Le Syndicat autonome des agents du ministère des affaires étrangères (SAMAE) était face à la presse, ce mercredi 28 février, pour donner sa lecture de la situation qui prévaut au sein de son ministère de tutelle. Une situation marquée, selon les conférenciers, par une confusion de rôles, de longs intérims et une non-application du protocole d’accord signé le 29 juin 2017.
« Un dysfonctionnement profond ». Ce sont les termes choisis par Doyé Taba, 1er vice-secrétaire général du SAMAE et ses camarades, pour expliquer la situation que vit le ministère des affaires étrangères ces dernières années. A les en croire, depuis sa prise de fonction, le ministre Alpha Barry fait preuve « de légèreté et d’amateurisme en matière de management et de gestion des affaires publiques ».
Les longs intérims
Toujours, concernant le dysfonctionnement, le SAMAE a décrié les longs intérims au sein du département. « En matière d’intérim au-delà de trois mois, la règlementation exige qu’on garde l’intérimaire au poste ou qu’on nomme quelqu’un d’autre », a expliqué M. Taba. Le cas le plus emblématique, selon lui, est celui de l’ancien Directeur des organisations spécifiques, Dr Der Laurent Dabiré. « Au terme des trois mois, il a demandé à l’administration de le rétablir dans son droit : l’enlever ou le confirmer. Son seul bémol a été de poser le problème à l’administration et à ce jour, Dr Der Laurent Dabiré est à la maison depuis pratiquement deux ans ».
Confusion de rôles
- Une vue de l’assistance
Six mois sans secrétaire général. Pour le SAMAE, cette situation est inadmissible pour le ministère des affaires étrangères où il y aurait une confusion « criarde » des rôles entre le secrétariat général et le cabinet du ministre. Le SAMAE a fini par se convaincre que « M. Alpha Barry a décidé d’ériger son directeur de Cabinet en un super secrétaire général, cela afin de réduire au minimum les éventuels fronts de contradictions face à sa gestion au mépris des textes, des règles et des principes ».
« Dialogue de sourds ? »
- Doyé Taba, 1er vice-secrétaire général du SAMAE
Le Syndicat autonome des agents du ministère des affaires étrangères dit tenir « fermement » à l’application de son protocole d’accord signé le 29 juin 2017 avec le gouvernement et qui devait permettre la relecture d’un certain nombre de textes pour redynamiser le corps des diplomates et le ministère tout entier. « Jusque-là, les lignes n’ont pas bougé », regrette le 1er Vice-secrétaire général qui rappelle que le protocole devait entrer en vigueur le 30 septembre 2017 et que le comité de suivi, présidé par le secrétaire général, avait même reversé ses travaux au SAMAE. « Nous sommes de bonne foi avec l’administration. Mais dans un dialogue, il faut que chaque partie s’engage », a-t-il avancé avant de regretter à nouveau « le dialogue de sourds entretenu par le ministère qui a renvoyé la résolution de nos préoccupations aux calendes grecques ».
L’aveu
- « La diplomatie burkinabè a mal à Alpha Barry »
À la faveur du remaniement ministériel, le ministère dirigé par Alpha Barry a été réduit avec la création d’un nouveau ministère, celui de l’intégration africaine et des Burkinabè de l’Extérieur, géré par Paul Robert Tiendrébéogo. Pour le SAMAE, cette scission est « la conséquence de dysfonctionnement sans précédent » au sein du ministère des affaires étrangères. « Certainement le tailleur a remarqué que l’habit dépassait celui qui le portait, et il l’a taillé », pense Gagré Jean Baptiste, 2e Vice-secrétaire général du SAMAE. Ce dernier ajoute que depuis qu’Alpha Barry est à la tête du ministère, les choses ont reculé au point où « il a même fait l’aveu que c’est la première fois que ses collègues du gouvernement lui disent que les dossiers trainent au niveau du ministère des affaires étrangères ».
Après avoir donc dépeint un tableau peu reluisant du ministère, le syndicat autonome des agents du ministère des affaires étrangères tire la conclusion que « La diplomatie burkinabè a mal à Alpha Barry ». Toutefois, pas d’amalgame. Le SAMAE dit ne pas demander « pour le moment le départ du ministre » et précise que ses membres ne mènent pas « de lutte de personne mais défendent des principes ».
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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