A l’instar des autres musulmans du monde, ceux du Burkina vont fêter l’Aïd el kébir (Tabaski), ce mardi 21 août 2018. A la veille de cette date, une équipe de Lefaso.net s’est rendue au marché à bétail de Sougr-Nooma, connu sous le nom de « Marché de bétail de Tanghin », à Ouagadougou.

Il est 10h, lorsque nous arrivons devant la porte de cette gigantesque infrastructure sise dans l’arrondissement N°4 de la capitale. Sous ce ciel couvert de nuages, on note, dès l’entrée, un marché mouvementé et sous une surveillance d’agents de sécurité. Une présence qui fait du bien aux usagers de ce tronçon, au vu des embouteillages des veilles de Tabaski. Les discussions entre les nombreux commerçants de moutons et les clients vont bon train.

Pris tout de suite pour des clients, nous avons été accostés par des vendeurs, chacun allant de son système d’approche et de « marketing ». Sitôt renseignés sur leurs interlocuteurs que nous sommes, les commerçants n’ont pas hésité à égrener les difficultés qu’ils rencontrent cette année, en cette veille de la « fête du mouton ».


Installé depuis plus de douze jours dans ce marché à bétail, Seydou Ouédraogo, vendeur de moutons, nous confie que « le marché est bizarre », pour dire que les affaires tournent au ralenti. Cette année, poursuit-il, il a du mal à écouler son bétail. M. Ouédraogo déclare avoir vendu « seulement quatre moutons » hier, dimanche 19 août. Aujourd’hui, il confie avoir vendu, pour le moment, deux moutons. « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent », a-t-il émis pour évoquer la morosité du marché.


Selon ses explications, les clients trouvent les moutons chers, malgré qu’ils aient revu les prix à la baisse par rapport à l’année dernière. « Mais on les comprend aussi », se résigne-t-il. Les moutons de Seydou Ouédraogo varient entre 50 000 et 100 000 francs CFA.

Oumarou Ouédraogo exerce le métier de vendeur de bétail depuis dix ans. Mais il estime que cette année, il y a peu d’animaux et moins d’achats par rapport aux années précédentes. Lui également affirme que les prix des béliers sont moins chers par rapport aux années antérieures. Et cela varie selon la qualité du mouton, explique-t-il.

Ce mouton coûte 200 000 F CFA

La vente du bétail est une source de revenus pour certaines personnes en difficulté. C’est le cas de Salam Sawadogo qui, selon ses propos, exerce ce métier pour subvenir aux besoins de sa famille. Pour lui, la plupart des clients se plaignent du manque d’argent. Tout en ayant un regard mitigé sur le marché, M. Sawadogo ajoute que les animaux de cette année sont chétifs, ce qui « ralentit le marché ». Son plus gros bélier est proposé à 200 000 francs CFA alors que l’année dernière, le même était estimé à 400 000 francs CFA.

« Chaque année, c’est le même constat… »

Saïdou Nikiema

Parmi les clients, cette dame, accompagnée de son fils, qui est venue acheter deux moutons. Préoccupée à discuter des prix des moutons avec le commerçant, elle n’a pas le temps de répondre à nos questions. Face à notre insistance, elle finira par lâcher : « Chaque année, c’est le même constat. Les prix des moutons sont élevés… ».

Un autre acheteur, Saïdou Nikiema, nous raconte que c’est dans ce marché à bétail qu’il vient chaque année pour se procurer son mouton de Tabaski. Lui, par contre, trouve les prix abordables, par rapport aux années précédentes. Séance tenante, il s’est acheté un mouton à 110 000 francs CFA.

La dame et son fils

Un autre fait dénoncé par ces commerçants est ce qu’ils ont qualifié de « concurrence déloyale » en cette période des préparatifs de la Tabaski. En effet, ils déplorent le fait que des individus vendent des moutons à des prix bas, dans les quartiers. Ce qui joue sur le marché à leur niveau ; chaque commerçant dans ce marché paie des taxes sur chaque animal.

Pour faire face aux réalités, certains commerçants suggèrent que le gouvernement finance l’élevage à travers l’ouverture de fermes, car de nombreuses personnes veulent pratiquer l’élevage mais ne disposent pas de ressources nécessaires.

Cryspin Masneang Laoundiki

Aïcha Drabo (stagiaire)

LeFaso.net

Source: LeFaso.net