Le Dytanié (hymne national) n’a pas retenti ce dimanche 29 septembre 2019 à Doha où se tiennent les championnats du monde de l’athlétisme, mais Hugues Fabrice Zango a définitivement marqué son nom et celui de son pays dans l’histoire du triple saut en remportant la médaille de bronze. Une première pour le Burkina Faso que le jeune athlète représente. C’est un Fabrice toujours déterminé et fier que nous avons rencontré par le truchement des nouvelles technologies.
Quels sont les sentiments qui t’habitent en ce moment, Fabrice ?
Je suis très content d’avoir rempli ma part de mission, c’est-à-dire donner satisfaction au peuple burkinabè qui avait porté le regard sur ce que j’avais fait, qui avait suivi un peu ma carrière tout au long de cette année jusqu’à ces championnats où j’ai pu écrire un peu plus l’histoire de notre pays dans le sport mondial. Je suis fier de ce que j’ai accompli et j’espère que ça motivera ou suscitera d’autres vocations.
Quel était ton état d’esprit durant ces compétitions ?
Après les jeux africains, on était un peu fatigué parce qu’on était dans un cycle de travail pour justement préparer ces championnats du monde-là. En tout cas, physiquement on était plus ou moins prêt, c’était monstrueux. Il fallait maintenant pouvoir le montrer. Il y a bien de choses qui diffèrent entre le champion et les autres. Vous voyez, il y a des gens qui peuvent faire des performances sans la pression, tant qu’il n’y a pas d’enjeu. Mais dès qu’il y a un enjeu, tout le monde stresse et tout le monde se retire. Et justement, la force du champion c’est de pouvoir rebondir, c’est de pouvoir passer au-delà de tous ces enjeux et pouvoir s’exprimer pleinement. Et moi j’étais prêt physiquement. Maintenant est-ce que j’allais pouvoir tenir l’enjeu ? J’ai effectivement prouvé hier que je pouvais tenir cet enjeu et être parmi les meilleurs du monde.
Au regard donc de cette pression, comment as-tu pu surmonter tout ceci ?
Je ne sais pas si je vais dire qu’il y avait beaucoup de pression. En tout cas, j’avais envie de marcher sur mes rotules si vous le voulez parce que la pression était telle que tu trébuches. Même à l’échauffement, à la moindre inattention, tu trébuches. Tu es tellement stressé que tu as l’impression que tu n’es plus entièrement maître de ton corps. C’est comme si tu transportais une montagne. Et tu dois sauter avec cela. Ton corps pèse deux, trois fois plus lourd. Vraiment la pression c’est un truc extraordinaire (rires). Mais moi franchement, j’ai réussi à surmonter cela parce que j’ai eu plusieurs compétitions avec ces mêmes personnes, et justement j’avais réussi à gérer au fur et à mesure mes sensations et tous mes ressentis pour pouvoir m’exprimer malgré cette pression. Et c’est ce qui s’est passé hier.
Et le prochain cap ?
Déjà au niveau africain, on ne fait qu’améliorer le record. Ça c’est un cap de passé. Le prochain cap, c’est les jeux olympiques en juillet prochain. On a encore dix bons mois de préparation pour cette échéance que constituent les jeux olympiques et justement on espère être prêt pour pouvoir gratter des places. Je suis déjà qualifié depuis pour ces jeux olympiques : les minima sont à 17m14.
Tu constitues une fierté non seulement pour la nation et les jeunes burkinabè mais aussi pour toute l’Afrique. Quel serait alors, Fabrice, ton message à l’endroit des jeunes athlètes burkinabè et africains ?
Du Burkina Faso, j’ai reçu beaucoup de messages de jeunes qui me considèrent comme un exemple pour eux, un modèle de vie, comme l’a dit un de mes fans. Moi, ça me fait plaisir de lire ces messages-là. J’espère que les bons côtés de ce que je fais serviront à cette jeunesse pour qu’elle puisse grandir davantage parce qu’on peut faire de belles choses étant burkinabè. Et c’est le message que je voudrais passer en fait. Donc il faudrait que ces jeunes croient davantage en leurs potentialités et qu’ils aient des rêves surtout, parce que tout part d’un rêve, d’un désir et après on essaie de mettre les moyens pour y arriver.
À cette jeunesse, je dis merci, merci de m’avoir adopté, de m’avoir choisi comme modèle, comme porte-étendard. Merci pour la confiance qu’ils ont, confiance que j’ai essayé de porter du mieux que je pouvais et ce n’est pas fini. J’insiste encore pour dire à cette jeunesse de croire en ses rêves et de travailler pour réaliser ses rêves quoique la situation ne soit pas toujours si tendre. Pour preuve, toute mon histoire n’a pas été lisse. Il faut surmonter plusieurs difficultés pour pouvoir réaliser son rêve. Il ne faut surtout pas se laisser submerger par des sentiments négatifs tels que la colère, la haine, toutes ces choses qui, au lieu de nous aider à grandir, nous tirent vers le bas. Donc il faut toujours être positif, optimiste et être curieux de vouloir davantage de choses.
Un dernier mot ?
Comptez sur moi pour Tokyo 2020 (Ndlr : Jeux Olympiques 2020 à Tokyo). Avec l’aide de nos autorités qui, j’espère, sera de plus en plus conséquente, on va pouvoir certainement faire des choses.
Pour lefaso.net,
Yéroséo Kus
Source: LeFaso.net
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