Il y a très peu d’africains qui travaillent dans le groupe de la Banque mondiale, environ 12% des employés à travers le monde. L’institution veut changer la donne. Elle parcoure alors les capitales africaines pour expliquer son processus de recrutement. Une équipe était à la rencontre des étudiants de l’Université Ouaga 2 et des 2ie (l’International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement) le 26 septembre dernier pour une opération de démystification.

Travailler dans le groupe de la banque mondiale, c’est possible, à condition de bien se préparer et d’avoir l’information au bon moment. Mais pour diverses raisons, basées souvent sur des stéréotypes, il y a très peu d’africains dans cette institution internationale. On n’y compte par exemple que 57 Burkinabè dans le staff de la banque dans les 120 pays où elle est présente. « Les Burkinabè sont modestes et pensent qu’ils ne sont pas aussi compétitifs que les autres », regrette Jérémie Ouédraogo, responsable de l’acquisition des talents de la banque mondiale, basé à Washington DC pour qui, le travail des Burkinabè est pourtant bien apprécié.

C’est ce haut cadre de l’institution, chargé de dégoter les cerveaux de la banque qui a conduit la délégation venue apporter l’information aux étudiants Burkinabè. « Le but c’est de faire en sorte que 12,5% du staff de la banque mondiale, à travers le monde entier soit constitué d’africains. Ceci parce que la banque appartient à tout le monde, on a besoin d’avoir des voix différentes en son sein », a expliqué le natif de la ville de Kaya, au Burkina. Plus l’Afrique a ses fils et filles au sein de l’institution, mieux sa voix portera dans les différentes politiques.

Depuis deux ans donc, lui et son équipe parcourent les capitales africaines pour identifier, faire la collecte de bons CV. Travailler dans un environnement multiculturel, multiracial où 173 nationalités se côtoient, pour un travail souvent stressant mais toujours exaltant et contribuant à la réduction de la pauvreté, c’est le rêve réalisable que Jérémie Ouédraogo et son équipe sont allés présenter aux étudiants.

Comment intégrer la Banque ?

Pour Jérémie Ouédraogo, il ne s’agit pas de connaitre ‘’quelqu’un » ou taper du sable pour décrocher un poste dans l’institution financière internationale. Fils de paysan, il travaille depuis une douzaine d’année dans cette institution de Bretton Woods. Face aux étudiants, il a insisté sur la nécessité de maitriser la langue de Shakespeare. « Sans anglais on n’a aucune chance de pouvoir travailler dans ces organisations. Le plus grand conseil, c’est d’inciter les gens à apprendre l’anglais dès qu’ils peuvent, aussi vite qu’ils peuvent », a-t-il dit précisant que ‘’malheureusement », l’éloquence est liée à l’intelligence dans le système anglo-saxon.

D’ailleurs, poursuivra-t-il, il n’y a pas de test écrit pour embauche à la banque. Tous les recrutements se font à l’issue d’interview d’une quarantaine de minutes, en anglais.

‘’Il y a des recrutements à la banque tout temps » il a donc conseillé aux apprenants d’aller régulièrement sur le site de l’institution pour voir si les postes à pourvoir correspondent à leurs profils.

Mais la banque offre également différents programmes, notamment en faveur des jeunes. Le programme des analystes pour les jeunes de moins de 28 ans, et le Young Professional Program (Programme des jeunes professionnels) pour les moins de 32 ans. Sans oublier le programme de stage. Le conférencier a surtout conseillé ces jeunes frères, à acquérir beaucoup d’expériences avant de tenter une carrière à la banque, ce parce qu’une fois rentré par un petit poste, il est difficile d’évoluer.

Même s’ils ne sont pas membres du staff de plus de 10000 employés de la Banque, les étudiants d’aujourd’hui peuvent être parmi les plus de 5000 consultants disséminés à travers le monde.

Quel que soit le poste pour lequel vous postulez, il y a un dénominateur commun à tous à la banque mondiale, « l’aptitude et de la capacité à apporter des solutions aux problèmes », selon le formateur, c’est très important comme compétences techniques et c’est ce que la banque recherche, et au-delà de la banque toutes les organisations internationales.

A tous les étudiants, le responsable de l’acquisition des talents de la banque mondiale s’est montré disposé à examiner leurs CV qu’ils enverront à l’adresse, africanrecruitment@worldbankgroup.org et de leur faire un retour.

L’information fournie aux étudiants vise à les mettre en confiance, afin qu’ils sachent qu’ils ont leur chance, même plus tard. « L’information que nous donnons aux étudiants peut être consommée aujourd’hui, soit dans 1, 2, 3 ans. L’essentiel, c’est de faire en sorte que les gens ne sous-estiment pas la formation qu’ils ont, ni les opportunités qui peuvent se présenter à eux (…) On pense fermement qu’avec l’information qu’ils ont, ils peuvent se préparer et lorsqu’une opportunité se présente, ils soient compétitifs » a ajouté l’ancien pensionnaire du Lycée Philippe Zinda Kaboré et de l’université de Ouagadougou.

Une démarche saluée

« J’ai beaucoup apprécié que la banque se soit déplacée pour venir nous entretenir. Ça brise cette image qu’on avait de la banque mondiale et nous permet de savoir qu’elle n’est pas un cercle fermé, qu’on peut oser un jour si notre profil correspond à un poste », s’est réjoui Marie Madeleine Gambo, étudiante en master 2 du programme de 3e cycle interuniversitaire à l’universitaire Ouaga 2, à l’issue de la session d’information.

Son sentiment est partagé par le Pr Pam Zahonogo, vice-président de l’UO 2, chargé des de la recherche et de la coopération internationale. « Quand on est de l’extérieur, on voit la Banque mondiale comme une tour d’ivoire, un domaine inaccessible. Mais en venant vers les étudiants pour leur expliquer le processus de recrutement, cela brise les barrières et ça permet d’expliquer aux étudiants qu’ils peuvent travailler dans cette institution et qu’elle est ouverte sur le public », a –t-il indiqué avant de poursuivre que les étudiants de son université sont très bien formés et pourraient saisir leur chance avec toutes les informations dont ils disposent désormais.

Les employés de la banque ne sont pas que des économistes et des financiers. Et l’étudiant Issouf Coulibaly, en master 1 Energie aux 2ie l’a appris à l’issue de la séance d’explication. « Il y a plusieurs domaines dans lesquels la banque intervient, comme l’énergie, l’éducation et l’environnement, je sais que je peux aussi avoir ma place en fonction de mon profil ».

Présent à la présentation aux 2ie, le directeur de Technopôle Bernard Bres a également salué l’initiative de la Banque qui est un partenaire « de longue date qui soutient l’institution qu’il dirige, devenue centre d’excellence de la banque dans le domaine de l’eau. « Il y a l’aspect projet et gestion de projet, ce qui peut intéresser les ingénieurs dans les domaines de l’eau, de l’environnement, des infrastructures et de l’énergie » a retenu le premier responsable des 2ie pour qui ses étudiants ont leur chance. D’ailleurs un membre de la délégation est une ancienne étudiante de son institution.

Les portes de la banque mondiale au Burkina sont ouvertes pour toutes informations, ont conclu les membres de la délégation aux étudiants.

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)

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Source: LeFaso.net