Le Rwanda commémore, ce dimanche 7 avril 2019, le 25e anniversaire du génocide de 1994. Plusieurs chefs d’Etat et des personnalités africaines sont attendus à Kigali. Ce triste anniversaire devrait être l’occasion pour les Africains de réfléchir à des solutions pour endiguer les violences interethniques qui ont cours sur le continent.

Le génocide de 1994 est un traumatisme qui continue de hanter les Rwandais, un quart de siècle après. Ils ne l’ont jamais oublié et ils n’oublieront jamais. En ce jour du 25e anniversaire, comme lors de la première commémoration, ils diront en kinyarwanda (la langue nationale), « Kwibuka » (souviens-toi). Des mères pleureront leurs fils ; les fils, leurs mères ; des sœurs se souviendront de leurs défunts pères, encore comme si c’était hier.

Ce génocide, qui a fait entre 800 000 et 1 million de morts en une centaine de jours, selon les Nations unies, avait semblé révéler à la face du monde que l’Afrique avait tiré des conséquences des conflits ethniques. Une génération après 1994, l’Afrique ne semble pas avoir tiré toutes les conséquences des conflits communautaires.

Chaque jour, du Sahel aux Grands lacs en passant par le Lac Tchad, les fils de l’Afrique s’entretuent. Du Golfe de Guinée à la Corne de l’Afrique, en passant par le désert de Kalahari, la hache de guerre n’est toujours pas enterrée entre des descendants de communautés voisines. Des communautés qui vécurent jadis en paix, s’affrontent. Conséquence, des jeunes migrent et meurent dans la Méditerranée ; un autre génocide.

Certes, pour le Rwanda, une main cachée avait téléguidé les choses, semant dans les esprits des ethnies sœurs du Rwanda qu’elles étaient des ennemies. Durant plus trois mois, les Tutsis et les Hutus s’entredéchiraient sous un regard passif de ceux-là qui avaient exploité le Rwanda depuis la Conférence de Berlin. En ces jours-là, ils étaient commanditaires et témoins, mais ils s’en éloignèrent sans mot dire. Parce qu’ils n’avaient aucun intérêt à ce qu’il y ait la paix en Afrique, comme depuis toujours. L’Afrique devrait tirer une leçon de cet agissement et pacifier ses peuples.

Chaque jour des morts, et personne ne semble dire « stop ».

Comment comprendre qu’après 300 ans d’esclavage, plusieurs générations colonisées, la balkanisation de tout un continent, des coups d’Etat sanglants, la caporalisation des pouvoirs, des épidémies et des attaques terroristes, l’Afrique n’ait pas encore tiré suffisamment de leçons ?

Les Africains doivent donc être vigilants car celui qui a été notre ennemi d’hier, ne sera jamais notre ami d’aujourd’hui. S’il a divisé pour régner hier, il tuera pour gouverner demain. Retenons enfin que la diversité ethnique de l’Afrique a toujours été une richesse.

Edouard K. Samboé

samboeedouard@gmail.com

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Source: LeFaso.net