A l’audience de ce mercredi 22 août 2018, le sergent Zoubelé Jean Martiale Ouédraogo a révélé au tribunal qu’au moment des événements, il était pilote de moto. Mais il ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés. Il est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. Il lui est également reproché d’être responsable de la mort de treize personnes et de coups et blessures sur 42 autres. Ces deux dernières infractions, selon l’accusation, sont la conséquence prévisible de l’attentat à la sûreté de l’Etat.

Au vu des charges, l’accusé, pour se défendre, s’est expliqué. A l’en croire, le 15 septembre 2015, dans la soirée, il a reçu l’ordre de son supérieur d’aller, le lendemain, au camp pour récupérer les fonds retenus des soldats. Le matin du 16 septembre, il s’est exécuté, puis est retourné à son service situé au Conseil de l’entente. C’est en ce moment que son collègue, le sergent Bado, a reçu un appel d’un civil, l’informant qu’il y aurait une attaque à la présidence. Il vérifie l’information en se rendant au camp. Là-bas, il lui ordonné de se mettre en tenue correcte car il y avait un rassemblement à 17h. Le chef de corps les a instruits de rester calmes car des personnes avisées viendront avec plus d’informations.

C’est là que l’adjudant Kini l’a invité à prendre une moto. Il révèle qu’à ce moment, « j’ai apporté un appui mobile au ministère de la Défense ». En ces lieux, l’appui consistait à faire la ronde. Il poursuit que le matin du 17 septembre, à cause d’une pluie, l’adjudant Kini lui a demandé de rentrer au camp.

Arrivé, le lieutenant Gorogo lui fait savoir qu’il y avait des éléments qui manquaient au rassemblement du matin. Il lui a donc demandé d’aller se renseigner à la Place de la nation. Sa mission, en ces lieux, insiste-t-il, était de prendre des renseignements pour savoir si c’étaient des éléments du RSP qui s’y trouvaient. Il amène donc le caporal Lankoandé avec lui, tout en lui disant qu’il ne veut pas de coups de feu…

Le parquet a bien voulu savoir le service dans lequel il travaillait au RSP. Il répond qu’il était adjoint au chef de Cellule vivres. Le parquet revient à la charge en disant que sa mission sur le terrain ne consistait pas à prendre des renseignements. C’est plutôt, croit-il savoir, pour ouvrir la voie aux éléments qui étaient allés en ville pour la patrouille. Cette remarque, selon le parquet, correspond au contenu des procès-verbaux d’audition.

L’accusé reconnaît avoir tenu ces propos mais pensait expliquer la mission d’un pilote de moto. Mais pourquoi a-t-il accepté de signer le procès-verbal ? Il retorque qu’il avait peur du juge, qui se trouvait être son supérieur. Mais peu importe, la partie civile est convaincue de sa culpabilité. Maître Seraphin Somé dira que la complicité est consommée et qu’il faisait la mission en connaissance de cause.

Son avocat, maître Alexandre Daboné, n’est pas du même avis que la partie civile. Il trouve même qu’elle va trop vite en besogne. Pour lui, son client n’a posé aucun acte qui corrobore l’accusation. A moins que d’autres preuves soient présentées, l’avocat estime qu’il n’existe, à ce stade, aucun fait imputable à son client. Sur ce, l’accusé a passé le témoin au sergent-chef Siénimi Médard Boué.

Dimitri OUEDRAOGO

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Source: LeFaso.net