En cette matinée du 21 septembre 2018, à l’École nationale de police, l’on a parlé prévention de la torture au Burkina Faso. C’est une formation organisée par le projet qui porte le même nom, et porté par le réseau Equitas. Ce sont les encadreurs des élèves-policiers qui ont été ciblés pour bénéficier de cette journée d’échanges. À leur tour, ils devraient s’investir à inculquer la bonne graine à leurs élèves, en vue de lutter contre la torture et promouvoir le respect des droits humains.

Mieux vaut prévenir que de guérir, dit-on. En juillet dernier, Equitas (Centre international d’éducation aux droits humains, basé au Canada) et ses partenaires locaux au Burkina Faso, notamment le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et le réseau Equitas-Burkina, organisaient une session nationale de formation à la prévention de la torture.

Des acteurs de la société civile, des défenseurs et militants des droits humains, des membres de l’administration publique et des Forces de défense et de sécurité avaient ainsi vu leurs capacités renforcées dans la prévention de la torture. Les bénéficiaires devenaient ainsi des ambassadeurs anti-torture auprès de leur groupe.


Après la ladite formation, les bénéficiaires directs devraient à leur tour mener des activités collectives de mobilisation sociale et de sensibilisation aux droits humains. C’est dans ce cadre que s’inscrit la formation tenue à l’École nationale de police (ENP). « Dans le cadre global de la lutte contre la torture, les policiers sont une cible susceptible d’être auteur d’actes de torture et, par ricochet, ils peuvent en être victimes, en tant qu’êtres humains », a expliqué Samira Dera, coordonnatrice nationale du projet Prévention de la torture.


Pour le représentant du directeur de l’ENP, cette formation est la bienvenue, parce qu’en formation militaire de base, les élèves estiment souvent que le traitement auquel ils sont soumis s’apparente à de la torture. Ils auront ainsi l’occasion de poser toutes les questions. Aussi, en tant que futurs officiers de police judiciaire, il est important qu’ils s’instruisent sur les droits de l’homme pour savoir quelle posture adopter même quand un citoyen pose des actes en porte-à-faux avec la loi.


Pour Lucien Marie Joseph Kaboré, président du réseau Equitas-Burkina, la prévention est le meilleur remède pour prévenir les actes de torture. Au Burkina Faso, il y a des détenus, des gardés-à-vue qui ont des droits. Et depuis quelques années, les groupes d’auto-défense koglwéogo commettent souvent des exactions sur des présumés coupables. Les actions d’Equitas et de ses partenaires locaux permettent donc d’administrer une piqûre de rappel à tous les acteurs sur la nécessité de préserver la dignité humaine en toute circonstance.

La formation sera ponctuée par des communications, des exercices pratiques et des échanges par groupes.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net


Encadré

Selon la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, le terme « torture » désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit, lorsqu’une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. Ce terme ne s’étend pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles.

Source: LeFaso.net