médias.

Son souvenir est encore vif dans les esprits des journalistes. Ce départ prématuré rappelle celui du journaliste reporter d’images, Rémi Lambert Nébié, à l’âge de 37 ans, le 24 février 2021.

Kassoum Kambou (19 février), le militant des droits de l’homme

En 2022, la quatrième personnalité de l’Etat burkinabè a rangé définitivement sa robe. Il s’agit du président du Conseil constitutionnel Kassoum Kambou. Âgé de 66 ans, il est décédé le 19 février à Paris où il avait été évacué pour des soins médicaux.

Arrivé à la tête du Conseil constitutionnel, le 11 février 2015, il n’avait pas pu présider, le 16 février 2022, la cérémonie de prestation de serment du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, tombeur du président Roch Marc Christian Kaboré, le 24 janvier.


Kassoum Kambou était, selon ses proches, un fervent militant des droits de l’homme. Il a milité au sein du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et au Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC).

L’on retiendra également qu’il a dirigé la Commission d’enquête indépendante (CEI) mise en place pour élucider l’affaire du drame de Sapouy, où le journaliste d’investigation Norbert Zongo et ses compagnons ont perdu la vie. Cette commission est arrivée à la conclusion que le journaliste a été tué pour son travail d’enquête sur la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré.

Kirakoye Moubasséra, l’efficacité (17 janvier)

Décédé le 17 janvier 2022 des suites de maladie, Kirakoye Moubasséra était le directeur du protocole de la Primature. Il ne passait pas inaperçu lors des cérémonies, toujours au four et au moulin à toutes les activités auxquelles prenait part le Premier ministre.


Diplômé en lettres (Anglais), il a fait l’essentiel de sa carrière professionnelle au service du protocole de la Primature où il est entré au temps de Kadré Désiré Ouédraogo (1996-2000).

Au-delà de toutes ces personnalités, le Burkina a perdu des centaines de fils et de filles, souvent dans l’anonymat. Les victimes civiles et militaires des attaques de Seytenga, Bourasso, Namissiguima, Bitou, Markoye, Boala, Djibo, Bourzanga, Gomboro… ne doivent pas être oubliées. Leur départ doit constituer le ferment de l’unité de tous les Burkinabè pour combattre la rapacité des hommes et tout ce qui plombe cette lutte contre le terrorisme.

HFB

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Source: LeFaso.net