Pluie d’éloges, pluie réelle mouillant même tous ceux qui sont rarement exposés aux dures intempéries de notre pays, c’est tout ce décor qui rend le décès de Salifou Diallo encore plus mémorable, rappelant l’homme du peuple qu’il s’est défendu être à sa façon, de son vivant !
La mort est le destin de tout ce qui vit, dit-on. A ce titre, tout humain conscient, sait qu’il y goûtera un jour et que, loin d’être joyeux, cette condition funeste du destin crée la désolation. Face à la mort d’autrui, l’être humain se souvient de sa propre condition et devient nécessairement triste. Du coup, se substituant inconsciemment au défunt, il a tendance à vouloir mettre en valeur ce qu’il souhaiterait que l’on retienne de lui-même s’il était dans une telle situation. Sans raison suffisante de haine ouverte inextinguible, face à la mort d’autrui, la décence éthique veut que l’on retienne les bonnes œuvres du défunt et que l’on pardonne si possible les mauvaises. C’est une façon de se rappeler de la valeur du pardon chez Dieu et d’exprimer la compassion à l’endroit des proches et parents innocents du défunt ; à défaut, mieux vaut se taire, au risque de paraître sorcier ou assassin avec toutes leurs implications.
Aussi, tant que l’être humain vit, il alimente une jalousie plus ou moins légitime des autres personnes qui le voient toujours comme un concurrent potentiel face à un intérêt quelconque donné. Quand la mort survient, cette adversité presque bestiale tombe à jamais ou presque. Si bien que c’est à la mort que beaucoup de dépouilles mortelles de nos compatriotes obtiennent décoration. Ces décorations, peut-on s’interroger, servent-elles en fin de compte réellement les observateurs plus que les concernés ? Les exemples sont légion et il importe que la Grande Chancellerie s’en saisisse véritablement pour œuvrer à une politique de changement des esprits, car décorés vivants, présente toujours de plus grands avantages pour la nation, que décorés à titre posthume.
Les éloges faites à l’endroit des défunts ne sont pas forcement l’œuvre d’hypocrisie, contrairement à ce que certaines opinions défendent. Elles sont peut-être même la réalité et la valeur des personnes qu’on aurait dû voir de leur vivant, qui les rattrapent à leur mort, en prenant ainsi tout le monde à témoin. Autrement dit, ne dit-on pas que l’on ne se rend compte de la valeur réelle d’une chose qu’après l’avoir perdu ?
Aussi, lors d’un décès, les vœux de compassion formulés doivent être compris dans leur contexte, qui est le contexte de mort et non un quelconque autre contexte. Quand la mort apparaît, l’adversaire politique disparaît et la critique politique ou politicienne avec, pour ne laisser place qu’à l’humanité, à la compassion digne de l’humanité, à la religion, à la fraternité, à la solidarité, au pardon en tant que fils et fille d’une même nation. Ce sentiment était d’autant plus fort ici, que Salifou Diallo, notre Président de l’Assemblée Nationale, notre frère est décédé très loin, dans l’Hexagone, hors des frontières du Burkina Faso. Dans ces conditions, et la condition que nous savons des récents attentats perpétrés au Burkina, le patriotisme ne commande-t-elle pas la compassion. En vérité, n’est-ce pas que seul Dieu est lucide en jugement.
Très loin d’être disciple de l’illustre disparu, il faut concéder à l’Homme cependant, la qualité de séduire les gauchistes et même le sankariste pour certaines de ses déclaration populistes enflammées. Pour paraphraser l’illustre disparu, il disait ceci le 30 décembre 2015 lors son élection à la tête de l’Assemblée nationale : si nous ne faisons pas mieux, notre sort sera encore pire que celui de ceux qui ont été chassés par l’Insurrection…Point barre !
Cette disparition brutale rappelle à tous que c’est un devoir citoyen de vérité et de justice et à la fois un devoir politique pour les hommes politiques d’écrire leurs mémoires. Je l’aurais déjà soufflé à Salifou Diallo par correspondances à lui adressées – de son vivant… Une page se ferme, une autre s’ouvre, avec beaucoup de promesses de compétitions politiques ouvertes…
Vives compassions à son épouse, à sa famille biologique, à sa famille politique, à ses connaissances éplorées et à toute la nation entière Burkina.
Salifou Diallo, que le Seigneur Allah vous accorde sa paix et le repos éternel dans l’Au-delà.
Idrissa Diarra
24 août 2017
Source: LeFaso.net
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