Décédé le 16 juillet 2016 à Paris des suites d’une longue maladie, c’est ce vendredi 22 juillet que Seydou Zombra sera inhumé à Abidjan en Côte d’ivoire auprès de ses parents qui ont immigré dans ce pays. Sayouba Traoré, journaliste à RFI nous parle ici de ce journaliste et musicien talentueux qu’il a connu dans le cadre professionnel mais aussi personnel.

Qui était Seydou Zombra pour vous ?

Un ami, un presque-frère. Un ami professionnellement, et un frère sur le plan social. Il était journaliste et artiste musicien, je suis journaliste et artiste dans la création littéraire. On pourrait presque juxtaposer nos CV. Même cursus scolaire dans cette Afrique qui émergeait douloureusement des années de colonisation. Socialement chacun de nous avait un père fonctionnaire auxiliaire et une maman ménagère, comme on disait à l’époque. Une nombreuse fratrie. Il faut compléter avec les complications de l’immigration africaine en Europe. En Europe, nos familles n’ont pas vécu côte-à-côte. On a vécu ensemble. Il y avait bien sûr la solidarité de mise quand on est loin des siens, mais il y avait une réelle proximité des cœurs. Même en cas de disputes, on se comprenait. Ce que je garde de ce grand ami qui vient de nous quitter, c’était un homme qui ne supportait pas l’injustice. Évidemment, dans ce monde troublé où des gens trouvent normal de vivre aux dépens de leurs semblables, cela ne va pas sans heurt.

Comment l’avez-vous connu ?

Longtemps, j’ai entendu le nom Seydou Zombra avant de le rencontrer en 1987 à Radio France Internationale à Paris. Peu de gens se souviennent que dans sa jeunesse, il a été un très bon footballeur. Puis les succès dans le domaine de la musique l’ont révélé au grand public. D’ailleurs, à l’époque, ils étaient deux célébrités inséparables. Seydou Zombra et Traoré Seydou Richard. On les a toujours vus ensemble. Quiconque voyait Richard quelque part savait que Zombra n’était pas loin. Ensuite, Seydou Zombra est apparu sur les ondes de RFI avec une émission sportive “Les dieux du stade”. Cela a bien évidemment renforcé sa notoriété. C’est là que je l’ai connu au service de la coopération internationale de RFI vers 1987. Sans prétendre remplacer Richard, lui et moi étions devenus inséparables, que ce soit au boulot ou dans la cité.

Quand et dans quelles conditions est-il décédé ?

Il a été longtemps malade. Ce qui l’a éloigné du grand public. Cela n’a guère surpris ceux qui le connaissaient. Parce que Seydou Zombra n’aimait pas déranger les gens. On y songeant, je peux dire que partout où il est passé, il a laissé une trace sans vraiment chercher à s’imposer. Personne ne se rappelle l’avoir vu jouer à la vedette. Souvent, c’est après son passage qu’on se rend compte que c’est Seydou Zombra qui vient de partir. Et puis il travaillait dur sur le plan de la production musicale.

Pouvez-vous nous rappeler son parcours professionnel ?

Là, vous allez me permettre de reprendre le communiqué du service communication de Radio France Internationale :

“Entré à RFI en 1982, en tant que producteur au service des magazines, Seydou Zombra a quitté la société en 2008 vers la Côte d’Ivoire pour s’engager dans une nouvelle carrière de réalisateur de films documentaires. Pour autant, il n’avait jamais quitté sa première passion : la musique. Auteur, compositeur et chanteur, il avait connu un immense succès en Afrique de l’Ouest notamment avec son premier album « « Den bé Kassi la, sorti en 1980.

Ses collaborateurs se souviendront de lui comme un vrai professionnel et d’un homme toujours souriant, blagueur et surtout à l’écoute.

Nombreux sont aussi les auditeurs africains qui connaissaient sa voix au travers des magazines enregistrés tels « Rites et traditions » ou encore « Les dieux du stade », diffusés par nos radios partenaires.”

Ce que je peux dire personnellement, c’est que c’était un professionnel d’une grande rigueur. Il faut le voir passer des heures sur un montage ou un mixage, parce que ça ne “tombait pas juste” comme il le souhaitait.

Que savez-vous de son parcours de musicien ?

Je pense que pour parler musique, son compère Seydou Richard Traoré est plus indiqué que moi. Ce que je sais de lui, c’est quand je les regardais travailler, lui et son arrangeur, Jean-Philippe Rykiel. Évidemment, je comprenais la moitié de leurs discussions. Mais ce qui en ressortait, c’est que Seydou Zombra ne se laissait pas porter par les modes. Composer sur l’air du temps, je crois savoir que ce n’était pas sa tasse de thé. Mais ce que je vous dis là, c’est une opinion personnelle. C’est risqué parce que moi, c’est la plume. Évidemment, comme tout bon Africain j’aime une belle mélodie. Mais ça ne suffit pas pour en parler avec assurance.

C. Paré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net