Réunis autour d’un collectif, les étudiants boursiers burkinabè au Maroc ont manifesté le jeudi 5 janvier 2017, devant leur représentation diplomatique, pour exiger du gouvernement burkinabè, le virement de la bourse nationale du dernier trimestre de l’année 2016 et celle du trimestre en cours (janvier, février et mars). Moins de 24 heures après le déclenchement du mouvement d’humeur depuis Rabat, Ouagadougou assure que l’arrivée effective des fonds ne saurait tarder. Retour sur cette grogne au royaume chérifien qui a fait écho dans la capitale burkinabè.

Après avoir effectué 8h de voyage, les étudiants burkinabè de la ville d’Agadir ont été les premiers à arriver à l’ambassade, le 5 janvier autour de 5h du matin. Rejoints plus tard par leurs camarades venus de Casablanca, Fès, Tanger, et Tétouan, ils comptaient tous passer la nuit à l’ambassade si leurs revendications ne trouvaient pas satisfaction d’ici la fin de la journée. D’ailleurs les valises et les couvertures emportées sur le « champ de bataille » en disaient long sur leur détermination à aller jusqu’au bout. « Nous logeons avec nos camarades d’autres nationalités parce que nos bailleurs nous ont refusé l’accès à leurs appartements pour des arriérés de loyer », a indiqué Bassinga Robert. Et Amara Diao de marteler : « Aujourd’hui nous sommes là, nous allons dormir à la belle étoile s’il le faut ».


« Nous avons FAIM (…) Notre seul tort, c’est d’avoir été les meilleurs aux examens du BAC », ont-ils déploré dans leur déclaration. Un cri de cœur adressé à plusieurs autorités, notamment au président du Faso, au Premier ministre, au ministre des finances, au ministre en charge de l’enseignement supérieur, au directeur général du Centre national de l’information, de l’orientation scolaire et professionnelle et des bourses (CIOSPB) et enfin à l’ambassadeur du Burkina Faso au Maroc. Ce dernier après avoir reçu les étudiants, les rassurait que les choses étaient en train de bouger à Ouagadougou et que le virement de la bourse nationale pour le dernier trimestre a été fait. Depuis quand ?

Pour en avoir le cœur net, nous avons immédiatement joint au téléphone une source au ministère en charge de l’enseignement supérieur. Celle-ci nous a informé que les premiers responsables du département étaient en concertation pour discuter du problème. Pour sûr, notre source nous a confirmé une heure plus tard que l’ordre de virement a été fait effectivement le 20 décembre dernier. Mais pourquoi ce retard ?

Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, en fin de soirée, le CIOSP explique qu’il a demandé au Trésor public d’effectuer le virement le 21 novembre 2016, pour le paiement des compléments de bourses pour la période d’octobre à décembre. Mais « en raison de diverses contraintes, le Trésor a effectué le virement des bourses le 20 décembre 2016 par la BCEAO – Burkina Faso. Et le communiqué de préciser, que « la procédure de virement fait intervenir plusieurs institutions comme le Trésor public du Burkina, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque centrale marocaine et la Banque commerciale où est domicilié le compte de notre Représentation diplomatique ». Qu’à cela ne tienne, le CIOSP a rassuré les étudiants que l’arrivée effective des fonds ne saurait tarder.


En attendant, du côté de Royaume chérifien, les étudiants ont passé la nuit chez un fonctionnaire de l’ambassade et attendent toujours le premier dirham (devise locale). Et s’ils sont sortis manifester leur mécontentement, les étudiants ont formulé ces trois recommandations à l’endroit des autorités burkinabè pour éviter les retards de paiements devenus presqu’une routine chaque année :

• Que vous réclamez à chaque étudiant boursier un compte prépayé domicilié au Burkina dans lesquels seront virées les bourses sans frais de transaction ni de taux d’échange. Dans ce cas, nous serons à mesure de rentrer en possession de notre argent moins de 24 heures après le versement moyennant 3500F ou plus (dont nous assumons l’entière responsabilité) comme frais de retrait ;

• Soit, la mise à disposition de l’ambassade d’un budget annuel couvrant le montrant brut des bourses et celle-ci se chargera de les disposer à qui de droit. Les accessoires et auxiliaires liés à la bourse pourront être calculés avec le temps en fonction de la demande ;

• Soit conclure un partenariat avec une banque marocaine pour qu’elle s’occupe du payement de nos bourses.

Rappelons que le conseil des ministres en sa séance du jeudi 5 janvier a nommé M. Harouna Sandwidi, au poste de directeur des Bourses au CIOSPB.

Herman Frédéric Bassolé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net