Sait-on réellement ce que renferme cette notion de « savoir-vivre » lorsqu’on vit en société au Burkina Faso ? Ce n’est pas tout le temps évident, quand, au quotidien, l’on est dégoûté par certaines habitudes de voisins, amis, parents, connaissances, etc.

« Quand est-ce qu’on arrive à destination ? Je n’en peux plus de cette situation, j’ai envie de vo…ir », ce sont entre autres les sentiments ou pensées que l’on éprouve lorsqu’il est question d’effectuer un déplacement avec certaines compagnies de transport, les plus utilisées et réputées au Burkina Faso. En effet, lorsqu’on doit effectuer un déplacement dans l’une des régions que compte le Burkina, et qu’on n’a pas autre choix que d’emprunter un véhicule de transport en commun, ce n’est vraiment pas aisé, surtout quand on attache un certain intérêt au « savoir-vivre ». C’est tout simplement des « dégouts » et des « étonnements » interminables à la vue des habitudes de certains occupants du car.

En partance pour une mission dans la région du Centre-Nord, notamment à Kaya, la semaine dernière, nous avons été témoin d’une situation que bon nombre de personnes ont certainement vécue et continuent de vivre, au cours de leurs divers voyages. Il s’agit en fait de l’attitude « insupportable » des passagers avec qui nous voyagions. Une voisine, le bébé dans les bras, pleurant à chaudes larmes tout au long du trajet… Là n’est pas le souci.

Le problème, c’est le mélange d’aliments (karité, yaourt frais, pain sucré) que l’enfant s’est autorisé à rendre sur nous, sans que sa mère ne nous présente des excuses. Aussi se permet-elle de laisser ouverte ou fermée la fenêtre, selon son bon vouloir, et sans l’avis du voisin que nous sommes.

Si vous avez à faire un trajet d’une heure ou tout au plus 1 h30, « vous êtes sauvé », dira un autre voisin en guise de raillerie pour signifier que c’est le moindre mal qu’on puisse subir. Si vous devez aller au-delà de ce temps, « vraiment beaucoup de courage, ça ira », ce qu’on se chuchote intérieurement.

Parce que, si ce ne sont pas des mélanges de nourriture « non-conventionnels » des voisins, c’est le droit qu’ils se donnent de vous imposer leur manière de se comporter à l’accoutumée et qui, la plupart du temps, ne sied pas avec la morale sociale.

Pas seulement dans les cars, au cours des voyages…

« L’habitude est une seconde nature », dit-on. Le comportement qu’ont les usagers à l’occasion des différents voyages avec les compagnies de transport en commun, rappelle leur cadre de vie habituel, la manière dont ils fonctionnent au sein de la société. C’est alors ce comportement qui explique les mésententes entre voisins dans les quartiers et l’existence de nombreux maux.

Il est très rare de circuler dans les quartiers populaires de Ouagadougou et des autres villes, sans que l’on n’enjambe des résidus d’aliments (choux, oignons, poissons frais…) et les flaques d’eau, quand on sait qu’il ne pleut pas tout le temps au pays des Hommes intègres.

Pis, c’est la période des pluies. Ah là, c’est le bingo ; une occasion en or pour faire la vidange des fosses septiques. Cette attitude est de fait restée comme une stigmatisation pour ces quartiers, à tel point qu’y habiter, c’est être considéré comme un ignare des bonnes pratiques sociales.

Pour rappel, l’on n’a pas besoin d’être riche ou vivre dans des secteurs dits huppés pour songer à cette vertu de « savoir-vivre ». Le savoir-vivre « n’est pas un vain mot, mais un comportement » que tout le monde se doit de cultiver au quotidien, afin que la vie en société soit agréable.

Tambi Serge Pacôme Zongo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net