Des élèves ont créé une forte sensation le 17 mai 2021 au Lycée Philippe Zinda Kaboré. Ils ont littéralement attaqué et mis à sac le bureau et le véhicule du proviseur de l’établissement. Mais en réalité, ce qui est encore plus dramatique dans cette histoire, c’est le silence coupable du corps professoral. Jusque-là, aucun mouvement syndical du monde éducatif n’a condamné cet événement hideux.

Quelle horreur de voir que des jeunes élèves aient littéralement saccagé le bureau et le véhicule de leur proviseur ! Ce qui s’est passé au Lycée Philippe Zinda Kaboré n’est ni plus ni moins qu’une barbarie digne du temps de la vie sauvage. En ce moment, c’est le plus fort qui dévorait le plus faible. Eh bien, le proviseur a été dévoré. Mais en fait, le problème, ce n’est pas que cela. L’incompréhensible, c’est le silence coupable de ses collègues enseignants, des syndicats de l’éducation. Peu importe ce qui les oppose, le proviseur reste est un des leurs. On ne peut donc pas concevoir qu’il n’y ait pas eu une condamnation officielle de cette violence aveugle.

Ce silence laisse croire qu’ils sont d’accord avec les faits. A savoir même si certains n’ont pas applaudi la nouvelle à tout rompre. Ceux-là ont certainement ri aux éclats. Ils ont ainsi obtenu une vengeance par personnes interposées. En réalité, une solidarité officielle aurait étonné. Pour cause, il y a certains enseignants qui sont de connivence avec ces élèves. Ils entretiennent ainsi une relation incestueuse avec les apprenants. Or, ce qui est marrant, ces mêmes-là s’étonnent que les mêmes élèves les bastonnent, les frappent. Quand ces incidents arrivent, ils crient sur tous les toits qu’ils sont en insécurité. Ils demandent l’intervention des forces de police pour assurer leur sécurité. Ils exigent des procès.

Cela est normal. Mais tant qu’il y aura une relation de manipulation, de luttes par procuration, les élèves vont continuer de boxer mêmes enseignants. Et là, c’est vraiment dommage. L’on peut bien collaborer pour des revendications communes. Cependant, il y a des limites à ne pas franchir. Jusqu’à preuve du contraire, un élève et un enseignant ne peuvent collaborer pour mener des luttes syndicales. Il y a des jeux auxquels il ne faut même pas se prêter. C’est malheureusement ce que font certains enseignants.

C’est sûr que ceux-là ne connaissent pas l’histoire du singe et du chien. Les petits de ces deux animaux jouaient ensemble. La guenon a interdit son petit de jouer avec le chiot. Une chose que la chienne ne comprend pas. Alors elle lui fait cette remarque : ton petit joue avec sa bouche et il mange avec sa bouche. Il pourra confondre un jour les fonctions de sa bouche. Ainsi pour dire que le parfait amour élève-enseignant doit se limiter pour l’un à donner des cours et l’autre à apprendre. C’est tout ! Le reste n’est qu’hypocrisie.

Il est temps que chacun revienne à la raison. Il ne faut surtout penser tirer profit de cette situation. Le poussin qui trimballe les intestins de son compère triomphalement ne doit pas oublier une chose. Son tour viendra. Sans réaction de fermeté de l’ensemble des acteurs du monde éducatif, ces élèves vont reproduire la même chose soit au Lycée Philippe Zinda Kaboré soit ailleurs. Ce sera vraiment dommage.

Finalement, on est tenté de dédouaner ces élèves aussi. L’acte qu’ils ont posé n’est que le fruit de la réalité du moment. La consommation de la drogue et de l’alcool est devenue le sport favori de certains enfants. Cela se fait au vu et au su de tout le monde. C’est normal donc qu’on ramasse les pots cassés de notre négligence ou de notre silence coupable. En attendant, vivement que les différents acteurs impliqués dans la crise trouvent un terrain d’entente. C’est le Burkina et son monde éducatif qui gagneront.

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Source: LeFaso.net