La coopération allemande a réuni des acteurs de trois pays intervenant dans le domaine du foncier. Du 24 au 28 septembre 2018, ils sont venus du Bénin et de Madagascar pour se joindre à ceux du Burkina Faso. Les participants ont été outillés pour comprendre les conflits fonciers, les prévenir surtout et les résoudre.
- Dr Babette
Experte en gouvernance foncière, c’est la Dr Babette Wehrmann qui a assuré la formation. « On a débuté avec les outils d’analyse pour mieux comprendre. Ce ne sont pas les cultivateurs et les éleveurs, mais des gens avec des intérêts et des besoins. Si on voit ces intérêts et les besoins, c’est facile de gérer », a-t-elle expliqué avant d’ajouter que des mécanismes de résolution des conflits fonciers ont été aussi abordés.
Quand faut-il se référer à la médiation, à la conciliation, l’arbitrage, les organes à solliciter, ce sont des clés d’analyse qui ont été enseignées aux participants. Enfin, il a été question des outils techniques, la gestion des territoires, ce qui peut aider à prévenir et résoudre les conflits fonciers et des plans d’actions que les participants de chaque ont élaboré.
- Dr Zonou
Pour le Dr Zonou, enseignant chercheur à l’Université Nazi Boni, les conflits fonciers sont d’actualité. « Il y a par exemple les conflits qui opposent agriculteurs-éleveurs, autochtones entre eux, étrangers et migrants (…) quand on ramène cela à nos dispositions règlementaires existantes (les tribunaux), le droit est dit, mais ensuite au sortir du tribunal, il y a une tension qui existe entre les parties, cela se déteint sur les relations sociales, le climat social.
Ce n’est pas de nature à favoriser une exploitation durable des ressources naturelles qui doivent permettre de traduire en réalité le développement socio-économique de nos familles », explique l’enseignant. La formation selon lui, vient donc à point.
Au Burkina Faso, au Bénin ou à Madagascar, les conflits fonciers sont légions. Des similitudes existent entre ces pays. Au Bénin, comme au Burkina, ce sont les conflits agriculteurs-éleveurs qui sévissent. He Gobi Gaston Yorou, maire de la commune de N’Dali au Bénin regrette que malgré les mécanismes mis en place, les conflits fonciers continuent. La formation de Ouagadougou permet donc de se nourrir des expériences dans la prévention et la résolution des conflits fonciers dans d’autres contrées.
Les attentes du maire de N’Dali sont aussi celles de Bèmi Boni, maire de Koumbia commune de la province du Tuy, région des Hauts-Bassins. Dans la prévention et la résolution des conflits, sa commune a mis en place une charte foncière locale. Depuis 2010 pourtant, la mise en œuvre de ladite charte butte sur des difficultés. « Les intérêts divergent si bien que les parties se soustraient de ce qu’elles -mêmes ont décidé », regrette le bourgmestre.
Autres pays, autres particularités. A Madagascar, les conflits fonciers sont la conséquence de la migration spontanée, nous apprend Holy Ranaigoarisoa. « Il y a une zone dans le Sud où sévit la sécheresse, les populations vont chercher les moyens de leur subsistance dans d’autres zones ». Cela crée des problèmes avec les populations autochtones.
En plus, la particularité de Madagascar réside dans la gestion des terres coloniales. Entre l’Etat qui veut les retirer et les nationaliser et les anciens propriétaires terriens, les intérêts divergents conduisent aux conflits, explique l’enseignante chercheuse.
Les participants ont donc travaillé à mettre un plan, déterminer l’horizon temporel, ensuite indiquer les responsables, et déterminer les actions qui seront menées dans leurs pays pour prévenir les conflits fonciers. De l’avis de la formatrice, Dr Babette Wehrmann, la coopération allemande va accompagner les pays participants pour la mise en œuvre des plans d’actions élaborés lors de la formation de Ouagadougou.
Tiga Cheick Sawadogo
LeFaso.net
Source: LeFaso.net
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