L’Unité d’action de la société civile (UNAS) a été invitée le lundi 8 septembre par le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) à son siège. Il s’est agi d’une rencontre d’information sur la situation nationale. L’UNAS a été contactée au même titre que plusieurs autres acteurs politiques et non politiques de la vie socioprofessionnelle nationale.
1- une politique sécuritaire défaillante dont le résultat est l’occupation d’au moins trois régions du territoire par des groupes terroristes qui infligent de lourdes pertes à l’armée sous équipée et abandonnée à elle-même. Ainsi que le massacre des populations depuis près de deux années.
En termes de bilan, l’on retiendra du discours de son excellence monsieur le Premier ministre devant le parlement le 17 septembre dernier ce qui suit : « Le bilan des attaques terroristes de 2015 au 15 septembre 2018 se présente comme suit : Un total de 118 décès sont à déplorer parmi lesquels on compte 48 au sein des Forces de défense et de sécurité (42 militaires et 06 paramilitaires) et 70 civils.
Pour cette année 2018 et du 1er janvier au 15 septembre on dénombre 69 victimes dont 31 parmi les FDS (25 militaires et 06 paramilitaires) et 38 civils. Ce bilan humain de 69 victimes sur une période de huit (08) mois et demi qui représente plus de 50 % du bilan total depuis 2015, traduit le caractère préoccupant de la situation sécuritaire du moment. »
En effet, si le Burkina n’est pas le seul pays au monde et dans la sous-région en proie aux terroristes, c’est seulement au Burkina que les autorités semblent dormir procédant au dilatoire et excellant en des procès en sorcellerie au lieu d’accorder toute l’attention qui sied au gravissime problème de l’insécurité.
Or le Burkina Faso, contrairement à un certain discours misérabiliste voire de résignation, ne manque ni de moyens, au regard du gaspillage des ressources en dépenses inutiles et des détournements massifs encore moins des compétences pour sécuriser son territoire.
2- une restriction des libertés démocratiques et la répression des leaders d’opinion. Les autorités en place ont choisi de bâillonner tous ceux qui expriment une opinion contradictoire. De même, le droit de manifestation est sélectivement accordé aux partisans du pouvoir et refuser à ceux-là qui sont critiques envers lui. C’est ainsi que des leaders d’opinion principalement des activistes de la société civile, des lanceurs d’alerte et des journalistes sont sans cesse réprimés, opprimés, menacés et détenus sur la base de cabales politico-judiciaires.
Cas Naïm Toure, Pascal Zaïda, Lingani Issaka, Safiatou Lopez et bien d’autres personnes victimes de harcèlements et de diverses intimidations au quotidien. La justice et les services de sécurité sont instrumentalisés à leur tour.
De plus en plus des clans dans la justice et parmi les FDS se sont constitués en police politique au service des autorités pour traquer les leaders d’opinion. Ces derniers sont également la cible des groupes de cyber activistes recrutés et servant de « milice numérique » aux autorités pour diffamer, injurier et vilipender ceux qui critiquent la gestion publique de ces responsables aux affaires.
En témoigne cet aveu public du ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, Remis Dandjinou, qui non content de justifier l’existence de ces cyber activistes vantait leur mérite en disant qu’ils avaient reçu pour mission de « donner des coups en dessous de la ceinture » à ceux-là qui portent un regard critique sur l’action des autorités.
2- Quant au processus électoral et les élections à venir, une préparation anticipée de la fraude s’associe à la privation d’une bonne partie des Burkinabé de la diaspora de leur droit politique et citoyen de vote. Le code électoral voté au forceps avec la CNIB comme unique pièce de votation contre la carte consulaire biométrique de même que la plateforme numérique multicanal pour l’inscription des électeurs préfigurent des élections peu ouvertes, peu transparentes et non démocratiques.
Pourtant toutes les élections qui procèdent d’un processus électoral manipulé et non consensuel débouchent sur des contestations et la remise en cause de la paix sociale.
3- Le bilan social du gouvernement est loin d’être reluisant particulièrement en matière alimentaire et de lutte contre le chômage. Aujourd’hui, l’on peut constater que les milieux des affaires qui offraient du travail à la jeunesse citadine sont totalement dans le marasme et les entreprises ferment les unes après les autres déversant des milliers de gens en majorité des jeunes au chômage.
Les rares fonds dédiés à la jeunesse pour l’auto emploi sont émiettés et distribués gracieusement en guise de récompense politiques aux partisans parmi les jeunes qui se retrouvent au lendemain être de nouveaux chômeurs et plus appauvris encore. De l’autre côté, la fonction publique est incapable de fournir des emplois et va même jusqu’à réduire le nombre de postes dans certains domaines.
Concernant l’alimentation, la négligence, la mauvaise planification et la corruption auront eu raison des alertes des organismes internationaux tels que le CILSS à l’endroit du gouvernement burkinabé qui a fait preuve de léthargie et de cynisme en ne proposant pas un plan de riposte à temps pour contrer la famine livrant ainsi plus de deux millions de nos compatriotes à la famine.
4- Au plan de la bonne gouvernance économique. L’espoir d’une bonne gestion des derniers publics suscité par le changement de régime comme cela est constant dans presque tous les pays, s’avère être aujourd’hui une chimère et une grosse désillusion. Tous les maux décriés depuis toujours sont encore manifestes et cautionnés par les dirigeants actuels contrairement à leurs engagements et serments politiques. Il s’agit de : la corruption sous toutes ses formes, les détournements de derniers publics, le favoritisme, le clientélisme, la concussion, l’augmentation du train de vie de l’Etat, les passes- droits, le népotisme etc.
Au regard de ce diagnostic aussi alarmant que désespérant pour la population burkinabé dans son ensemble dont les conséquences sont subies par tous sans exception qu’on soit jeunes, femmes, travailleurs, chômeurs, politiques de tous bords ou non politiques, cela démontre à plus d’un titre que ce qui est en jeu ici c’est l’intérêt national.
En tout état de cause, considérant tout ce qui précède, l’UNAS au nom de la cinquantaine d’organisations membres voudrait tenir compte des considérations ci-après par rapport à l’appel du CFOP :
Le rôle qui lui revient en tant société civile d’être un contre-pouvoir pour la veille, l’interpellation citoyenne et démocratique à l’endroit des gouvernants ;
La légalité républicaine de la marche-meeting initiée par l’opposition politique qui a reçu l’autorisation de qui de droit ;
L’intérêt national en jeu au regard de la gouvernance actuelle du pays qui pose de manière cruciale la question de la survie de tous dans le présent ainsi que de l’avenir du Burkina Faso ;
Le sceau donné à la manifestation d’être une activité citoyenne des forces vives et non une activité exclusivement réservée à l’opposition et ses partisans.
Aussi, l’UNAS réunie en assemblée générale le dimanche 23 septembre décide :
De participer à la marche-meeting du 29 septembre ;
D’appeler l’ensemble des citoyens et démocrates burkinabé à se mobiliser pour exprimer leur ras-le-bol au gouvernement afin que les choses changent pour plus de bonheur ;
Salue la posture républicaine de la classe politique qui s’est démarquée des extrémistes aux langues fourchues et autres oiseaux de mauvais augures pour que triomphe la démocratie ;
Invite à un esprit républicain et pacifique dans le cadre de cette manifestation le samedi 29 septembre 2018.
Pour l’UNAS :
Le président du mois
Alexandre Pagomziri Ouédraogo
Président du MBEJUS
Source: LeFaso.net
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