Excellence Monsieur le Président,
Nous venons, très respectueusement, vous adresser cette lettre ouverte dans l’espoir qu’avec la diligence qui vous est reconnue, vous la lirez et qu’une solution sera trouvée au problème récurrent et grandissant des manuels scolaires du primaire au Burkina Faso.
Depuis plusieurs décennies, des imprimeries étrangères avaient le monopôle de la production des manuels scolaires du primaire par manque de capacités réelles nationales. Mais, depuis, les choses ont nettement évolué et plusieurs imprimeries de la place ont largement investi et embauché pour satisfaire la demande.
Après plusieurs années de lutte, l’Etat a fourni des efforts afin que les entreprises Burkinabè puissent, enfin, prétendre soumissionner à des appels d’offres malgré le handicap qu’elles supportent dans ce domaine. Comme les marchés d’acquisition des manuels sont des appels d’offres internationaux, il sied de remarquer que les entreprises étrangères ont l’avantage d’exécuter le marché hors taxes et hors douane et sans, pour autant, créer le moindre emploi pour les burkinabè. Cependant, les entreprises locales importent les matières premières en toutes taxes comprises (Douanes et TVA + transport) et contribuent, par les différentes impositions comme les IUTS, le BIC et les cotisations à la CNSS, à la mobilisation des recettes fiscales de notre cher pays.
Par contre, ces entreprises étrangères en plus d’avoir des appels d’offres nationaux bénéficient de subventions sous forme de défiscalisation sur les exportations que leurs états leurs octroient.
Nous venons, Excellence monsieur le Président, par cette lettre, vous poser le problème de production des manuels qui est pris en otage depuis plus d’une année à cause des difficultés procédurales. En effet, pour le cas spécifique de l’appel d’offres de juin 2015, quatre (04) entreprises locales ont été attributaires de tous les lots parce que les offres des autres entreprises étrangères n’étaient pas, techniquement, conformes. Sont de celles-ci DAR EL FIKR du Liban, LOVELY de l’Inde et l’entreprise BETA de la Tunisie. Mais l’entreprise BETA a décidé de déposer une plainte auprès de l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP) pour contester les résultats ; estimant que les griefs, pour lesquels elle a été écartée, n’étaient pas valables. En délibéré, l’ORAD (Organe de Règlement à l’Amiable des Différends) a demandé à ce que la Direction des Marchés Publics du MENA écrive en Tunisie pour vérifier la conformité du chiffre d’affaires de l’Entreprise tunisienne et en tirer les conséquences de droit.
Après plusieurs mois d’attente, aucune réponse ne s’en est suivie et, dans le même temps, les plus hautes autorités de la transition ont interpelé le SP de l’ARCOP quant au délai d’attente qui se prolonge au détriment de l’intérêt supérieur des enfants de ce pays bénéficiaires des livres. Mais le dossier est quand même resté bloqué jusqu’à ce jour.
Il est surprenant de constater que la mission initiale de fournir à tout élève, des livres pour favoriser l’éducation, passe au troisième plan, bien après l’imbroglio des procédures administratives dans lequel ce dossier est embourbé depuis plus d’un an et bien après les considérations amères d’un imprimeur qui, habitué à avoir la main mise sur une partie de notre Administration, refuse que ce marché puisse lui échapper.
Nous avons dénoncé ce long délai d’attente (plus de 07 mois) dans la presse (voir Journal le pays n°6120 du 14 juin 2016) et, curieusement, quelques jours après, nous apprenons que la réponse est venue par voie diplomatique pour attester de la conformité du chiffre d’affaires de l’entreprise BETA. Il se pose, dès lors, la question de savoir s’il est normal de n’imposer aucun délai de réponse pour un dossier qui a un délai d’exécution et qui est lié à un exercice budgétaire et, de surcroit, qui a trait à la satisfaction de l’intérêt général puisqu’il s’agit de l’éducation de nos enfants.
Ce litige a eu pour conséquence la non-exécution des dits marchés et la non disponibilité des livres pour l’année scolaire 2015-2016.Le même scénario semble se produire pour l’année 2016-2017.
Excellence Monsieur le Président, deux années consécutives sans manuels scolaires pour les élèves, nous pensons que c’est trop. Si, réellement, l’éducation fait partie des priorités de l’Etat comme cela peut se constater dans votre Programme de développement économique et social (PNDES) et nous n’en doutons point, quelque chose devrait être faite pour éviter de tels scenario qui n’honore pas notre très chère patrie. Les partenaires techniques et financiers mettent à la disposition de l’État des fonds pour réaliser des projets et nous sacrifions notre jeunesse au profit des intérêts égoïstes et des velléités sans précédent qui empêchent ces projets d’aboutir. Le cas des manuels en est un exemple patent.
C’est pourquoi Excellence ces questions méritent réflexions :
Pourquoi le MENA n’arrive pas toujours à faire exécuter les différents contrats au cours de la même année alors que les ressources ont, chaque année, été disponibles ?
Pourquoi les travaux des différents ateliers qui aboutissent toujours à des recommandations fortes restent quasiment dans les tiroirs sans suite ?
Pourquoi les entreprises locales qui contribuent à l’emploi au Burkina Faso et à la mobilisation des recettes fiscales du pays, ne sont pas traitées à égalité avec des entreprises étrangères et pourquoi nous n’avons pas une politique industrielle forte pour favoriser l’émergence d’une véritable industrie du livre, autonome et performante ?
Les prérogatives accordées à certains services ou directions censées réguler et contrôler la commande publique ne sont-elles pas utilisées de façon abusive ou ne favorisent-elles pas la corruption ?
Nous avons une partie des solutions à ces problèmes. C’est pourquoi, Excellence monsieur le Président, nous écrivons cette lettre ouverte même si, pour des raisons de bienséance, tout ne peut se dire dans une lettre ouverte, dans l’espoir qu’elle sera lue et prise en compte et que le problème des manuels scolaires deviendra un sujet d’intérêt national.
Les parents d’élèves savent bien que c’est l’État qui a pris la décision de distribuer gratuitement chaque année les livres aux élèves. Il est, néanmoins, contraint de se retourner, très souvent, vers le marché informel pour que son enfant puisse suivre, dans les meilleures conditions, sa formation scolaire. Les premières autorités de l’État doivent prendre en main, ce dossier des manuels scolaires pour que, de façon définitive, soit réglé le problème.
Excellence Monsieur le Président, tout en vous souhaitant beaucoup de succès dans l’exercice de vos fonctions, nous vous assurons de notre entière disponibilité pour vous accompagner et, par la même occasion, nous vous prions de trouver, ici, l’expression de notre très haute considération.
Le Regroupement d’Imprimeries
Groupement d’entreprise IMPRICOLOR/ESIF Tel 70 20 44 40 / 70 26 82 26 email : partinium@yahoo.fr / esif@live.fr
GRANDE IMPRIMERIE DU BURKINA Tél 70 11 89 95 email : gibsec@yahoo.fr
MANUFACTURE DES ARTS GRAPHIQUES tel 70 21 04 52 email : mag.burkina@yahoo.fr
Groupement d’entreprise MARTIN PECHEUR/EKL/ECGYK tel 70 26 02 62 email :martinpecheur1@yahoo.fr
Source: LeFaso.net
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