Deux jours après sa décision d’affecter des agents des médias publics en « situation irrégulière », le ministère de la Communication, par la voix de sa secrétaire générale, Hortense Marthe Zida, a décidé de « compléter les informations » au cours d’une conférence de presse, ce jeudi 5 mars 2020 à Ouagadougou.

De cette sortie médiatique, l’on retient d’abord un mea culpa de la secrétaire générale du ministère de la Communication, Hortense Marthe Zida, animatrice de cette conférence de presse. Elle reconnaît en effet qu’il y a eu des erreurs dans le processus de cette décision et promet de les rectifier.

A titre d’exemple, elle a cité le cas d’un agent décédé la semaine dernière et qui figure sur cette liste. « Les erreurs qui ont pu se glisser dans le processus seront prises en compte par les services du ministère et les différentes directions des ressources humaines des Etablissements publics de l’Etat (EPE) afin d’apporter les corrections nécessaires », a-t-elle précisé.

Une vue journalistes à la conférence de presse

Selon Hortense Marthe Zida, « depuis 2019, le ministère a décidé de mettre de l’ordre dans la situation administrative de ses agents, au regard des nombreuses difficultés rencontrées dans la gestion de la fin de carrière de certains d’entre eux ». Ainsi, une opération « casiers vides » a été initiée. En effet, de nombreuses difficultés pour les actes de fin de carrière des fonctionnaires du ministère de la Communication sont constatées, indique la secrétaire générale. Beaucoup n’ont pas d’actes de détachement à certains moments de leur parcours professionnel. Ainsi, le ministère a décidé d’affecter les agents en situation irrégulière.

Plusieurs réunions de cabinet se sont tenues courant octobre, novembre et décembre 2019. Les EPE ont alors produit une liste définitive faisant état respectivement de 322 agents à la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) et de 48 agents aux Editions Sidwaya en « situation administrative irrégulière ». Le ministère de la Communication a donc pris la décision d’affecter ces agents en situation irrégulière pour compter du 1er mars 2020.

La secrétaire générale du ministère de la Communication, Hortense Marthe Zida

Les trois situations irrégulières

Même deux jours après cette décision, il est toujours difficile de s’accorder sur la définition de « situation irrégulière ». Au cours de cette conférence, la secrétaire générale a énuméré les trois situations irrégulières auxquelles les ressources humaines des EPE font face.

La première est celle d’agents affectés dans les EPE sans acte de détachement. La seconde est celle d’agents dont le détachement a échu et pour lesquels aucun acte n’a été pris pour le renouvellement. La troisième et dernière situation est que certains de ces agents, bien qu’exerçant dans les EPE, continuent d’être payés par la solde centrale, « toute chose qui est contraire à l’esprit et à la lettre de l’article 132 de la loi N°081-2015/CNT du 24 novembre 2015 portant statut général de la fonction publique, qui prescrit qu’un fonctionnaire détaché est rémunéré par la structure d’accueil ».

« L’administration prend ses responsabilités »

Ces mesures sont-elles opportunes ? A cette question, la secrétaire générale et son équipe tentent de se justifier. « Vous pouvez nous croire ou ne pas nous croire. Nous avons dit que c’est un processus d’apurement, de régularisation de situation. Malheureusement, ce processus coïncide avec une crise qui perdure (depuis 2016). On est humain ; on sait que ça va poser problème, mais s’il y a nécessité de le faire, l’administration prend ses responsabilités et elle le fait », a indiqué Hortense Marthe Zida.

Il faut retenir qu’à la suite de cette décision, des voix se sont élevées pour s’interroger sur la décision d’affecter des journalistes dans des services tels que la direction des ressources humaines. Qu’est-ce qu’ils vont faire là-bas ? Et Hortense Marthe Zida de répondre qu’il y a toujours quelque chose à faire quelque part. « Durant ma carrière, j’ai vu des journalistes qui ont assuré la régie ; pourtant, ils n’ont pas été formés pour ça », a-t-elle illustré.

La directrice des ressources humaines du ministère de la Communication, Esther Ouédraogo (au micro)

La directrice des ressources humaines du ministère de la Communication, Esther Ouédraogo, vole à son secours. « Depuis un certain temps, on reçoit des expressions de besoins provenant de plusieurs ministères qui demandent des agents, des chargés de communication au niveau des structures, des EPE, des collectivités », a-t-il affirmé, avant d’ajouter qu’« il y a des agents qu’on peut utiliser pour répondre à ces besoins, vu que leur situation est devenue irrégulière au sein des EPE ».

Face à une éventuelle intensification de la crise entre le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) et son ministère de tutelle, la secrétaire générale rappelle que le ministère est « toujours dans l’esprit du dialogue ».


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Cryspin Masneang Laoundiki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net