Le capitaine Abdoulaye Dao a comparu ce mercredi 19 septembre 2018 devant le tribunal militaire. Il lui est reproché des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’État, de meurtre de treize personnes et de coups et blessures sur 42 autres. Il lui est également imputé des faits d’incitation à commettre des actes contraires à la discipline militaire. Pour toutes ces charges, l’accusé a plaidé non-coupable.
Le colonel-major, après le départ des sages, lui intime d’amener le communiqué qui est dans le bureau du chef de corps. Il le lui amène et retourne au camp. Là, il apprend que c’est le lieutenant Zagré qui va lire le communiqué à la télévision. Il n’était pas d’accord que ce soit un jeune officier que le fasse.
Il appelle le colonel Bamba qui, après explication, se propose de lire le communiqué. Le matin du 17 septembre, après lecture de la proclamation, il se rend compte que c’est un coup d’État. Dans la nuit, il s’est rendu au palais où il a aidé les autorités séquestrées à avoir plus de commodités.
À ce stade, le procureur militaire lui fait remarquer que selon les déclarations du colonel Bamba, c’est au contraire lui, le capitaine Dao, qui lui aurait dit de lire le communiqué. Néanmoins, le parquet lui demande à quel moment il a pris connaissance du coup d’État. Il rétorque qu’il en a pris conscience quand il a vu le communiqué qui désignait le général Diendéré comme président du CND (Conseil national pour la démocratie). Le parquet revient et lit les fruits de l’expertise des téléphones.
Le capitaine Abdoulaye Dao aurait conversé avec un certain Touré qui organisait une campagne de communication en vue d’assoir le coup d’État. Au début, il reconnaît les messages, mais quelques minutes après, il affirme que le numéro d’émetteur ne lui appartient pas. Le parquet l’informe que le colonel Deka et d’autres personnes l’impliquent dans la recherche de la radio pirate.
Le parquet revient sur les messages en lui faisant savoir qu’il a échangé avec le colonel Bamba. Le 26 septembre 2015, le colonel lui a envoyé un SMS qui dit : « Merci Dao, le général a fait un geste pour Karim et moi ». Le capitaine n’a pas nié cet état de fait. Cependant, bien avant son interrogatoire, son conseil, Me Dieudonné Bonkoungou, a assuré que le document qui a permis au chef d’État-major d’autoriser la poursuite était un faux.
Ledit document portait la signature du colonel Sita Sangaré qui disait que le capitaine Dao était avec un commando qui a arrêté les autorités de la Transition. Pourtant, son client était à Bobo-Dioulasso pendant ces évènements. Le parquet s’est opposé en disant qu’il aurait dû soulever la question avant l’interrogatoire. La partie civile était aussi du même avis. Le président lui a demandé d’attendre le soir de la clôture des débats pour évoquer à nouveau le document. L’interrogatoire de l’accusé se poursuivra ce vendredi 20 septembre 2018.
Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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