Fin de l’audition de Salifou Sawadogo, ce mercredi 24 octobre. Avant de rejoindre le box des accusés, celui qui déclare n’avoir soutenu ni le coup d’Etat, ni le Conseil national pour la démocratie (CND), a souhaité que justice soit dite dans ce procès.
Durant son d’audition, Salifou Sawadogo a campé sur sa position. « Je n’ai jamais instruit le secrétaire général provincial de la section du Kadiogo, Noël Sourwèma, de convoquer les responsables des structures du CDP au rond-point des martyrs […] Je ne me reproche rien », a-t-il soutenu, même si M. Sourwèma, qui a bénéficié d’un non-lieu dans le dossier du putsch, prétend le contraire.
Pour prouver qu’il n’a rien à se reprocher dans ce dossier, l’accusé a indiqué qu’alors qu’il se trouvait au Maroc, dans le cadre de la COP 22, il voulait rentrer dare-dare, pour se mettre à la disposition de la justice militaire qui voulait l’entendre. Mais instruction lui a été donnée par le président de l’Assemblée nationale de ne rentrer qu’à la fin de la mission parlementaire.
« Pourquoi l’accusé est-il allé voir les sieurs Conombo Emmanuel et Sourwèma Noël, qui avaient déclaré qu’il [Salifou Sawadogo] avait voulu savoir ce qu’ils avaient dit au juge avant leur mise en liberté ? », se demande Me Guy Hervé Kam. A cette interrogation, Salifou Sawadogo répondra qu’il voulait juste savoir comment se comporter devant la justice militaire, lui qui n’avait jamais eu affaire à la justice de toute sa vie. « Ce n’était pas pour leur extorquer des informations », a-t-il clarifié.
Discordances
Outre les contradictions relevées entre l’accusé et le secrétaire général provincial de la section du Kadiogo au moment des événements, le parquet note des discordances avec les déclarations des premiers responsables du CDP. A titre d’illustration, Salifou Sawadogo a déclaré avoir reçu un message convoquant les membres du Conseil national et du Bureau exécutif national à une rencontre, le 19 septembre 2015, au rond-point des martyrs.
« Je l’ai interprété comme un message de la direction politique nationale », a laissé entendre l’accusé. Pourtant, lors de son audition devant le juge d’instruction, Achille Tapsoba, 1er vice-président du CDP, a déclaré que les manifestations au rond-point des martyrs ont été organisées de façon spontanée, et qu’il n’y avait pas eu de message à ce sujet.
20 millions de francs remis par Emile Kaboré
En plus des 10 millions de francs CFA (sur les 15 millions retirés en banque par Eddie Comboïgo) qu’il dit avoir reçus des mains de Achille Tapsoba pour, selon ses dires, assurer la sécurité des domiciles des camarades du partis, Salifou Sawadogo reconnaît avoir reçu la somme de 20 millions de francs CFA des mains du 3e vice-président du CDP, Moïse Nignan Traoré, qui n’a été qu’un émissaire d’Emile Kaboré. Cet argent, selon Salifou Sawadogo, était destiné à consolider la sécurité dans les arrondissements et à soutenir les militants pour la fête de la Tabaski. Mais il dit ignorer la provenance réelle du pactole.
A la lecture des procès-verbaux d’audition des autres cadres du CDP, notamment Eddie Comboïgo et Achille Tapsoba, il ressort que les 10 millions ont été remis à Salifou Sawadogo, dans la matinée du 16 septembre et non dans la soirée, pour l’organisation des élections.
« J’ai eu l’impression que le juge tenait son voleur et ne cherchait plus rien. Je lui ai suggéré de vérifier les comptes bancaires de Eddie [Comboïgo] et de voir si le retrait a été fait dans la matinée ou la soirée », a déclaré Salifou Sawadogo qui a déploré que sa suggestion n’ait pas été prise en compte.
Que justice soit dite
Avant de rejoindre le box des accusés, celui qui a toujours déclaré qu’il ne soutenait ni le coup d’Etat, ni le CND, a souhaité que justice soit dite, avant de présenter ses condoléances aux familles des victimes. « Les événements du 16 septembre et des jours suivants sont des épreuves de la vie.
Ce sont des moments importants qui permettent de connaître l’Homme. J’ai une pensée pour ma fille de 12 ans sur qui je n’ai jamais levé la main. Et voici que je me retrouve à me justifier de cas de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtres, et de coups et blessures volontaires. Il faut un temps pour tout […] Que justice soit dite », a-t-il conclu.
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents